‘Nous proposons une autre approche pour attribuer la qualité d’auteur dans les articles scientifiques. 
Nous soutenons que l’on devrait savoir qui a pensé à chaque idée, qui a mené chaque expérience et qui a analysé les données. Pour y parvenir, nous proposons deux méthodes faciles à mettre en œuvre qui pourraient changer fondamentalement la façon dont les contributions des auteurs sont évaluées.’ C’est le chapeau d’un article de Nature Reviews Molecular Cell Biology de février 2023. Ce sont deux chercheurs, Oded Rechavi (Israël) et Pavel Tomancak (Allemagne) qui proposent deux stratégies, et je traduis les deux paragraphes :
Ecrire les prénoms (ou noms) des auteurs à la place de ‘nous’
L’idée d’Oded est qu’au lieu d’utiliser le pluriel « nous » pour décrire chaque résultat (par exemple, « nous avons séquencé l’ARN », « nous avons suggéré que… »), les auteurs écriraient les noms des personnes spécifiques impliquées (par exemple, « Pavel a séquencé l’ARN », « Oded a suggéré que »). Les articles rédigés dans ce style reflètent mieux la véritable nature de la démarche scientifique. Comparez, par exemple, la déclaration « Nous avons découvert que les vers évitent l’ail » avec la même déclaration dans le style que nous proposons : « Oded a découvert que les vers évitent l’ail. Pavel a répété les expériences d’Oded et a obtenu des résultats similaires ». Nous soutenons que cette dernière description contient des informations supplémentaires. Si nous nommons les personnes qui ont eu l’idée, nous pourrions apprendre que certains résultats ont été obtenus par accident, ou après que d’autres hypothèses aient été rejetées. Par exemple : « Pavel a suggéré de vérifier X, Oded n’était pas d’accord, il a donc vérifié Y à la place ». Là encore, les lecteurs apprendront des informations qui étaient autrement cachées.
Pour chaque phrase, attribuer l’idée à l’un des auteurs
L’idée de Pavel est que chaque phrase décrivant une contribution quelconque des auteurs fasse référence à la liste des auteurs. Chaque auteur se verrait attribuer un numéro. Par exemple, la phrase « Nous avons séquencé l’ARN » renverrait à l’auteur numéro 1 (« Nous avons séquencé l’ARN1 »). Les scientifiques ont l’habitude de citer dans leurs articles des références qui reflètent le travail d’autres personnes, notamment dans les sections d’introduction. Il est facile de passer en revue chaque déclaration non référencée dans les légendes des figures, les résultats et les méthodes de l’article et d’identifier les auteurs qui ont contribué au travail qu’elle décrit. Il est important de noter que ce système peut être mis en œuvre instantanément en utilisant l’infrastructure de citation actuelle. La méthode la plus simple consiste à réserver la première ou la dernière citation « X » au nom de l’auteur et à utiliser ensuite les systèmes de gestion des citations établis pour attribuer les citations d’auteur aux phrases. Il peut être plus difficile d’attribuer les contributions des auteurs aux idées et aux concepts décrits dans les résumés et les sections de discussion. Dans ce cas, le potentiel de conflit peut être minimisé en citant tous les auteurs. Dans ce système, chaque phrase du manuscrit aurait une citation. Soit il s’agit d’un travail antérieur, et la littérature pertinente est citée, soit il s’agit du travail de l’équipe et les auteurs qui ont effectué le travail sont cités.
L’article discute des avantages (et inconvénients) de chaque stratégie. Il faudra du temps avant de changer les pratiques car la résistance au changement du système existe.
Qu’en penser ?
Merci à Oded Rechavi
