Un beau colloque
s’est tenu pendant 2 jours au Ministère de la santé (6 et 7 décembre 2012), en
présence d’initiés de ce domaine. Les responsables scientifiques étaient Mmr la Professeure Dominique Thouvenin, EHESP (Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique), Rennes, et M le Professeur Joël Moret-Bailly, Université de Saint Etienne. Mme Thouvenin a très bien situé la problématique en introduisant les thèmes du colloque :
- les rapports de l’hôpital avec des acteurs extérieurs (notamment fournisseurs et financeurs) à propos des soins et des produits de santé ;
- l’exercice libéral de la profession médicale en son sein ;
- la conduite de recherches biomédicales sur des personnes reçues à l’hôpital pour y être soignées.
Les échanges ont été riches car il y avait
des médecins, des directeurs d’établissements de santé et des juristes, et des experts étrangers (Canada, Tunisie, USA). C’était passionnant de confronter les points de vue.. pour s’apercevoir que ce thème est très
complexe. Remercions M Joël Morêt-Bailly pour la conférence introductive et la
gestion difficile de ces concepts :
- Définissons les intérêts et les
conflits ; il y a des intérêts pécuniaires, des appartenances à des
institutions, des courants de pensée ; il faut bien comprendre ce qu’est
l’indépendance, une condition préalable,
et toujours évoquer la loyauté, l’impartialité, l’objectivité.. - Distinguons bien liens et conflits, et
qualifier le passage du lien au conflit ; tous les professionnels ne sont
pas corrompus ! et qu’en est-il à l’hôpital où les liens/conflits ne sont
pas déclarés ? - Concilions la lutte contre les conflits et d’autres
impératifs ; nous avons observé des périodes successives : la guerre au
conflit (2005/2007) puis le soupçon était partout, avant que ne revienne la
transparence généralisée.
Le colloque a envisagé les missions de l’hôpital et
toutes les situations génératrices de conflits : attendons la synthèse du
colloque. J’ai participé à
une table ronde où j’ai développé les conflits d’intérêts dans les
publications….
Vous vous doutez de mon point de vue sur la merveilleuse
phrase ‘Les auteurs n’ont pas de conflits d’intérêts en rapport avec cet
article’. Cela ne veut rien dire… En
pratique, les revues n’ont pas de politique clairement affichée et détaillée,
les auteurs font ce qu’ils veulent car ils ne comprennent pas toujours ce qu’il
faut déclarer, les rédacteurs et reviewers ne se sentent pas concernés… ni les maisons d’éditions. Ne les accusons pas car la question est complexe.. et je ne sais pas quoi conseiller. Des avancées
existent avec la déclaration commune de ICMJE…
que les revues françaises devraient adopter d’urgence dans les 20 ans
qui viennent…. à moins qu'une archive ouverte dédiée aux liens d'intérêts ne soit mise en place cmme bientôt aux USA…
Remercions surtout l’EHESP, et Mme Céline Lefèbvre, pour la parfaite organisation matérielle.
Je suis ressorti
de ces 2 jours avec des doutes : où commencent les liens d’intérêts ?
des situations de double emploi ne sont pas obligatoirement des conflits
d’intérêts ? le privé à l’hôpital est un truc trop compliqué pour que j’ai
un avis. Très belle synthèse de Didier Truchet : « Colloque riche,
synthèse pauvre ; public fatigué, synthèse courte ». C’est marrant (et très rassurant !) car les
orateurs n’avaient pas obligation de déclarer leurs liens d’intérêt ! Pour les professionnesl de santé, c'est depuis le 25 mars 2007 que les membres des professions médicales doivent déclarer leurs liens d'intérêts lors des manifestations sur des produits de santé : il faudrait peut-être supprimer une obligation peu appliquée,… Il y avait 4 médecins parmi les 25 orateurs.
Billet modifié après sa publication.
