L’observation de la tournure prise par le système des publications est effrayante : des incitations au publish or perish qui perdurent ; des compétitions entre les revues qui deviennent malsaines ; des sociétés savantes débordées par des groupes mercantiles, sociétés qui ne contrôlent plus la diffusion des savoirs ; et surtout des coûts inadmissibles pour les institutions car les frais de traitement des articles (APCs) continuent d’augmenter rapidement…
Depuis 30 ans, la situation est plus ou moins identifiées, mais rien ne bouge…
Un article de Royal Society Open Science (juin 2023) apporte des réflexions très intéressantes. Cet article mérite une lecture attentive. Il est signé par 10 auteurs (Allemagne, France, Suède, Autriche, Espagne, Grèce, Irlande). Félicitons Philippe Huneman, auteur français du Cnrs. L’article décrit les horreurs du système avec une crise de reproductibilité, une crise d’accessibilité financière, et une crise de fonctionnalité avec des chercheurs gaspillant leur temps avec un système pas très moderne… L’article a 12 pages et décrit bien les outils et positionnement des grands groupes (Elsevier, Springer, Wiley, Taylor & Francis). L’article propose une réorganisation complète de la mise à disposition des données de la recherche. Il faut lire l’article pour comprendre les propositions.
Remplacer les revues par une plateforme gérée par la communauté
Je traduis la fin de l’article : En résumé, nous soutenons que le moment est venu de remplacer les revues académiques traditionnelles et dépassées par une infrastructure d’information scientifique moderne, ouverte, interopérable et gérée par la communauté. À cette fin, nous recommandons de prendre d’urgence les mesures suivantes :
— Un organisme international (composé d’organisations à but non lucratif) devrait être créé pour codifier, développer et superviser la mise en œuvre de normes ouvertes pour un système d’information scientifique moderne.
— Des solutions ouvertes, interopérables et publiques pour chaque facette et couche de l’information scientifique doivent être étendues, affinées, soutenues et, le cas échéant, créées.
–– Les fonds actuellement consacrés à l’édition de revues devraient être de plus en plus réorientés vers le soutien de la nouvelle infrastructure. Nous identifions deux facteurs susceptibles d’encourager une telle réaffectation des fonds :
– les financeurs publics de la recherche, y compris les gouvernements, devraient mettre à jour les conditions d’éligibilité des institutions bénéficiaires de leurs subventions afin d’y inclure ces exigences en matière d’infrastructure ;
– les régulateurs du marché devraient imposer les appels d’offres comme méthode de passation des marchés pour les infrastructures de communication savante, afin d’empêcher les négociations avec les entreprises monopolistiques.
Un commentaire
elife : un concept qui fait ses preuves
https://www.nature.com/articles/d41586-023-02415-w