Cet article de début 2019, avec quelques formules mathématiques, apporte des réflexions sur un aspect du financement des projets de recherche. Il a été publié dans PLOS Biology par deux américains (un statisticien et un biologiste).
Nous savons que les projets de recherche engagent beaucoup d'énergie pour les rédiger, font travailler de nombreux jurys pour des taux de financement parfois inférieurs à 20 %… donc un gaspillage de ressources. Plus le système est compétitif, moins le processus semble efficace. Pour mieux convaincre les jurys, nous savons qu'au moins 20 % des auteurs de projets ajoutent des auteurs de complaisance, et que 10 à 20 % citent des articles de complaisance. Dans cet article, compte tenu des critiques des chercheurs sur des sélections difficiles, les auteurs proposent deux autres modes pour sélectionner des projets : la loterie ou les travaux antérieurs de l'équipe de recherche.
Voici une traduction du résumé : "Le financement de la recherche scientifique est alloué en grande partie au moyen d'un système de sollicitation et de classement des demandes de subventions concurrentielles. Dans ces concours, les propositions elles-mêmes ne sont pas les produits livrables recherchés par le bailleur de fonds, mais sont plutôt utilisées par ce dernier pour sélectionner les idées de recherche les plus prometteuses. Par conséquent, une partie de l'impact du programme de financement sur la science est dilapidée parce que les chercheurs candidats doivent consacrer du temps à la rédaction de propositions plutôt qu'à la recherche scientifique. Dans quelle mesure l'investissement global de la collectivité dans la préparation de la proposition annule-t-il l'impact scientifique du programme de financement ? Existe-t-il d'autres mécanismes d'attribution de fonds qui permettent de faire progresser la science plus efficacement ? Nous utilisons la théorie économique des concours pour analyser l'efficacité avec laquelle les concours de propositions de subventions font progresser la science et les comparons à des solutions de rechange proposées récemment, partiellement randomisées, comme les loteries. Nous constatons que l'effort que les chercheurs consacrent à la rédaction de propositions peut être comparable à la valeur scientifique totale de la recherche appuyée par le financement, surtout lorsque seulement quelques propositions peuvent être financées. De plus, lorsque les pressions professionnelles incitent les chercheurs à demander du financement pour des raisons qui vont au-delà de la valeur de la science proposée (p. ex., promotion, prestige), l'ensemble du programme peut en fait nuire au progrès scientifique lorsque le nombre de bourses est faible. Nous suggérons que l'efficacité perdue puisse être rétablie soit par des loteries partielles pour le financement, soit par le financement de chercheurs en fonction des succès scientifiques passés plutôt que par des propositions pour des travaux futurs."
Je remercie Thomas Kesteman