Comment fixer le prix
d’une revue, d’un article dans un système où l’article est unique est n’a pas
de concurrent : quand je veux cet article scientifique, je n’hésite pas
avec quelques autres avant de faire mon choix. Je ne suis pas au marché en comparant
les oranges avant de me décider. Le rapport sur l’étude des prix pour les
revues scientifiques (Allen Press, 2012) est excellent, à partir de données de
220 revues. Il est long à lire bien qu’il fasse que 20 pages, mais je le
recommande. Ce rapport est actualisé tous les 2 ans.
La problématique : les abonnements des revues scientifiques ont augmenté annuellement, aux USA, de 7,3 % depuis 20 ans… comparez avec les autres indices d’augmentation des prix ou regardez cette image. Le prix moyen d’un abonnement annuel à une revue du segment ‘health sciences’ aux USA est de 800 $. Les budgets institutionnels pour payer ces abonnements n'augmentent pas (voire l’inverse pour certaines bibliothèques). Des abonnements sont arrêtés pour les revues peu utilisées dont les prix sont élevés ; la politique des abonnements ‘groupés’ rend les négociations délicates entre institutions et maisons d’édition.
Avec l’arrivée de l’Open
Access (OA), dans un environnement où le consommateur ne veut plus payer ce qui est
‘sur le net’, comment les revues et leurs maisons d’éditions vont changer le
modèle ? Faut-il s’éloigner de l’abonnement pour d’autres modèles, comme
l’Open Access. L’OA n’est pas une source d’économie, il coûte aussi cher à
produire que les revues ‘papiers’. Ne
serait-ce qu’en France où la TVA d’une revue ‘papier’ est de 2,1 %, et la
TVA des revues électroniques de 19,6 %…
Nombreux sont les modèles : papier seul, papier et on-line au même prix
ou avec un supplément, on-line seul avec prix adaptés à chaque institution, PPV
(pay per view), accès limité à quelques heures ou jours sans téléchargement,
etc… Les archives deviennent gratuites
ou payantes…. Mettre les archives en
accès gratuit après 6 mois d’embargo ferait perdre presque la moitié des
abonnements d’après une enquête de ALPSP en mai 2012. Des Universités annulent
les abonnements pour passer au PPV. Mais ces institutions couvrent aussi les
APC (Article Processing Charges), c’est-à-dire les droits payés par les auteurs
lors de la soumission ou l’acceptation des articles (moyenne 900 $ par
article). Les revues en OA sont nombreuses, près de 7000 étant dans le DOAJ (annuaire des revues électroniques), mais quel
est le bon prix pour les APCs ??? L’OA n’est pas encore devenu un businnes
profitable, sauf pour quelques titres.
Il n’y a pas de solutions
universelles et simples…
Un commentaire
Apparemment, le bon prix actuel est tout simplement le maximum que l’éditeur se sent capable de soutirer à ses abonnés. L’augmentation anormale du prix par rapport à celui de la vie en est la preuve.
Il en est de même au cinéma : la vente de DVD permettant de multiplier par 5 les revenus des films, ceux-ci ont multiplié leur budget dans les mêmes proportions, et ne peuvent plus se suffire des revenus liés à la diffusion en salle (alors que celle-ci augmente toujours).
Pourtant, les meilleurs films du XXe siècle ont été réalisés sans revenus autres que la diffusion en salle.