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Combien de morts ? L’hydroxychloroquine a fait beaucoup plus que le Médiator, mais Sanofi n’a pas été inquiété

Points clés

Alors que le tribunal vient de rendre son verdict pour les dégâts causés par le Médiator, une publication apporte une nouvelle estimation de la mortalité causée par l’hydroxychloroquine (HCQ) prescrite aux patients atteints de la COVID-19.

Note du 23 août 2024 : l’article HCQ vient d’être retiré de la littérature, la revue ayant cédé aux menaces d’un groupe de complotistes.

Médiator : Servier doit rembourser 415 millions d’euros à la Sécurité sociale et aux mutuelles

J’ai aimé la Bande Dessinée ‘Mediator, Un crime chimiquement pur‘ qui vous raconte les faits. Le procès en appel a duré six mois et le tribunal a rendu ce verdict reconnaissant Servier coupable (Le Monde, 20 décembre 2023) : une amende totale de plus de 9 millions d’euros et rembourser plus de 415 millions d’euros aux organismes de Sécurité sociale et aux mutuelles ; Jean-Philippe Seta, ex-bras droit du tout-puissant fondateur du groupe, Jacques Servier (mort en 2014), et seule personne physique prévenue au procès en appel, a été condamné à quatre ans de prison, dont un an ferme, à accomplir sous bracelet électronique et à un total de près de 90 000 euros d’amende.

Parmi les études qui ont montré les risques du Médiator, il y a une étude de vie réelle à partir de données administratives. Cette publication a été acceptée par la communauté….   alors que pour l’HCQ, cette méthodologie a été critiquée !

Hydroxychloroquine : combien de morts ?

J’ai moins aimé les bandes organisées de prescripteurs de l’HCQ car, comme la plupart de mes confrères, je savais que ce médicament était toxique et qu’il n’existait aucun argument pour le prescrire dans la COVID-19.

Je me permets de reprendre l’interprétation des données de vie réelle dans l’article du Lancet du 22 mai 2020 basé sur 96 000 dossiers de patients : ‘We were unable to confirm a benefit of hydroxychloroquine or chloroquine, when used alone or with a macrolide, on in-hospital outcomes for COVID-19. Each of these drug regimens was associated with decreased in-hospital survival and an increased frequency of ventricular arrhythmias when used for treatment of COVID-19.’ Cet article a été justement rétracté par 3 des 4 auteurs car il n’a pas été possible d’auditer les données sources. Il n’a pas été montré de fraude. Le doute persiste, mais il est surprenant de constater que ces interprétations ont été largement confirmées depuis 2020.

Félicitons une équipe de collègues lyonnais qui ont estimé le nombre de morts causées par l’HCQ au début de la pandémie COVID-19. L’article a été mis en ligne le 2 janvier 2024 par la revue Biomedicine & Pharmacotherapy. Cette étude propose une estimation basée sur six pays (Belgique, Turquie, France, Italie, Espagne, USA), soit environ 600 millions de personnes, et pendant une courte période de données d’hospitalisation (mars à juillet 2020). Les méthodes sont bien expliquées et les limites bien décrites. L’estimation est de 16 999 morts, (range 6267 – 19256), sans inclure les données non hospitalières. Le résumé visuel apporte les informations majeures :

hcq 17000

Les highlights de l’article : Hydroxychloroquine was prescribed in hospitalised patients with Covid-19 despite of the low-level evidence ; Subsequently, HCQ use was associated with an 11% increase in the mortality rate in a meta-analysis of randomized trials ; The number of hydroxychloroquine related deaths in hospitalised patients is estimated at 16,990 in six countries ; These findings illustrate the hazard of drug repurposing with low-level evidence for the management of future pandemics.

Cet article a été commenté par les médias, et je vous suggère l’article de Victor Garcia dans l’Express le 3 janvier 2024 avec pour titre : « Covid-19 : l’hydroxychloroquine responsable de 16 990 morts, un « scandale sanitaire« . Je vous suggère aussi l’article d’Hervé Morin dans Le Monde le 4 janvier 2024 avec pour titre : « Covid-19 : la délicate estimation de la surmortalité liée à l’hydroxychloroquine ». A l’étranger aussi, Newsweek a titré le 5 janvier : Donald Trump’s COVID Cure May Have Killed Thousands.

Hydroxychloroquine : Sanofi, D Trump et D Raoult irresponsables ?

Il s’agit bien sûr de la partie émergée d’un iceberg !!!! Des pays prescripteurs d’HCQ dans la COVID-19, Amérique latine avec Brésil, Inde, Afrique avec Maghreb, n’ont pas été inclus. La période d’étude était limitée.

Condamner Servier pour le Médiator est responsable, même si cela a demandé beaucoup de temps. Ne pas condamner Sanofi ni les prescripteurs de l’HCQ dans la COVID-19 pose question. Le drame sanitaire est plus important, et l’un des pires connus. L’esprit critique en général n’est pas développé : spécialistes de l’IHU, politiques, journalistes/médias, prescripteurs et citoyens avertis ne disposaient d’aucun argument pour prescrire l’HCQ et les données de toxicité étaient connues.

Les complotistes habituels se sont immédiatement manifestés…. c’est inquiétant.

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12 commentaires

  • L’article du Lancet est un cas avéré de fraude. Réglementairement et techniquement il était impossible/Interdit de collecter les données.
    Il est incompréhensible que l’article n’est pas été bloqué au moment de la soumission. Cela dit, le New England c’est aussi fait avoir.
    Sapan Desai a causé des dommages majeurs donnant des arguments aux promoteurs de l’HCQ.

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  • +1, mais pourquoi avoir coupé « Although our estimates are limited by their imprecision ».
    Méfiez vous de vous même 😉

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    • Merci pour votre remarque. L’imprécision est évidente, et le range est utile. C’est dit :
      L’estimation est de 16 999 morts, (range 6267 – 19256), sans inclure les données non hospitalières.

      Merci

      Répondre
  • J’émets quelques réserves sur le journal Biomedecine & Pharmacotherapy qui est dans la zone grise des revues prédatrices. J’avais relevé que le seul numéro de septembre 2020 contenait 160 articles, dont 65 % provenaient d’auteurs chinois, 7 % d’auteurs iraniens, et le reste provenant de toutes les parties du monde : Qatar, Brésil, Inde, Nigéria, Iran, Pologne en particulier, avec un APC de 2660 $. Je n’ai pas regardé si les choses s’étaient « diversifiées » puisque l’un des maîtres-mots d’Elsevier est Diversity… Et si le papier est le bienvenu, on aurait aimé un peu plus de rigueur : il y a des points qui auraient mérité d’être approfondis et discutés. J’ai peur des réactions des personnes mal intentionnées qui trouveront les quelques failles de l’article…

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    • Merci pour ce commentaire, et vous avez raison de soulever cette question de la pratique éditoriale de cette revue. J’ai regardé probablement un peu vite car on peut se questionner sur la prévalence élevée d’articles chinois, sur le nombre d’articles par numéro, etc… Il y a du laxisme. Je ne comprends pas comment les auteurs ont soumis à cette revue. Est-ce que le peer review a été rapide, peu critique ? Probablement…..

      Cette revue a été fondée par Georges Mathé, et le comité de rédaction 2024 a une prévalence élevée d’américains, chinois, italiens, brésiliens et pas de français comme d’habitude… la rédactrice en chef est de ‘South Carolina College of Pharmacy, Department of Drug Discovery and Biomedical Sciences, Columbia, South Carolina, United States of America’, mais cela ne veut rien dire.
      Les frais de traitement des articles (APCs des anglosaxons) sont de 3360 US $…. tout augmente !
      Le numéro de janvier 2024 contient 150 articles, dont la plupart de Chine. Ce numéro mentionne aussi six rétractations, ce qui montre que la rédaction est vigilante…. Le groupe Elsevier devrait mieux contrôler le fonctionnement de certaines revues… Il y a un problème. Aucune société savante ne supervise cette revue.

      Je ne connais pas bien l’histoire de cette revue fondée par Georges Mathé. Elle avait autrefois un comité de rédaction très français. Le secrétariat était à l’hôpital Paul Brousse, Villejuif. Je ne sais pas à quelle date, le comité de rédaction a été changé et internationalisé… avec des numéros pléthoriques. En 2006, lors du 50ème anniversaire, il y a eu un numéro spécial https://www.sciencedirect.com/journal/biomedicine-and-pharmacotherapy/vol/60/issue/9 Le comité de rédaction de 2006 contenait des noms de collègues que vous devez connaître.

      En tant que cancérologue, je comprends que vous ayez un avis d’expert.

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    • Maisonneuve Herve
      Dernier conflit d’intérêt rapporté : 2023-08-24
      Total des conflits d’intérêts : 210 645 € (52 transactions)
      5 donateurs principaux (par montants)
      PFIZER SAS 197 505 €
      GILEAD SCIENCES. 6 791 €
      LFB BIOMEDICAMENTS. 3 000 €
      ROCHE COTE D’IVOIRE 1 692 €
      CELGENE SAS 1 068 €

      2023-08-24 PFIZER SAS. 31500.0 €
      2023-02-28 PFIZER SAS 26250.0 €
      2023-02-28 PFIZER SAS 31500.0 €
      2022-08-31 PFIZER SAS 26250.0 €
      2022-08-31 PFIZER SAS 29400.0 €
      2021-08-27 PFIZER SAS 23100.0 €
      2021-08-27 PFIZER SAS3150.0 €

      Répondre
      • Bonjour Anonyme,

        Je vous suggère de mieux vous informer car je n’ai pas touché d’argent à titre personnel, ce que vous laissez croire. Je ne suis pas cité comme bénéficiaire de ces sommes dans vos sources.
        Deux points :
        – j’ai un homonyme et il y a des confusions logiques entre nous ; contrôlez vos informations ;
        – certaines des sommes ont été versées à la SARL H2MW dont je suis l’un des actionnaires, sans être salarié. Elles correspondent à des prestations et autres compensations de frais.

        Compte tenu de votre anonymat, de votre difficulté à bien interpréter les chiffres, je ne peux pas faire comme avec des collègues auxquels je montre les détails de mon activité de consultant.

        Je ne censure pas votre commentaire, car ce n’est pas ma pratique. Je n’ai pas à m’expliquer sur des activités professionnelles et bénévoles sans rapport avec mon blog, et mes opinions dans la COVID-19.

        Merci pour votre commentaire.

        Répondre
  • Bonjour,

    Tout d’abord , je tiens à préciser que je suis une personne lambda sans aucune compétence particulière pour ce qui touche au sujet. Mais je m’intéresse à la chaîne de responsabilité dans le cas de l’hydroxychloroquine.
    Dnas ce cadre , je ne comprends pas pourquoi Sanofi devrait être inquiété.
    Dans la chronologie,
    Des scientifiques ,avec les études que l’ont connais, ont utilisé le plaquenil en disant ça fonctionne.
    L’Ihu en a fait très vite la promotion « fin de partie,etc.. » et beaucoup l’ont considéré comme une piste intéressante ( début 2020 )
    Après une période de dérogation, il me semble que Sanofi a suivie les recommandations, en etant plus ou moins forcé comme l’a dit Raoult car Sanofi n’a plus honoré les commande l’ihu.
    https://www.caducee.net/actualite-medicale/15210/sanofi-refuse-d-honorer-les-commandes-d-hydroxychloroquine-du-pr-raoult-hcq-covid19.html
    Donc je ne comprends pas pourquoi on pourrait imputer au laboratoire, un détournement du médicament effectué par des médecins.
    A moins que Sanofi ait fait la promotion de la molecuule pour le traitement et/ou de la publicité pour traiter la covid mais , à ma connaissance , probablement que je me trompe , ils ne l’ont pas fait.
    Est-ce que ça ne devrait pas ,plutôt être la responsabilité des medecins prescripteurs et des pharmaciens ,si je ne me trompe pas ils ont aussi des obligations dans la délivrance des médicaments en s’assurant qu’il n’y a pas un problème de prescription, pour un usage détourné qui devraient être inquiété ?

    Cordialement,

    Pascal

    Répondre
  • Le Maroc en avril 2020 a acheté au laboratoire Sanofi de Casablanca tout le stock de Chloroquine et d’hydroxychloroquine . Le Ministère de la Santé de ce pays a rendu obligatoire le protocole de l’IHU de Marseille pour le traitement du Covid 19 et a maintenu ce protocole malgré la publication des Essais controlés randomisés négatifs avec ces molécules . Quelle est la responsabilité du laboratoire dans ces prises de décision sans aucun fondement scientifique et de leur connaissance sanitaire ? A noter que les propos des représentants du ministère de la santé se félicitent de ce traitement sur des arguments totalement subjectifs. L’épidémiologie au Maroc n’a aucune existence sérieuse .

    Répondre
  • C’est très honnête d’avoir indiqué que l’analyse des 17000 morts a été rétractée
    Contrairement à ce que vous indiquez c’est pour des raisons factuelles: extrapolation fallacieuses de données qui dans certains cas (ex Belgique étaient incorrectes

    Répondre
  • « Il n’a pas été montré de fraude. Le doute persiste »

    Je suis désolé de vous dire que le doute ne persiste pas, et que la fraude a été démontrée.
    En effet, les données ont été inventé, elles n’ont jamais existées :
    1) aucun des hôpitaux cités ni ne connait ni ne travaille avec Surgisphère
    2) il est humainement impossible que 3 Dr et une fille de petite vertu aient pu signer des contrats d’exploitations de données ultra-sensibles avec 671 hopitaux dans le monde entier, et ce, en quelque mois
    3) l’infrastructure informatique (personnel et matériel) pour absorber autant de données dans autant de formats demanderait une équipe d’informaticien entière pendant des mois. Je vous passe les détails.

    Merci de m’avoir lu.

    Répondre

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