C’est une news dans Nature (24 août 2023) qui évoque les réflexions en Australie sur le management des méconduites en recherche. Nous avons évoqué les initiatives australiennes pour changer le système d’évaluation de la recherche. Par exemple, des institutions an Australie proposent le Top 10 in 10 (un CV ne contient pas plus de 10 articles de moins de 10 ans).
Nous pourrions remplacer Australie par France car notre situation est identique.
Prêcher la bonne parole a des limites
Le titre de cette news de Nature : L’Australie s’interroge sur la manière d’enquêter les cas de méconduites scientifiques. Les réflexions proviennent de l’ancien Chief scientist (2011 à 2016), Ian Chubb. En bref, l’Australie incite les institutions à investiguer leurs cas de méconduites… mais ce système ne semble pas très performant ! Ces investigations ont des limites et des appels pour avoir un organisme dédié aux investigations sont lancés par des leaders universitaires. L’Australie fait partie de ces nations qui proposent une autorégulation plutôt que des sanctions des méconduites. Des controverses existent, certains leaders préférant des investigations internes, et disent qu’un nouvel organisme créerait une duplication avec le système actuel. Ian Chubb propose un organisme rattaché à l’Académie australienne des sciences. Serait-il en première ligne pour investiguer comme Office of Research Iintegrity aux USA, ou un système d’appel ? Des pays font de vraies investigations et des sanctions existent contre les fraudeurs.
La France devrait s’interroger au lieu de faire l’autruche
La France devrait ouvrir cette réflexion, mais les résistances semblent nombreuses. Notre système a un Ofis (Office français de l’intégrité scientifique) dont les missions ne sont pas de lutter contre les méconduites mais de propager la bonne parole pour une recherche responsable. L’Ofis est dans son rôle et reste dans l’ombre. Pour lutter contre les méconduites, ce sont les universités qui nomment en leur sein des RIS (Référent Intégrité Scientifique). Ces RIS font ce qu’ils peuvent car quand ils sont chargés de faire des recommandations sur un cas de méconduites, le président de l’université a pour principe d’enterrer le truc. Des investigations sont obscures, peu transparentes et les comptes-rendus ne sont pas sur le site de l’Université. Connaissez-vous un cas de fraude pour lequel des chercheurs aient été mis à pied sans traitement, ou des cas où des laboratoires ont rendu l’argent ? La plus grosse sanction, c’est faire un mois de télétravail.
Quand le Cnrs, très bon organisme de recherche, n’est pas transparent sur les investigations, et que ce sont des étrangers qui s’indignent de cette situation, que faire ? Quand avec 8 rétractations, un PU-PH de Tours n’a aucune sanction… quel exemple.. lisez le compte rendu de la commission du 26 avril 2021 (j’ai la copie) : le fraudeur a dit au doyen qu’il ne recommencerait plus.. donc formons les jeunes ! On rêve !
Probablement que la France n’a pas de cas de fraude, ce qui nous rassure ! Et puis, la fraude, ce n’est pas un crime !
Un commentaire
Cher Ami
Vous savez bien que le président du CNRS a déclaré que « les cas de manipulation de résultats en France sont “infinitésimaux” », considère que « le plagiat n’est pas de la “triche avérée” » et insulte les lanceurs d’alerte en utilisant des gros mots… Et que le « référent intégrité » du CNRS traite le professeur Dorothy Bishop avec condescendance et mansplaining. Sans parler de celui de cette université mystérieuse qui conteste trois jugements successifs (instance, appel et cassation) en niant un plagiat éhonté sur lequel les juges ont statué et condamné le plagiaire…
Comment voulez-vous que l’on puisse lutter contre la fraude quand les tutelles, non seulement la nient, mais la méprisent ?
Je ne puis que me répéter : nous sommes trahis par les tutelles (doi: 10.1016/j.bulcan.2021.11.005)