Les marionnettes de l’industrie pharmaceutique ne toucheraient pas d’argent !

Points clés

Dans Le Monde du 1 mars 2023, j’ai lu la tribune intitulée ‘Les patients atteints de cancers doivent avoir accès à l’innovation thérapeutique‘ sous-titre ‘Le médecin Hervé Avet-Loiseau et le patient Laurent Guillot s’insurgent contre l’interdiction par la Haute Autorité de santé d’un nouveau médicament traitant un cancer de la moelle osseuse’. J’ai lu que l’un des auteurs, PU-PH de Toulouse, n’avait pas de lien d’intérêts avec les labos, et que l’autre, représentant l’Association française des malades du myélome multiple (AF3M), déclarait que l’association avait des soutiens de labos, dont le labo concerné par la tribune.

La Tribune ne m’a pas convaincu…  par son ton, par sa critique de la Haute Autorité de santé (HAS), etc..

Une partie de billard entre industries, citoyens/politiques et Agences

Ces deux experts commentent une décision qualifiée d’inique‘ de la HAS et critiquent les statisticiens adeptes des essais randomisés. Je suis allé lire la décision de la HAS discuté dans la Tribune. J’ai retenu deux passages de cet avis :

  • La Commission de la Transparence considère qu’en l’état actuel des données, et dans l’attente notamment des résultats de l’étude de phase III randomisée CARTITUDE4, CARVYKTI (ciltacabtagene autoleucel), comme ABECMA (idecabtagene vicleucel), n’apporte pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) dans la prise en charge des patients adultes atteints d’un myélome multiple en rechute et réfractaire, ayant reçu au moins trois traitements antérieurs, incluant un agent immunomodulateur, un inhibiteur du protéasome et un anticorps antiCD38 et dont la maladie a progressé pendant le dernier traitement. [NDLR : les phrases de 85 mots sont merveilleuses !]
  • CARVYKTI (ciltacabtagene autoleucel) n’est pas susceptible d’avoir un intérêt de santé publique.

N’étant pas oncologue, je ne peux juger ce conflit entre des experts et une Agence de santé. La position de la HAS est simple, claire et courageuse : ‘ce produit n’apporte rien’. Dans ce jeu classique à trois (Agences, Industries, Citoyens relayés par les Politiques), ce sont en général les Agences qui perdent. Ceci a été très bien montré aux USA à propos des décisions de la FDA dans le domaine des anticancéreux mis sur le marché sans données de qualité (voir billet d’août 2019).

Cette tribune évoque une classe de médicaments, CAR-T, qui est prometteuse. Lors des prix du SPEPS (Syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé) de novembre 2022, j’avais relayé les articles primés. L’un concernait ces traitements : ‘Circuit pharmaceutique des lymphocytes T à récepteur chimérique (CAR-T cells) : quels sont les rôles du pharmacien hospitalier ?‘. J’ai demandé le coût de ces traitements, et j’ai eu une information qui n’est pas dans l’article : 300 à 400 000 €… Je ne sais pas si c’est le prix exact.

Transparence santé devrait être un lien automatique pour tout article.

Un collègue, que je remercie et dont je respecte l’anonymat, a eu la curiosité de consulter le site Transparence santé qui contient les déclarations des liens des experts. Erreur de ma part.

Pour le Pr Hervé Avet-Loiseau, il y a des relations avec l’industrie pharmaceutique. C’est assez difficile de compiler tout cela (27 pages de 10 lignes, et 4 lignes en page 28), depuis septembre 2012 jusqu’à octobre car t h avet loiseau v22022. En bref, plus de 270 déclarations pour probablement plus de 200 000 € (à la louche) dont des liens avec le labo supporté dans la tribune. L’association de patients reçoit aussi pas mal d’argent, et tout est transparent sur Transparence santé et sur le site de l’association. Je veux bien que le Pr Hervé Avet-Loiseau n’ait pas de lien depuis octobre 2022… Je le crois, en sachant qu’il existe une inertie du site Transparence santé qui met parfois en ligne avec retard des informations.

A noter que la première version de la tribune (version papier du Monde) disait qu’il n’y avait pas de lien et que sur le site, version électronique (copie écran ci-dessus) il y a l’ajout octobre 2022. La plupart des recommandations concernant les déclarations de liens d’intérêt évoquent de prendre en compte au moins 3 ou 5 ans passés. Je suggère fortement au Pr Avet-Loiseau de déclarer qu’il a des liens.

J’ai consulté sur le site du NEJM les déclarations des liens d’intérêts des auteurs d’un article de juillet 2022. Je félicite le Pr Avet-Loiseau d’être un des co-auteurs. Dans cet article, le Pr Avet-Loiseau n’a pas de lien déclaré avec des industries. Il serait intéressant de rechercher les déclarations dans les autres articles dont le Pr Avet-Loiseau est co-auteur.

Dans certaines spécialités, dont la cancérologie, les industries cajolent les bons experts. Pour J Baselga aux USA, c’est le New York Times qui avait alerté sur les non-déclarations de liens d’intérêts. Il avait été mis en évidence un laxisme des comités de rédaction des revues scientifiques. Il y a d’autres cas…

Que fait la police ?

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Un commentaire

  • Bonjour Hervé,
    La « police » s’en fout, c’est ce que j’ai fini par comprendre après 20 ans d’activisme contre les conflits d’intérêt.

    Répondre

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