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Publication double (avec auto-plagiat traduit) en urologie entre Mondor, La Pitié-Salpétrière et Aulnay-sous-Bois. Des auteurs qui connaissent les règles d’éthiques des publications, mais ne les respectent pas…

Points clés

Note ajoutée le 15 mai : un des co-auteurs, Dr M Rouprêt, m'a informé qu'il s'agissait d'un quipropquo et d'une mauvaise communication entre les auteurs. C'est possible, et en ce cas, je m'excuse et je confirme bien la probité des auteurs. Je n'ai pas la version du premier auteur, ni la confirmation de rétractation d'une des publications. Comme dit dans le titre de mon billet, je ne doute pas de la connaissance des règles d'éthique par les auteurs. Voir commentaires à venir en bas de ce billet.

Dupliquer les données dans la littérature complique le travail de ceux qui font des revues de littérature, trompe les lecteurs et nuit à l’intégrité de la science… ! Soumettre à 2 revues simultanément est une mauvaise pratique qui fait travailler inutilement des reviewers, et gaspille des ressources.

Le cas d’un homme de 53 ans avec un PSA à 5,62 ng/mL et un TR non suspect, a été publié 2 fois. Il s’agit d’une double publication (avec auto-plagiat en traduisant). Quelle est la revue qui possède l’antériorité ? Quelle est la revue qui doit rétracter l'article de la littérature ? Les revues sont-elles des victimes (innocentes ?). Les faits :

Case Report. Hepatitis C Transmission after Prostate Biopsy. Karim Ferhi, Morgan Rouprêt, Pierre Mozer, Guillaume Ploussard, Alain Haertig, and Alexandre de La Taille. Received 28 November 2012; Accepted 30 January 2013


Progrès uroCas clinique
. Un cas de possible transmission du virus de l’hépatite C au décours d’une biopsie transrectale échoguidée de prostate. A case of hepatitis C virus possible transmission following a transrectal ultrasound guided prostate biopsy. K. Ferhi, A. Haertig, P. Mozer, A. de la Taille, M. Roupret, E. Van Glabeke, M.-O. Bitker. Reçu le 21 décembre 2011 ; accepté le 3 janvier 2013. (On pourrait penser qu’il s’agit du 21 décembre 2012 et non pas 2011… Je ne sais pas… Soit Progrès en Urologie travaille trop lentement et répond en 12 mois, soit travaille trop vite et répond pendant les vacances de Noël).

Les titres ne sont pas les mêmes et je vous laisse apprécier les subtilités des titres…. ; regardez les 2 résumés en anglais !!!!   mais il y a bien pire…


 Cinq auteurs sont communs aux 2 articles, 3 établissements sont les institutions qui ont dû héberger ce malade…. mais ce n'est pas clair.  Il y a trois auteurs (G Ploussard, E Van Glabeke et MO Bitker) qui n’ont pas eu la permission d'être sur les 2 publications…   et peut-être que certains auteurs qui ont travaillé ont été oubliés….  Deux des auteurs sont dans le comité scientifique de Progrès en Urologie, donc ils connaissent les règles de publication. Personne n'a de liens d'intérêt. La revue Progrès en Urologie  a tendance à s'autociter (50 % des citations soit 3/6 sont de Progrès en Urologie !), et les références ne sont pas les mêmes dans les 2 articles : est-ce que l'un a été mieux reviewé que l'autre.. je ne sais pas.

Hindawi n'est pas une maison d'édition recommandable, avec adresses en Egypte et à New York : ils n'ont peur de rien car ils ont des principes d'éthique ! L'editorial board a 2 français, mais on ne sait pas qui est le rédacteur en chef de 'Case reports in Urology'. Le surnom de Hindawi : 'house of spam'

Que faire devant ces pratiques inadùissibles ? Deux stratégies :

  • La stratégie des pollueurs que je ne recommande pas décrite dans le billet d'hier (13 mai) : les auteurs soumettent leur article à un autre prédateur, et ils auront 3 publications sur leurs CV… Par exemple, s’ils envoient à la revue Intellectual Property Rights : Open access, ils sont sûrs d’être publiés dans le premier numéro, et les droits ne seront pas demandés si la soumission est avant le 24 mai 2013.
  • La stratégie des gens intègres : reconnaître sa faute, s’excuser auprès des lecteurs et sortir grandi de cette histoire banale. Il existe des règles pour publier une seconde fois et elles n’ont pas été respectées..  c’est évident…  Allez voir le site du groupe de Vancouver et ces recommandations existent en français aussi (lire pages 9 à 11). Ces 2 publications ne respectent pas les règles éthiques élémentaires : ne pas soumettre un article à 2 revues en même temps (sauf s'ils l'avaient mentionné dans les 2 lettres de couverture), prévenir la 2ème revue et avoir l'autorisation de la 1ère revue, etc…. Allez voir les diagrammes de COPE qui sont en français aussi. Reconnaître ses erreurs, pas facile, puisque même la HAS ne le fait pas….

Par contre, je me pose des questions, suite à ma participation au congrès de l'intégrité scientifique la semaine dernière. Ayant connaissance de ce cas, je me dois de questionner les revues avant d’éventuellement reporter ce cas à COPE (Committee On Publication Ethics) et à mon ami Ivan Oransky de Retraction Watch. J’ai croisé les responsables de COPE et Ivan la semaine dernière et nous avons évoqué les cas des revues françaises. Je vais contacter les rédacteurs des 2 revues (en mettant en copie les 2 auteurs correspondants) avec les questions suivantes :

  • Avez-vous été informé de la soumission simultanée de cet article (références), et est-ce que les auteurs ont signé un transfert de copyright, ou une déclaration avec leur qualification pour être
    auteur ? Est-ce que dans la lettre de soumission les auteurs se sont engagés à ne pas soumettre cet article simultanément à une autre revue ?
  • Avez-vous un moyen de vous assurer que les auteurs méritent la qualification d’auteurs car ils ne sont pas les mêmes sur les 2 articles ? Pensez-vous que tous les auteurs étaient informés qu’ils étaient auteurs ? Ont-ils été en copie de toutes les correspondances ?
  • Condamnez-vous ces pratiques de double publication ? Quelle sera votre réaction si ces auteurs vous soumettent à nouveau des manuscrits pour publication ?
  • Quel est l’article qui a été publié le premier ? Faut-il prendre la date d’acceptation, la date de mise en ligne, la date de publication dans la revue ?
  • Quelle mesure allez-vous prendre pour informer vos lecteurs de cette double publication, et pensez-vous publier une rétractation de l’article ?
  • Connaissez-vous les recommandations du groupe de Vancouver et les recommandations éthiques du Committee On Publication Ethics (COPE) ; toutes ces recommandations sont en anglais et en français sur les sites. J’ai supervisé toutes les traductions et peux vous assister pour prendre les bonnes décisions et respecter vos lecteurs.
  • Sans réponse de votre part, je me permettrai de contacter COPE pour voir quelle conduite à tenir serait souhaitable.

Soit les auteurs sont intègres comme notre confrère J Cahuzac et avouent en demandant de rétracter l‘article dupliqué, soit les avocats des revues s’en mêlent et s'opposent sur les dates de publication pendant des mois ; sans solution, COPE, et Retraction Watch auront un nouveau cas dans leurs bases…. Les faits sont clairs.

Liens d'intérêts : Je suis rédacteur adjoint d'une revue Elsevier (La Presse Médicale)

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6 commentaires

  • Merci pour cette langue qui n’est pas de bois.
    Progrès en Urologie est l’émanation de l’Association Française d’urologie et, quand je m’y intéressais, la qualité des publications était pour le moins « moyenne ». Les conflits d’intérêts y sont patents.
    Cela dit, votre billet pose le problème de la diffusion des articles dans le monde anglo-saxon : nombre de médecins ne lisant pas l’anglais ou ne lisant pas grand chose du tout ne peuvent être informés que par une publication en français. La traduction de l’article en anglais est chère et on préfère publier en modifiant le cas en français…
    Bonne journée.

    Répondre
  • Merci pour votre remarque. Il y a des règles pour publier dans les 2 langues, et c’est possible. Il faut dire quel est l’article princeps, le citer, avoir l’autorisation, en faire une version abrégée adaptée, et surtout les mêmes données, et les mêmes auteurs, etc.. tout est décrit en détail dans la convention de Vancouver, qui a une version française ; voir paragraphe III D 3 en page 10 http://www.icmje.org/french.pdf

    Répondre
  • Les auteurs ont reconnu une erreur de concertation entre les équipes, et le premier auteur a sollicité une rétractation de l’article de Progrès en Urologie. Cette réaction est professionnelle et témoigne d’une connaissance du fonctionnement du système des publications. Cette réaction rapide, explicite devrait prévenir des conflits larvés d’auteurs qui pourraient nuire à l’activité des services. Pardonner les erreurs est plus simple que de les cacher, comme nous l’avons constaté dans d’autres occasions sur ce blog.
    Je présente mes excuses, car mes propos ont paru violents aux auteurs.
    Deux remarques :
    1) je ne sais pas réellement quelle revue peut prétendre à l’antériorité, car les dates de publications ne sont pas explicites : quelles ont été les dates de mise en ligne des 2 articles ? peu importe si la décision des auteurs est de rétracter l’article de Progrès en Urologie et que la rédaction est d’accord, ce qui m’a été confirmé.
    2) ce sera, à ma connaissance la première rétractation d’un article d’une revue française ; ne reprochons rien car il vaut mieux se réjouir de la bonne décision de la rédaction, et de la réaction rapide des auteurs ; la plupart des rétractations sont dues à des erreurs, et sont la preuve du bon fonctionnement des revues.

    Répondre
  • Intéressant.
    Ces auteurs n’ont pas d’autre choix que de répondre ce que vous rapportez à présent, pas de quoi crier à l’honnêteté.
    Une fois dénoncés, ils regrettent. Avaient ils d’autres choix?
    Quand à la retraction, elle se fait attendre.

    Répondre

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