Ces informations qui montrent que la valorisation des publications apporte des profits à des acteurs non académiques. Ce n’est pas nouveau, mais l’IA va-t-elle accélerer le mouvement ?
Microsoft AI achète des données d’éditeurs
Voici l’introduction traduite en français d’une news parue le 19 juillet 2024 sur The Bookseller : Des auteurs ont exprimé leur stupeur après avoir appris que l’éditeur universitaire Taylor & Francis, propriétaire de Routledge, avait vendu l’accès aux recherches de ses auteurs dans le cadre d’un partenariat sur 
l’intelligence artificielle (IA) avec Microsoft – un accord d’une valeur de près de 8 millions de livres sterling (10 millions de dollars) au cours de sa première année d’existence. Les auteurs académiques n’ont ni été informés, ni sollicités pour s’opposer. Confirmation d’un représentant de T&F : ceci fournit à Microsoft un accès non exclusif à des contenus et des données d’apprentissage avancé afin d’améliorer la pertinence et les performances des systèmes d’IA.
Comment les auteurs pourraient s’opposer ? Cette news de The Bookseller apporte quelques réflexions.
Les revues scientifiques modèle diamant seraient-elles une solution ?
Nous avons déjà évoqué des comités de rédaction qui démissionnent. Certains vont former une nouvelle revue avec un modèle diamant, comme QSS par exemple. Dans The Guardian, un bon article sur une expérience de ce type. L’auteur de cet article (Arash Abizadeh, philosophe à McGill University, Canada) décrit d’abord en détail les perversités d’un modèle économique qui maintenant fait payer les auteurs pour publier (modèle doré). Il expose ensuite l’expérience du comité de rédaction de Philosophy & Public Affairs (Wiley) qui a démissionné en masse pour une nouvelle expérience.
Le rédacteur, (A Abizadeh) veut créer une revue diamant et rejoindre un éditeur de revues diamant, OLH (Open Library of Humanities) qui a déjà de nombreuses revues, mais quelques unes ont cessé leur parution. La nouvelle revue n’existe pas encore…. et le premier combat sera avec Wiley et les collègues qui vont reprendre la revue Philosophy & Public Affairs. Quelques règlements de compte à venir ?
En juillet 2024, la revue Philosophy & Public Affairs n’a plus de comité de rédaction et appelle les candidats à déposer leur CVs le plus vite possible.
Le chemin est long, difficile, car notamment, il faut identifier des payeurs. Mais ce modèle non lucratif pourrait nous préserver de la prédation par des sociétés d’intelligence artificielle. La fin de son article du Guardian (traduction) : C’est pourquoi, en tant que rédacteurs en chef de l’une des principales revues de notre domaine, nous estimons qu’il est de notre devoir de contribuer à créer une dynamique collective en faveur d’un meilleur arrangement : un modèle de publication qui ne gaspille plus des quantités massives de ressources publiques pour alimenter les profits de sociétés privées, qui garantisse l’indépendance éditoriale contre les pressions du profit et qui mette la recherche à la disposition de tous, gratuitement. Il ne s’agit pas seulement d’un problème académique. Une révolution du paysage éditorial pourrait également contribuer à endiguer la vague de désinformation et de propagande dans la sphère publique. Une telle alternative existe, mais il est difficile d’y accéder. Nous voulons changer cela.
OLH, organisation britannique dans le domaine des Sciences humaines et sociales, a déjà 30 revues diamant, après 10 ans environ. Le financement provient de bibliothèques universitaires.
Je remercie Yves Goulnik pour ces informations
