Faut-il lutter contre la culture de la vitesse dans le milieu académique ? The Slow Professor propose des stratégies

Il faut effectivement lire deux fois ce court livre (90 pages) pour le goûter et prendre du plaisir. Le livre « The Slow Professor — Challenging the culture of speed in the Academy » est un grand succès en Amérique du Nord, avec un retirage et deux auteures surbookées…   Maggie Berg est dans le département ‘English language and literature’ de la Queens University, Ontario, Canada, et Barbara K Seeber du département d’anglais de Brock University en Ontario, Canada.

C’est une satyre du monde universitaire avec des exemples drôles mais trop vrais. Tous les exemples sur le manque de temps des universitaires sont hilarants. J’ai bien aimé tout ce qui concerne l’enseignement : « A la différence des acteurs et athlètes, les professeurs ne se préparent pas psychologiquement avant d’entrer en classe. Ils ne peuvent pas..  Nous nous pressons en sortant d’une réunion, avec plein de livres et articles dans les bras, un ordinateur ou en espérant avoir pris la bonne clé USB.. puis nous arrivons pour attendre que le prof précédent termine son cours…  d’ailleurs, c’est stressant car il n’arrive pas à sortir sa clé de l’ordi pour vous laisser la place…« . Elles conseillent de prendre du plaisir pour enseigner « Dès que j’ai réalisé que l’autorité, le contrôle et le savoir encyclopédique pouvaient mettre de la distance avec les étudiants, j’ai commencé à aimer l’enseignement« . Depuis qu’elles ont changé leurs méthodes, elles ont eu des étudiants disant « Thank you for listening —  Thank you for noticing that we are here« . Il vaut d’ailleurs mieux s’intéresser à ceux qui viennent plutôt que compter les absents….. Quand des Universitaires se rencontrent ils parlent du manque de temps… alors que « Academic work is by its nature never done… ». Les Universitaires sont ceux qui manquent de temps mais ont le plus de facilité pour le gérer, car la flexibilité du temps est l’un de leurs privilèges ».

La description de ceux qui ont beaucoup travaillé mais n’ont pas d’articles pour le rapport annuel de l’Université, alors qu’ils ont publié un livre et ont été invités pour faire des conférences. Ils aimeraient lister de bonnes conversations sur leur CV… Description du modèle managérial des Universités avec des présidents qui exigent des chiffres en permanence, et le travail administratif qui empêche de bien réfléchir aux questions de recherche. Il faut plutôt produire à court terme que penser à long terme. Elle compare souvent les Universitaires à d’autres professions…  et les Universitaires ont plus de burn out que les présidents de sociétés…

Le livre est plein de sagesse, de très bons conseils, avec un manifeste du Slow professor, sur le modèle du manifeste pour la Slow Science. Il y a plein d’excellentes références précises…  en empruntant explicitement des théories et réflexions de personnes connues dans certains cas (Jane Austen, Daniel Khaneman) avec une citation d’Albert Einstein « Creativity is the product of wasted time« . Les quatre chapitres sont bien construits : Introduction — 1) Time management and timelessness; 2) Pedagogy and pleasure; 3) Research and understanding; 4) Collegiality and community; — Conclusion: Collaboration and thinking together.

Mais nous avons besoin de compétition pour avancer…   donc faire lentement n’est pas toujours la solution ! Difficile.