Ce point de vue publié dans le JAMA Internal Medicine de fin juillet 2023 est-il un coup d’épée dans l’eau ? Nous ne sommes pas tous au fait des nouveaux traitements, mais lire ces deux pages ne surprend pas. Aux Etats-Unis, la mise sur le marché des médicaments est une décision conjointe des politiques (représentants les patients) et des industriels. Une bonne étude qualitative l’a bien montré pour les anticancéreux, les académiques et chercheurs n’ayant pas beaucoup de parts de voix dans ces stratégies.
Les décisions de la FDA vont à l’encontre de la santé publique.
Dans la maladie d’Alzheimer, c’est l’ère des anticorps monoclonaux… et ils sont présentés comme efficace bien que les essais randomisés soient rares et contre placébo. Pourquoi n’avoir pas choisi comme comparateur des médicaments de la classe des inhibiteurs de l’acétylcholinestérase comme le donezepil (Aricept) ? Je cite un paragraphe de ce point de vue : « The similarities in outcome measures between donepezil and β-amyloid protein antibodies for treating Alzheimer disease have been previously noted. Historical comparisons among studies are imperfect and can be misleading given factors such as the differences in inclusion criteria and duration of the studies. Also, many participants in the lecanemab trial1 had mild cognitive impairment; it may be more difficult to detect changes in outcome measures earlier during the course of disease. Ideally, clinical trials would directly compare new drugs with older drugs. »
Plus chers mais pas mieux : business d’abord !
Le dernier paragraphe est clair : « Focusing on drugs for Alzheimer disease with at best marginal efficacy distracts from the use of drugs with clear benefits for diabetes, hypertension, and depression. The treatment of these diseases is associated with a substantially decreased risk of developing Alzheimer disease and other dementias (as well as many other diseases).7 According to a 2020 report on preventable risk factors for dementia, interventions that target 12 modifiable risk factors could prevent or delay around 40% of cases, especially in lower-income and middle- income groups, for which the condition is more prevalent.7 Hearing loss is the most prevalent preventable risk factor. At present, drugs for Alzheimer disease have unproven clinical benefits and proven harms. Billions of dollars spent on hearing aids, smoking cessation, encouragement of healthy lifestyles, and treatment of hypertension, diabetes, and other modifiable risk factors may benefit patients more than spending on these drugs. »
Est-ce que l’Europe et la France vont suivre les dérapages de la FDA ? De nombreux articles paraissent en français pour en faire des promotions déguisées : méfiez-vous.
2 commentaires
Le problème reste toujours le même : la formation des futurs médecins à l’analyse des articles scientifiques et la lecture critique des études scientifiques. Comme je l’avais dit à Boissel (qui n’avait pas aimé!), il y a bien longtemps, à l’ouverture de la Cochrane à Lyon (alors que j’étais dans l’industrie pharmaceutique) : « Pourquoi voulez-vous que l’industrie change son discours alors qu’il marche! Commencez par mieux former les médecins et vous verrez que l’industrie sera, alors, obligée de changer son discours ». Plus de 30 ans plus tard, rien n’a changé car les profs de thérapeutique n’ont rien fait et la formation toujours aussi désastreuse.
Par ailleurs, il y aurait beaucoup à dire sur l’usage des anticorps monoclonaux dans les pathologies chroniques (qui est une catastrophe annoncée) mais ce serait beaucoup trop long à détailler.
Bonjour,
ayant travaillé dans l’industrie, je confirme votre vision !!! Mais la formation des médecins sur le médicament est insuffisante… Par exemple, avez-vous vu un psychiatre dé-prescrire ? J’en connais très peu…
Cdlmt