C’est une belle réflexion d’un journaliste américain publiée dans Nature, sur 3 pages, le 13 février 2023. Le titre sur le site : Stop the peer-review treadmill !
Trouver des relecteurs !!!
Il relate toutes les difficultés pour trouver des relecteurs pour les 3 millions d’articles soumis annuellement à des revues scientifiques (2016) ; c’était 1 million en 1990 ! Les rédacteurs se battent pour trouver des relecteurs… les bons relecteurs sont rares, et occupés ! Il s’agit des relecteurs des revues légitimes.
Une extrapolation, basée sur 87 000 revues, a estimé qu’en 2020, c’étaient 15 000 années de peer-review qui avaient été nécessaires ! Qu’en penser ? Le taux d’acceptation des relecteurs pour évaluer un manuscrit serait passé de 35 % en 2020 à 32 % en 2022 pour une base de 8000 revues. Le peer-review fait partie du travail académique, et n’est pas valorisé que ce soit par les institutions ou les journaux (sauf ceux qui publient les listes de relecteurs !). Des relecteurs préfèrent se concentrer sur les preprints car des échanges sont possibles avec d’autres relecteurs.
Payer les relecteurs n’est pas la solution
Faut-il payer les relecteurs ? Ancienne question pas facile. Les revues n’auraient pas les moyens. Des revues (Nature Research par exemple) ne demandent pas de frais à l’acceptation d’un manuscrit si le premier auteur a déjà fait 3 relectures pour la même revue. En pratique, recevoir du cash n’est pas une attente forte des relecteurs… ils préfèrent probablement une prise en compte dans leurs évaluations par les organismes de recherche.
Une solution serait de diversifier les relecteurs car le peer-review est encore fait par des mâles blancs hétérosexuels aux tempes grises, ceux-là même qui dirigent les comités de rédaction des revues. Former et motiver de jeunes chercheurs serait possible ? Je ne sais pas. Il faudrait déjà réduire la charge des relecteurs en faisant suivre obligatoirement les avis de lecture quand un article refusé est soumis à une autre revue…
Il y a un manque dans cet article : prédire le futur du peer-review !
Je regrette que des collègues croient encore que le peer-review des groupes de revues de faible qualité soit bien fait. Ces revues sous-traitent probablement des relectures à de jeunes PhD chinois et font signer par des prêtes-noms !
2 commentaires
Ce constat est bien sombre. Mais quel autre garde-fou pour, sinon garantir, au moins favoriser une science de qualité ?
Si déjà en tant que chercheur nous manquons de confiance envers les publications scientifiques, quelles conséquences à terme pour le grand public…
Le rôle de l’Editeur est absolument fondamental, et ce point est à mes yeux trop souvent occulté.
1. Il évalue l’article après réception par la revue. l fait donc un premier tri, et exclut les manuscrits visiblement inadéquats.
2. Il choisit les peer reviewers. Il peut donc garantir que l’article sera évalé par un expert, aussi peu biaisé que possible. Il s’assure ensuite de la qualité du peer review report. iI ce n’est pas le pas, il peut soit solliciter un autre relecteur, soit doner plus d’importance à son propre jugement
Sous la supervision d’un bon editeur, le peer review est un excellent moyen de sélection des manuscrits scientifiques.
Autre remarque, le peer review est formateur.
-Les jeunes chercheurs ne doivent pas hésiter à se manifester auprès des revues.
-Les chercheurs seniors devraient associer les plus jeunes à leur activité de relecture.