Les Archives of Internal Medicine ont publié en novembre 2012 un article évaluant la qualité de 114 recommandations américaines, avec un commentaire intitulé : "In guidelines we cannot trust". Le titre de l'article commence par "Failure of…". Aux, USA peu de progrès ont été observés sur 20 ans, concernant la qualité des recommandations de pratique clinique. Donc les recos seraient mauvaises comme les articles ! Le commentaire est explicite :
- Kung et al ont analysé 114 de la 'national Guidelines Clearinghouse' en recherchant le respect de 18 Standards de l'Institute of Medicine (IOM) : 8 des 18 (44,4 %) standards étaient respectés ;
- un taux observé en 1999 était de 43,1 %, avec une tendance à l'amélioration en 1999 qui ne semble plus exister en 2012 ;
- en 2012, mêmes problèmes qu'en 1999 : méthodes de développement opaques, composition des groupes limitée, et avec des conflits d'intérêts, mauvaises évaluations externes pendant le développement, etc..
- très bons commentaires.. il vaudrait mieux limiter les recos que les multiplier, les experts spécialistes ou généralistes tendent à protéger leur spécialité, pas assez de patients ou d'experts méthodologistes, ..
Je reprends de nombreux commentaires en pensant à la situation française : c'est inexcusable car le développement de recos n'est pas nouveau ; rien ne changera dans les 20 prochaines années ; soyons courageux pour faire la même étude en France ; renforçons les efforts du Guidelines International Network..
Soyons clairs, beaucoup d'experts français pensent comme moi, mais préfèrent ne pas se prononcer : trop de recos françaises ont oublié d'analyser la littérature CORRECTEMENT et deviennent des "opinon-based recos" ; la chasse aux soricères qui élilmine les bons experts diminue la qualité des recos ; heureusement que la Cochrane Collaboration vient nous aider en France ; je préfère ne pas en dire plus.
Kung J, et al. Failure of clinical practice guidelines to meet institute of medicine standards. Two more decades of little, if any, progress. Arch Intern Med 2012;172:1628-1633.
Shaneyfelt T. In guidelines we cannot trust. Arch Intern Med 2012;172:1633-1634.
3 commentaires
Bonjour Hervé,
Tu parles de chasse au sorcières. Tu veux apparemment parler de la chasse aux experts ayant trop de conflits d’intérêts. Or, il me semble que c’est justement faute de cette chasse que nos recommandations sont si médiocres, comme l’a montré Louis-Adrien Delarue dans une thèse mémorable http://www.voixmedicales.fr/2011/08/27/les-recommandations-pour-la-pratique-clinique-elaborees-par-les-autorites-sanitaires-francaises-sont-elles-sous-influence-industrielle-a-propos-de-trois-classes-therapeutiques-these-l-a-delarue/
Personnellement, je crois surtout aux conférences de consensus.
http://www.atoute.org/n/article/rendez-nous-nos-conferences-de.html
Elles donnent, dans mon expérience, les meilleurs résultats, justement car les experts n’y sont pas tout-puissants.
Merci pour ce commentaire et bien d’accord sur les conférences de consensus. Le choix des experts est difficile, car il faut toutes les opinions dans un groupe.
Oui et bien souvent celui de la médecine de ville est oublié
Laissant la place a une médecine « expertale » loin de ce qui peut être réalisé ( ou payé) dans la vie courante