Je n’ai pas l’habitude de commenter les articles des revues de management et sciences sociales, mais ce travail de 3 américains est bien fait. Il s’agit d’une bonne revue : Journal of Management, article mis en ligne le 19 mars 2014, en accès libre. Publié en juillet 2016 avec paywall ! Ils ont comparé 142 thèses de management avec leurs publications ultérieures. Les résultats sont nombreux : 89 écoles de management prestigieuses étaient représentées
Les opinions des auteurs sont clairement exprimées, et supportées par ce travail de 24 pages : une heure de bonne lecture que je n’ai pas regretté. Impossible de résumer correctement : ils ont comparé les hypothèses dans les thèses et dans les articles, et estimé les risk ratios pour : RR de 2,35 pour l’ajout/suppression de données, 2,14 pour l’ajout de données, 2,53 pour la suppression de données, 3,68 pour l’ajout de variables, 3,53 pour la suppression de variables. Ils ont comparé les taux de données statistiquement significatives entre thèses (44,9%) et articles (65,9%).
Pour métamorphoser vos piteux résultats en beaux articles, vous avez deux pratiques :
- Proposer des hypothèses a posteriori pour expliquer les données obtenues,
- Torturer les données pour qu’elles répondent aux hypothèses
Les opinions de ces auteurs :
- Le système des publications et les promotions dans le milieu académique fournissent les moyens, motivations et opportunités pour s’engager dans des pratiques de recherche questionables (QRPs pour Questionable Research Practices)
- On peut gagner le jeu avec des études de faible puissance, de petits effectifs à condition de savoir soit proposer une hypothèse à posteriori, soit d’altérer les données non statistiquement significatives pour supporter les hypothèses
- Ils appellent cela l’effet « Chrysalide » et ont un beau schéma pour expliquer comment les chercheurs dérivent :
PS : quelques corrections faites le 7 janvier 2024