Nous avons vu hier la JIRSI 2023 qui s’adresse aux professionnels paramédicaux ayant des activités de recherche clinique. Parmi eux, il y a les IPA (Infirmiers de pratique avancée), profession qui doit trouver sa place dans les organisations de soins. Il y a 1600 IPA en France, et s’intégrer dans un système oblige de se confronter à la résistance au changement des autres professions… pas facile.
De nouveaux entrants dans le gâteau ‘recherche’ des établissements de santé
Je voudrai me concentrer sur les activités de recherche et de publication de ce métier IPA. C’est important car, en ce qui concerne les publications des IPA, la France est en retard par rapport aux pays anglo-saxons (voire très en retard).
Le système ne favorise pas l’arrivée de nouveaux entrants qui prétendent faire de la recherche, écrire des articles. Ce sont des activités valorisantes trustées par les médecins qui utilisent les articles pour leurs carrières et l’obtention de ressources de financement de leurs activités. Lors de formation d’IPA à la rédaction, j’ai observé les convenances diverses. Par exemple, des IPA font des recherches et écrivent des articles…. mais ne sont pas en première position dans les articles… ce n’est pas acceptable.
Les référentiels métiers des IPA
Un arrêté du 18 juillet 2018 décrit le régime des études pour le diplôme d’IPA. Les métiers sont très définis, avec détails et il y a des IPA dans 3 domaines : pathologies chroniques stabilisées, prévention et polypathologies courantes en soins primaires ; oncologie et hémato-oncologie ; maladie rénale chronique, dialyse, transplantation rénale.
L’annexe I décrit la pratique avancée infirmière avec :
- Référentiel d’activités : 1) Observation, recueil et interprétation des données dans le cadre du suivi d’un patient dans son domaine d’intervention ; 2) Prescriptions, renouvellement de prescriptions et réalisation d’actes techniques dans le cadre du suivi d’un patient dans son domaine d’intervention ; 3) Conception, mise en œuvre et évaluation d’actions de prévention et d’éducation thérapeutique ; 4) Participation à l’organisation du parcours de soins et de santé du patient ; 5) Mise en œuvre d’actions d’évaluation et d’amélioration des pratiques professionnelles ; 6) Contribution à des études et des travaux de recherche.
- Référentiel de compétences : 5) Mettre en place et conduire des actions d’évaluation et d’amélioration des pratiques professionnelles en exerçant un leadership clinique, avec par exemple ‘Mettre en œuvre une démarche d’EBN (Evidence based Nursing- pratique infirmière fondée sur les données probantes)’ ; 6) Rechercher, analyser et produire des données professionnelles et scientifiques.
- Ce point 6 du référentiel de compétences est très détaillé :
- Conduire une recherche documentaire et bibliographique.
- Analyser et synthétiser les documents professionnels et scientifiques.
- Identifier les données issues de la recherche et les innovations permettant de faire évoluer sa pratique.
- Définir une problématique de recherche et formuler un questionnement.
- Conduire des études à visée professionnelle ou pluri-professionnelle, contribuant à enrichir les connaissances, dans son propre domaine d’expertise en collaboration avec les partenaires concernés.
- Choisir et utiliser des méthodes et des outils d’investigation adaptés au sujet de recherche.
- Exploiter les résultats de l’investigation et les analyser en vue d’améliorer la pratique professionnelle et d’enrichir les connaissances professionnelles.
- Elaborer des documents professionnels et scientifiques destinés à des communications orales et écrites.
- Communiquer sur les pratiques professionnelles infirmières en pratique avancée et sur les résultats obtenus.
- Identifier les appels à projets de recherche dans son champ de compétences.
Le mémoire du master
L’annexe III de l’arrêté concerne le cahier des charges du mémoire qui doit être présenté à un jury. Je reprends, pour information, deux parties de ce cahier des charges :
1 Objectifs généraux du mémoire
Il s’agit, dans un contexte de pédagogie participative fondée sur le projet professionnel de l’étudiant, de former de futurs professionnels capables de s’interroger en utilisant les données probantes, d’analyser et d’évaluer leurs pratiques professionnelles, afin de contribuer à l’amélioration de la qualité des soins ainsi qu’à l’évolution de la profession d’infirmier en pratique avancée dans le système de soins
La rédaction du mémoire permet de mettre en relation et en perspective les apports des unités d’enseignement, les retours d’expériences faits à la suite des stages et une étude de la littérature.
3 Types de mémoire possibles :
En fonction de leur projet professionnel, les étudiants rédigent un mémoire qui peut s’orienter suivant différents axes :
- un mémoire bibliographique fondé sur une analyse critique de la littérature ;
- une analyse de pratiques professionnelles ;
- un mémoire consistant en une analyse critique, s’appuyant sur l’expérience clinique et s’inscrivant dans un champ théorique déterminé ;
- un mémoire de recherche.
Il est intéressant de constater les définitions qui qualifient un mémoire… C’est bien, car dans beaucoup de formations, il est demandé un mémoire sans préciser ce qui est attendu.
