C'est un exemple observé pendant mes vacances qui me donne l'occasion d'expliquer ces règles très connues des journalistes, mais totalement ignorées des scientifiques.
Je lis régulièrement un blog américain de Ivan Oransky qui liste les ruptures d'embargo. Et Ivan a remarqué un communiqué du journal Nature que Le Monde daté du 13 août (en kiosque le 12) avait publié une nouvelle sur un article qui n'était pas disponible, en attente de publication (en citant Nature 11 août). Cet article a été mis en ligne le lendemain par Nature (14 aoüt).
Donc un journal grand public (Le Monde) a communiqué une information qui aurait dû d'abord être communiquée aux scientifiques par Nature… Le Monde a volé la vedette à Nature… mais c'est une erreur reconnue. Il semble que le communiqué de Nature n'ai pas été suffisamment précis. Nous pouvons excuser Le Monde, et le féliciter d'avoir cette conduite. Un commentaire sur le blog d'Ivan Oransky donne des explications.
Des ruptures d'embargo sont fréquentes et peuvent avoir des conséquences.. avec certains impacts sur des valeurs boursières. Elles arrivent lors des congrès mondiaux, et aussi parce que des scientifiques influencent des journalistes.
Cette pratique bien connue des journalistes d'information est expliquée dans wikipedia. Les grands journaux scientifiques publient leur politique d'embargo. Ils communiquent les sommaires et articles en avance aux journalistes, sous réserve de ne pas communiquer l'information avant une date et une heure précises.
En sciences, en 1969, c'est un rédacteur du NEJM, qui a bien décrit cette politique, connue sous le nom de "Règle d'Ingelfinger". Son célèbre éditorial du 18 septembre 1969 est toujours d'actualité. En 1981, Arnold Relman, autre rédacteur célèbre du NEJM a défendu fortement cette pratique dans un éditorial "The Ingelfinger rule".
Nous pardonnons facilement Le Monde, et merci à Mr P Benkimoun pour ses informations.
