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Titre racoleur et menteur de Rue89 pour attaquer maladroitement la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche !

Points clés

InvestigationDans un article mis en ligne le 10 novembre, deux (mauvais ?) journalistes attaquent à tort le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR)et le groupe Elsevier avec un titre racoleur "La France préfère payer (deux fois) pour les articles de ses chercheurs". Je ne connais pas ces journalistes, s'ils sont bons, ils ont écrit un mauvais article ! Le titre est une opinion, voire un mensonge. Est-ce un article de militants qui ne connaissent  pas bien le système des publications ? Ne confondons pas un accord entre le consortium Couperin, ABES (Agence bibliographique de l'enseignement supérieur) et Elsevier, et la profitabilité des maisons d’éditions.

Le contrat mis en ligne n’est pas complet ; les annexes manquent. C'est un contrat technique difficile à lire et à comprendre, et on se demande si la transparence recherchée n'a pas un effet délétère. L'état va payer environ 34 millions d’euros par an pour que 476 institutions accèdent à 2000 revues. Ceci représente un coût d’environ 35 € par revue par an pour une institution ! Est-ce un si mauvais deal ? Derrière chaque institution, il y a des centaines voire des milliers de chercheurs…  J’aurais tendance à féliciter la ministre pour permettre un accès large à la science à la plupart des chercheurs. Ce type de contrat est très difficile à mettre en oeuvre, et il a dû nécessiter un très gros travail de la part des 2 parties…. Mettre en pâture un tel contrat pour le grand public est irresponsable (les commentaires sur Rue89 sont attristants et non constructifs pour cet article, car les internautes n'ont pas compris les enjeux)…   BRAVO pour ce contrat, car les 2 parties sont gagnantes…

Le titre est trompeur car ‘payer 2 fois’ est une opinion, alors qu’un bon journaliste devrait d’abord chercher des faits. Je respecte les opinions, mais où sont les faits ?


Oui, des chercheurs payent un APC (Article Processing Charge) quand leur institution paye des abonnements à des revues, dont de rares revues hybrides. Combien de chercheurs payent des APCs, et pour quelle somme totale dans une institution, et à quelles revues ? Montrez moi les faits et je suis prêt à discuter. Ne généralisons pas trop vite !!!!!!

Je propose à ces journalistes de relire le rapport 2014 de l’Académie des sciences sur les nouveaux enjeux de l'édition scientifique, de contrôler leurs données, et d’essayer de comprendre le monde de l’édition scientifique. Ils verront que le MESR et l'Académie des Sciences vont dans le même sens, et ils verront que ce changement de paradigme des publications scientifiques est difficile…  le système sera payé par l'auteur (ou l'institution) plutôt que par l'abonné, avec une phase de transition… Ont-ils compris l'OA institutionnel proposé par l'Académie des sciences ? Si ces journalistes pensent qu'il faut créer des revues institutionnelles gratuites financées par nos impôts en augmentant les coûts des services publics, ils se trompent….. Ils savent que des industries, qui ont un savoir faire et apportent une valeur ajoutée, créent de la richesse et des emplois… Un système purement étatique n’est pas pour nous.

De bons journalistes d'investigation auraient rencontré les parties signataires avant d'écrire. Ils reprochent à 4 maisons d’éditions de gagner trop d’argent, respectons leur opinion, et c'est vrai ; mais n'accusons pas la France d’être un payeur aveugle, alors que c’est un payeur avisé… On pourrait s'interroger sur la déontologie de journalistes qui mettent en ligne un contrat que très peu de spécialistes peuvent décrypter… un contrat qui sera mal compris. Si c'est cela la transparence, voire la démocratie, je crains que des limites ne soient dépassées, et que des effets pervers puissent émerger….

Quand ces journalistes auront des faits, nous pourrons discuter…   Je leur propose d'aller déjeuner et je règlerai la note !

PS : je suis rédacteur en chef adjoint de la Presse Médicale, revue de Elsevier, et je suis honoré pour mon travail. Ce n’est pas scandaleux.

Merci à Pierre Giorgio et Valéry Ridde

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6 commentaires

  • Boycottons Elsevier!
    « Une personne produisant un savoir, généralement avec de l’argent public, doit publier coûte que coûte pour survivre dans son métier. Or publier signifie apporter son travail à une revue. Vend-elle son travail ? Non, elle l’offre. Et pour être précis elle paye même pour soumettre son article (sans assurance d’être acceptée). Qu’a-t-elle en échange ? Du capital symbolique sur le marché du travail, car la publication est intégrée dans le Curriculum Vitae du chercheur. Qui va accepter ou non l’article ? Des collègues plus ou moins lointains de la personne, spécialistes du sujet, que la maison recrute mais ne paye pas (car là encore, être relecteur se vend bien sur un CV). Que fait ensuite la revue ? Elle revend les articles aux universités, à un prix exorbitant [2]. » http://cortecs.org/publications/le-cout-de-la-connaissance-boycott-delsevier/

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  • « Ne confondons pas un accord entre le consortium Couperin, ABES (Agence bibliographique de l’enseignement supérieur) et Elsevier, et la profitabilité des maisons d’éditions. »
    Contrairement à ce que vous écrivez il y a un lien direct : le niveau de profitabilité anormalement élevé d’Elsevier souligne sa position dominante, en général et donc en particulier dans les discussions avec l’État français. Dans ces conditions, l’État n’était pas en position de négocier un contrat équilibré avec Elsevier.
    Au lieu d’entretenir ce monopole, L’État devrait enfin comprendre qu’aujourd’hui un éditeur comme Elsevier est un anachronisme. La science n’a plus besoin de lui ni pour le peer-reviewing, ni pour le travail d’édition, ni pour la diffusion.

    Répondre
  • Il y a peut-être des vues distinctes sur la question, selon les communautés scientifiques. En informatique, par exemple, nous n’avons que peu recours aux photos (où l’éditeur fait un travail pour en assurer la qualité), nous mettons tous nos textes en page nous même, style latex, positionnement des figures, etc.
    et Elsevier semble relire à peine les manuscrits (j’en ai publié une dizaine chez eux ces dernières années, je n’ai plus de feedback sur les manuscrits). Nous évaluons des manuscrits, nous les publions, nous utilisons abondamment HAL, Arxiv, google scholar (à la fois formidable et inquiétant), et finalement nous interrogeons sur la « valeur ajoutée » d’Elsevier.

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  • Bonjour,
    merci pour vos commentaires, et le lien fourni par Ph Eveillard est intéressant. Cette question de l’accès aux revues est difficile, mais admettons que si l’on ne publiait que des recherches vraies, comme suggéré par JP Ioannidis, ce serait plus simple. La fausse compétition, le pouvoir du facteur d’impact conduisent à trop de dérives…
    Cdlmt

    Répondre
  • Que ce poste de rédacteur en chef adjoint de la Presse Médicale ne vous empêche pas de faire de temps en temps une remise à niveau en grammaire et conjugaison françaises… (« Montrer moi »…)

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