On nous fait croire que l’intégrité se développe en France : pourquoi le plus grand fraudeur du monde est-il protégé ?

Points clés

RETRACTATION

A la demande de la CNCP, ce billet est rétracté (partiellement). Raisons détaillées ici.

Cet article détaille les 248 études publiées par l’IHU de Marseille avec le même numéro d’autorisation d’un comité de protection des personnes. Félicitons en particulier les auteurs, car c’est un énorme travail.

Les cocoricos

Félicitons la revue RIPR, et son rédacteur en chef Mario Malicki, qui dénoncent ce scandale en acceptant l’article. Le titre de cet article mis en ligne le 3 août 2023 : Raising concerns on questionable ethics approvals – a case study of 456 trials from the Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée Infection. Les auteurs ont analysé 456 articles de l’IHU posant des questions éthiques…  Ils ont observé que le même numéro d’autorisation d’un comité d’éthique (09-022) apparaissait dans 248 articles publiés entre 2009 et 2021. Ce ne sont pas des essais COVID-19. Ceci montre clairement que les fraudes avaient débuté bien avant la pandémie. Tous les praticiens spécialistes avaient des doutes sur les pratiques de l’IHU, sauf les adorateurs marseillais. Lisez l’article et surtout les suppléments pour découvrir, et je reprends seulement l’image ci-dessous :

ihu 248 études

Les opprobres

La liste est longue et j’en oublie :

  • tout d’abord le nouveau directeur de l’IHU, Pierre Edouard Fournier ; faire le nettoyage serait la meilleure façon pour lui de sortir par le haut ; son silence approbateur montre que les vieilles pratiques ne sont pas prêtes de disparaître ! C’est difficile pour lui car il a mis les doigts dans la confiture….
  • le référent intégrité scientifique de Aix-Marseille Université, Pierre-Jean Weiller ! Il aurait dû choisir : enquêter sur les méconduites des universitaires de l’IHU ou démissionner ; il n’a pas été courageux et démontre le fiasco du système….  comment peut-il se montrer parmi les référents intégrité ? Son objectif est de protéger l’institution : classique.
  • l’inertie générale du système français d’intégrité scientifique n’a pas réussi à faire comprendre qu’inventer des données était de la fraude ; fiasco ; fiasco… Pourquoi la Conférence nationale des comités de protection des personnes est muette ? Tolère-t-elle les pratiques de l’IHU ? Un communiqué de presse serait un minimum pour montrer que le respect de l’éthique l’intéresse…  Voici son bureau : Présidente : Virginie Rage ; Vice-Présidents : Claire Bahans et François Chapuis ; Trésorier : Daniel Anglade ; Trésorier adjoint : Philippe Babe ; Secrétaire : Bettina Couderc ; Secrétaire adjoint : Philippe Bertrand. Je croyais que c’étaient des personnes responsables ! Ont-ils la trouille ?
  • les politiques en général, et pas que les copains de Didier Raoult dans le Sud…  comment tolérer cette situation ? Ils devraient exiger de rendre les ressources allouées pour ces recherches, ainsi que les crédits MERRI/SIGAPS…
  • les rédacteurs en chef des revues concernées, ainsi que les éditeurs ; des investigations sont en cours, notamment chez PLOS, Elsevier, mais les revues demandent des preuves venant des auteurs et/ou des institutions ! A PE Fournier de prendre le leadership du nettoyage pour sauver l’IHU et le système des publications. Les auteurs de l’article de RIPR ont contacté les revues pour signaler leurs observations : Out of the 85 journals that we contacted, 19 editorial teams have responded to our email while 66 have not replied to us yet.
  • cela fait 30 ans que ces expérimentation sauvages sur l’être humain existent à l’IHU, d’après un article du Point : félicitons les magazines et quotidiens qui rétablissent les vérités.
  • et tous les autres qui n’ont pas d’opinion…

Un record en perspective

Avec le temps, viendront les rétractations. Les Sociétés savantes, les comités de rédaction évoluent et ils seront obligés de nettoyer car les lanceurs d’alerte ne s’épuiseront pas. Cinq chercheurs ont plus de 100 articles rétractés, dont J Boldt en tête avec 186 rétractations : de petits joueurs à côté de Didier Raoult qui devrait tous les dépasser d’ici quelques années.

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3 commentaires

  • Bravo et merci !
    Mais lorsque le président du CNRS, Antoine Petit, estime que les cas de manipulation de résultats en France sont « infinitésimaux » et considère que le plagiat n’est pas de la « triche avérée », comment voulez-vous lutter contre les fraudeurs avérés ? (voir par exemple le travail du dernier comité de whitewashing mis en place par le CNRS : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/theo.12461) ; et lorsque le responsable de l’intégrité scientifique au CNRS, René Mosséri, utilise le mansplaining vis-à-vis du professeur Dorothy Bishop (http://deevybee.blogspot.com/2023/02/open-letter-to-cnrs.html), comment peut-on croire que l’intégrité se développe en France ?

    Répondre
  • Tout se passe comme si beaucoup de revues se souciaient peu de la fraude, au delà des revues « maison » tenues par l’IHU (pratique) .

    Ce  » Out of the 85 journals that we contacted, 19 editorial teams have responded to our email while 66 have not replied to us yet. » me rappelle ce que Goldacre et Cie avaient noté en signalants aux grandes revues les modifications sauvages et cachées de critères de jugement.
    Pour quelle autre raison qu’obtenir le résultat voulu les auteurs agiraient ils ainsi ? :
    Surveillance des critères modifiés dans les essais cliniques
    Entre octobre 2015 et janvier 2016, l’équipe de COMPare a systématiquement vérifié chaque essai publié dans les cinq principales revues médicales, pour voir s’ils avaient mal rapporté leurs résultats.

    https://www.compare-trials.org/
    67 TRIALS CHECKED
    9 TRIALS WERE PERFECT
    354 OUTCOMES NOT REPORTED
    357 NEW OUTCOMES SILENTLY ADDED@

    58 LETTERS SENT (aux éditeurs des articles fautifs)
    18 LETTERS PUBLISHED
    8 LETTERS UNPUBLISHED AFTER 4 WEEKS
    32 LETTERS REJECTED BY EDITOR

    Exemple (voir leur blog) de réponse dilatoire : je saint NEJM:
    https://www.compare-trials.org/blog/how-did-nejm-respond-when-we-tried-to-correct-20-misreported-trials/

    Les journaux sont ils comparables plus aux grossistes du trafic de drogues, ou aux consommateurs
    Et les auteurs ?
    Et les sponsors ?
    Quis custodiet ipsos custodes ?

    PS Hervé Maisonneuve j’ai qqch à vous dire en privé.

    Répondre
  • Je remercie F Chapuis de m’autoriser à reprendre son commentaire :

    Le rédacteur de cet article semble en pleine révolte et pour le moins en pleine charge émotionnelle .. même si cela est compréhensible, il ne faut ni confondre un comité d’éthique interne à l’IHU de Marseille avec un CPP français, ni incriminer à tort les CPP et leur Conférence Nationale qui —avant même que ces fraudes ne deviennent publiques— ont porté l’affaire devant Madame la Procureure de la République de Marseille ..
    Hervé Maisonneuve nous avait habitué à une plus grande rigueur scientifique .. nous lui laisserons donc le temps de corriger son article ou à défaut le rétracter..!..
    (François Chapuis, membre de CPP, bénévole comme tous et engagé comme chacun dans la défense des personnes se prêtant à la recherche biomédicale).

    Répondre

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