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Le tsunami attendu de l’Open Access : comment le système peut-il être crédible ? La science est vraiment pourrie

Points clés

ScienceNuméro thématique de Science sur la communication avec plus de 10 articles, dont l'un a fait le buzz. Un journaliste américain a créé 304 versions d'un article scientifique sur des travaux peu crédibles, dans un mauvais anglais, et a inventé des auteurs et des noms d'institutions. Allez voir sa méthode… Il a soumis cet article à 304 revues scientfiques en Open access (dont 137 listées comme prédatrices par J Beall) : 157 acceptations, 98 rejets et 49 en attente de réponse…  Tout ceci est publié dans Science le 4 octobre 2013.  Nous avions évoqué Ike Antkare de Grenoble qui avait mis des articles générés par ordinateur sur des sites et augmenté ses index…  et aussi l'acceptation d'un article généré par ordinateur par The Open Information Science Journal du groupe Bentham. Tout ceci a existé avant l'ére de l'électronique, ainsi que montré par Peters and Ceci en 1982…. des revues avaient refusé des articles déjà publiés dans leur revue sans voir qu'il s'agissait d'une re-soumission…
Tout ceci pose question sur le fonctionnement de certaines revues !!!

L'électronique a facilité la création de revues dites prédactrices, qui demandent une contribution financière à des auteurs prêts à publier à n'importe quel prix (et prêt à publier du positif !!). Et voila le travail : tout est accepté sans relecture par de nombreuses revues… Des revues de groupes d'édition prestigieux ont été prises…   mais pas PLOS ONE.

Ce n'est pas uniquement un problème de peer review, car la plupart de ces revues acceptent sans vraie relecture. Quand il y a des reviewers qui lisent les articles, la supercherie est démasquée. C'est partiellement un problème d'Open access qui a permis tous les abus, et de naïveté des auteurs qui soumettent en payant car leur objectif est de publier, pas de faire avancer la science. Attention, tout n'est pas à jeter dans l'Open access….   Est-ce que la science est pourrie se demandaient des chercheurs interviewés dans le NY TImes ? L'éditorial du même numéro de Science nous questionne sur de nombreux points.

J'ai un caractère schizophrène : sur le plan éthique, je ne trouve pas ces méthodes d'investigation acceptables, mais j'aime ces résultats objectifs…..   Et surtout merci à Hervé Morin, qui a publié une bonne analyse dans le Monde daté 5 octobre, et à Eric Lichtfouse pour m'avoir averti de ce tsunami sur le système des publications, et essentiellement l'Open Access. Il me faudra un peu de temps pour lire tous les commentaires qui sont par centaines sur des sites…) : sur Retraction Watch, sur Scholarly Kitchen, Michael Eisen, sur BMJ, Libération, et sur une quinzaine de blogs listés sur SV-POW    Certains accusent le journaliste, J Bohannon… avec des charges très sévères sur ses méthodes : voir DOAJ, et OASPA…   On en reparlera longtemps. Il est vrai que ce travail n'est pas très bien fait : Jeffrey Beall a trouvé des articles publiés, ce que Bohannon n'a pas vu, et certains de ces articles publiés ont été ensuite enlevés des sites… Je vous en ai sauvegardé un pour vous rendre compte : Journal of Pharmacy and Pharmacological Research ! encore appelé JPPR..  avec une possibilité de joindre le board à tout moment !!!

Cet article de Science est très critiqué : la méthodologie n'est pas excellente (non comparative notamment) et mal décrite… le fait que d'autres que l'auteur aient découvert des articles publiés est gênant ; cet article n'a pas été reviewé, ce qui n'est pas digne de Science…..  mais les données existent, quelle est réellement leur validité ???    Peters & Ceci en 1982 avaient été accusés de ne pas être éthiques…..

Morin H. Edition scientifique : la preuve par le canular. Le Monde 4 octobre 2013, 15h38

Bohannon J. Who's afraid of peer review? Science 2013;342:60-65.

Stone R, Jasny B. Scientific discourse: buckling at the seams. Science 2013;342:57.

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2 commentaires

  • La principale critique faite au sujet de l’article de John Bohannon en dit long sur l’état de putréfaction avancée dans lequel se trouve l’édition académique. Les lecteurs et blogueurs, qui sont, pour la très grande majorité d’entre eux, du « métier » (le style et les tournures de phrases trahissent immédiatement les trolls et les égarés) exigent de la « méthode », un « groupe de contrôle », bref, de la science dure, du solide… Honnêtement, ont-ils des doutes sur les résultats d’un groupe de contrôle pour cette « expérience »??? Si c’est le cas, alors plus aucune revue n’est crédible!
    En fait, je suppose que John Bohannon n’avait aucunement l’intention d’écrire un article à caractère scientifique. Il voulait plutôt démontrer une bonne fois pour toutes un secret de Polichinelle: une fraction majoritaire de l’OA est basée sur un gros mensonge, à savoir un travail de «peer review» réduit à rien du tout. En termes moins fleuris, OMICS et consorts, c’est d’la m… On le savait déjà, et à présent, on le sait encore mieux. Nous voilà bien avancés!
    Franchement, je ne vois pas trop comment critiquer la méthodologie appliquée par John Bohannon. A la limite, on pourrait plutôt discuter de l’utilité de son article. Soit dit en passant, il semble que l’article soit parfaitement en phase avec le personnage. D’après ce qu’en dit Wikipédia, il est biologiste, journaliste scientifique et danseur. « Bohannon is probably best known for creating the Dance Your PhD competition, in which scientists from all around the world interpret their doctoral dissertations in dance form. » http://en.wikipedia.org/wiki/John_Bohannon
    Ceci dit, les vrais journaux devraient se méfier et réagir au plus vite. Car s’ils sont emportés par la vague d’incrédulité qui va balayer l’OA, que restera-t-il? Rien. Juste un exemple, pris chez Elsevier: «Tetrahedron Letters» est un journal sérieux, respectable et respecté, publié depuis plus de 50 ans, avec un public parfaitement ciblé, un facteur d’impact normal, entre 2 et 3. Or, depuis deux ou trois ans, il est la cible d’attaques répétées, probablement justifiées. Oui, on y trouve des choses un peu étonnantes, des réactions non reproductibles, des rendements de synthèse de 98% qui s’avèrent être 9.8% (baaah, un « point » de différence, qu’importe si la méthodologie est correcte), des tableaux avec 30 réactions dont seulement les deux premières ont été effectivement réalisées, etc. Un fake, ça va, deux fakes, bonjour les dégâts!
    J’ai parfois la tentation, un peu narcissique il est vrai, de préparer une jolie lettre pour le courrier des lecteurs de Nature ou Science. En substance, je rendrais publique ma décision d’arrêter de publier à partir du 1er janvier 2014, pour une période de deux ou trois ans, avec l’espoir de voir la situation s’arranger durant ce moratoire. Après tout, on peut participer à un travail, et même rédiger tout l’article, sans pour autant y figurer comme auteur. Le protocole de Vancouver détermine qui sont les co-auteurs d’un article, et non pas qui ne l’est pas. Oui, l’argument est tiré par les cheveux, mais ça serait l’idée: refuser de cautionner un système éditorial qui s’effondre, sans pour autant s’arrêter de travailler.

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