C’est en lisant le rapport annuel 2020 de l’Observatoire de la déontologie de l’information en France que je me pose des questions dont certaines ont été relayées par des commentaires de ce blog. C’est un rapport sur la déontologie dans le domaine de l’information, et la science est peu abordée. J’ai noté deux points sur la science :
- en page 18, il y a des paragraphes sur des questions scientifiques « Une série de reportages sur une chaîne nationale, consacrée aux pesticides et en particulier au glyphosate, a fait l’objet de critiques de revues scientifiques notamment sur l’usage problématique de l’émotion et sur les raccourcis ou l’oubli de certaines démonstrations. ».
- Il y a ensuite une longue partie sur les conflits d’intérêts des journalistes qui font des ‘ménages’ (Il s’agit de journalistes qui animent moyennant finances des conventions d’entreprise, des tables rondes, des conférences.). La position est claire : « Bien que souvent pratiqués, les « ménages » sont interdits par la déontologie professionnelle parce qu’ils sont générateurs de conflits d’intérêt réels ou supposés. »
- « Les conflits d’intérêts avérés ou les soupçons de conflit d’intérêt sont une des plaies du journalisme. Outre qu’ils prêtent facilement à polémiques, ils sèment le trouble dans l’esprit du public et contribuent à décrédibiliser le travail du journaliste qui y est confronté. Ils contribuent à nourrir le dénigrement de la profession de journaliste. »
Le journalisme scientifique n’est pas abordé explicitement dans ce rapport très général.
Les problèmes des revues scientifiques sont majeurs, mais elles ne sont pas gérées par des journalistes scientifiques. Un observatoire de la déontologie des revues scientifiques serait nécessaire. Je rejoins des commentaires constructifs de Pierre Rimbaud sur ce blog.
Ces questionnements sont encore plus importants avec la COVID-19 : faut-il avoir un label pour attribuer la qualification de revues scientifiques ? Il est évident que la façon dont communique D Raoult n’est pas acceptable… il a même fait des tweets pour un manuscrit brésilien déposé dans dropbox ! Par exemple, la revue New Microbes and New Infections ne mérite pas d’être qualifiée de revue scientifique. Quels critères alors que les revues prédatrices se professionnalisent et viennent en compétition avec des revues de qualité ?
Les mauvaises revues n’ont simplement aucun droit de cité et ne devraient même pas être considérées. Cependant, ni le « citation index », ni la notoriété, ni l’exclusivité de données probantes ne sont réellement des critères de qualité. Ce qui compte pour l’usager est d’abord de savoir si les exigences et le positionnement éditorial affichés sont réellement mis en oeuvre.
Qui pourrait « faire le ménage » parmi les innombrables acteurs du marché de l’édition scientifique ? Il faut en confier la mission à des organismes certificateurs d’intérêt public, comme il en existe dans tous les domaines industriels et commerciaux, seuls agréés à conférer et à contrôler des labels, comme le fait par exemple en Europe le service des Appellations d’Origine, ou dans le monde le système ISO.
Un commentaire
Oui, mais Galilée
Oui, mais Copernic
Oui, mais Pasteur
Oui, mais Newton
Oui, mais William Harvey
…
Tant qu’il n’y a que controverse, ça va et cela peut même être bon signe.
Mais s’il s’agit d’instaurer une police de la pensée, cela ne va plus du tout.
C’est pourtant bien ce qu’il nous arrive un peu souvent ces temps-ci, quel que soit le sujet d’ailleurs.