Cet article nous questionne. Il s’agit d’un article d’opinion un peu provoquant, mais qui fait réfléchir. Que 
vont devenir les revues de la littérature à l’ère de l’Intelligence Artificielle (IA) ? Aura-t-on encore besoin des ces revues de la littérature alors qu’avec un prompt bien fait, nous aurons toutes informations sans limites.
Les cinq points clés des auteurs
L’IA peut maintenant résumer correctement et extraire des informations d’autres textes. Elle pourra utiliser uniquement des bases de données comme MEDLINE. Les revues de littérature pourraient devenir obsolètes ! Aura-t-on besoin de ces revues de littérature dans quelques années ?
Où vont les revues scientifiques ?
Les revues scientifiques ont beaucoup changé avec les formats électroniques : elles publient essentiellement des articles de recherches originales (coeur de la recherche) et des revues de littérature (narratives ou systématiques). Oubliés les éditoriaux, les correspondances, les cas cliniques, les short notes de méthodes, les prises de positions, etc… Le leitmotiv semble devenir : voici des données expérimentales et si vous voulez exprimer des opinions, les commenter, circulez car vous ne payez pas !
Les outils proposés par l’IA sont performants pour mettre en forme des articles, voire pour écrire des articles et surtout des revues narratives de la littérature… Mais plutôt qu’utiliser des outils d’IA qui moissonnent le monde électronique, nous allons disposés d’outils fermés qui seront nourris par des bases de données qualifiées, comme PubMed, Scopus, Wos et bien d’autres. Ces outils tireront leurs informations d’un corpus connu. En fait le ‘prompt engineering’ est devenu un domaine de recherche majeur. Nous aurons bientôt des banques de prompts pour nous aider. Nous pourrons les adapter et ainsi avoir immédiatement à disposition des ‘états de l’art’ sur un sujet déterminé. Plus besoin de faire des revues de littérature qui prennent du temps car c’est compliqué de faire les bonnes recherches documentaires. Nous aurons exactement la réponse à nos besoins.
Mais c’est oublier qu’une recherche de littérature a deux objectifs : 1) rechercher les données sur un thème, en faire une synthèse adaptée à la question ; 2) commenter, critiquer, évaluer cet état de l’art et proposer des perspectives.. Et seul l’homme peut faire cette deuxième analyse !!!
Est-ce que les revues scientifiques ne vont pas devenir des vecteurs d’articles originaux seulement ?
Les articles originaux sont la forme d’articles pour laquelle il existe des budgets pour payer pour publier… heureusement les revues systématiques font partie des articles originaux, mais les revues narratives pourraient disparaître comme les autres formes d’articles !
Il faudra de l’imagination, de l’esprit critique pour que des revues narratives aient un intérêt et de l’argent pour publier ces revues narratives ! Il est temps de revenir à une littérature d’échanges d’idées autant que de production de données embellies.
Un commentaire
Oui, l’analyse automatisée de la littérature est un avenir plein de promesses. Dès aujourd’hui, on peut dire qu’elle ne fera jamais moins bien que les humains – lesquels produisent des revues générales pour la plupart pitoyables.
Non seulement les algorithmes devraient devenir de plus en plus fiables, mais la comparaison de résultats obtenus aisément par divers algorithmes permettra de juger de mieux en mieux cette fiabilité, et leur actualisation pourra être effectuée en continu sans faire perdre un temps précieux à des chercheurs qui ont beaucoup mieux à faire.
Mais oui aussi, ce travail mécanique et fastidieux, qui requiert méthode, rigueur, absence de préjugé… et temps (tout ce qui nous fait défaut) n’est en effet que le préalable pour ce dont la science a réellement besoin : la réflexion critique, la confrontation des opinions et la créativité qui doivent naître de la synthèse des savoirs.
Tout ça ne risque pas de réduire l’importance de notre tâche !