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Dans un monde où la compétition tend à prendre la place sur le savoir, les dérives deviennent inévitables.

Points clés

COMETSJ'ai repris en titre une citation de Mme Lucienne Letellier, biophysicienne et experte auprès du comité déthique du CNRS, qui a publié une excellent billet dans le journal du CNRS. Le titre du billet "Osons parler de la fraude scientifique". Nous évoquons souvent les fraudes, probablement rares mais très médiatisées, mais la vie des équipes de recherche au quotidien montre que des petits arrangements deviennent l'habitude, avant d'aller vers d'autres dérives..  Le témoignage de Mme Letellier est sage, car il expose qu'aucun laboratoire n'est à l'abri, que toutes les sciences sont concernées, et qu'il est difficile de dénoncer une fraude. L'autre citation mérite réflexion, notamment par le dernier adverbe : L’expérience montre que la fraude, lorsqu’elle est révélée, laisse un traumatisme profond à ceux qui y ont été mêlés, quelquefois involontairement.

Ce billet de Mme Letellier permet d'annoncer le guide 'Promouvoir une recherche intègre et responsable' du comité d'éthique du CNRS (juillet 2014), et que nous avons déjà présenté. Il a été un peu complété, et il devrait être diffusé dans la plupart des institutions. Téléchargez ce guide et distribuez-le d'urgence à vos collaborateurs… 

Un voeu : que toutes les institutions mettent leur logo sur ce guide, plutôt que de faire d'autres guides, et que toutes réfléchissent à la version 2015 ou 2016, car il existe quelques marges mineures d'amélioration. Mais la science fait que la compétition entre les hommes peut empêcher mon voeu de se réaliser !

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4 commentaires

  • Bonjour,
    Merci pour ce billet.
    « aucun laboratoire n’est à l’abri » c’est certain, hier j’ai posté un extrait d’un document de Elizabeth Wager, experte auprès de COPE, dans lequel elle rappelle que « No country is immune from research misconduct. »
    http://www.unibiopress.org/PDF/pubethics-EW.pdf
    J’ai étudié depuis quelques semaines ce rapport du CNRS et je l’ai largement diffusé sur les réseaux sociaux. IL est certe très bien écrit et couvre plusieurs aspects même nouveaux (sur le Big Data, par exemple) mais il y a un certains nombres d’aspects qui n’ont pas été traités dans ce rapport.
    Je réalise bientôt une interview avec Mme Leduc, la présidente du Comité d’éthique du CNRS,qui sera publié sur le site ethics and integrity. J’ai eu un premier entretien téléphonique avec elle et j’ai trouvé une scientifique aimable, accueillante et ouverte.
    Ce qui est très important à mon avis c’est de compararer le services de l’éthique du CNRS (le comets) au département intégrité de l’INSERM (DIS). Pour ce dernier, pas de rapports, pas d’informations pour les chercheurs qui souhaiteraient le saisir, rien. Le comets (http://www.cnrs.fr/comets) mis à la disposition des scientifiques de nombreuses ressources et avis. Sa page web est facilement accessible et donne les infos nécessaires pour les contacter.
    L’existence de rapport est une bonne chose mais il reste la sanction de la fraude et surtout la protection des jeunes chercheurs qui refusent la fraude et s’opposent à leurs directeurs de recherche parce qu’il ne veulent pas co-signer des articles avec des données falsifiées.
    Le 2 octobre, Alain Delchambre, président de l’Université Belge ULB a démissionné parce qu’il avait plagié (peut être pas lui directement) un extrait d’un ancien discours de Jacques Chirac mais en France certains présidents d’univeristés continuent de protéger les fraudes et les violations de l’intégrité scientifique.
    Très cordialement,
    SM

    Répondre
  • Le journal Le Monde du 4 mai 1988 fit paraître une lettre d’Alexandre Grothendieck récemment décédé d’où est extrait ceci :  » Or, dans les deux décennies écoulées l’éthique du métier scientifique (tout au moins parmi les mathématiciens) s’est dégradée à un degré tel que le pillage pur et simple entre confrères (et surtout aux dépens de ceux qui ne sont pas en position de pouvoir se défendre) est devenu quasiment une règle générale, et il est en tout cas toléré par tous, y compris dans les cas les plus flagrants et les plus iniques. »
    Grothendieck mit par écrit ses réflexions dans Récoltes et Semailles – Réflexions et témoignage sur un passé de mathématicien consultable là : http://webusers.imj-prg.fr/~leila.schneps/grothendieckcircle/RetS.pdf
    Libération lui consacre aussi ceci : http://www.liberation.fr/sciences/2014/11/13/alexandre-grothendieck-ou-la-mort-d-un-genie-qui-voulait-se-faire-oublier_1142614

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  • Philippe Duroux, qui a signé l’article de Libération cité dans mon commentaire précédent, à signé le lendemain celui-ci ( http://www.liberation.fr/sciences/2014/11/14/l-inedit-de-grothendieck-fait-d-amour-et-de-haine-des-maths_1143070 ) d’où j’extrais :  » Il accuse, à tort, ses amis de le piller. Plus ils le citent pour lui rendre hommage et plus lui y voit l’envie de l’enterrer avec son œuvre. » Concernant ce point précis, l’opinion émise par Grothendieck sur le pillage des travaux des scientifiques,plus spécifiquement des mathématiciens, il convient sans doute d’être prudent. c’est toutefois là, pour ceux que l’histoire de la fraude et/ou des discours qui ont pu être tenus sur elle intéresse, un point de départ pour une recherche éventuelle.
    La dépêche donne un bref aperçu ariégeois (http://www.ladepeche.fr/article/2014/11/15/1991869-la-vie-secrete-d-un-genie-des-maths-a-lasserre.html)
    Grothendieck a fait l’objet d’un documentaire en 2013, dont on peut visualiser gratuitement un court et intéressant extrait : http://www.film-documentaire.fr/Alexander_Grothendieck,_sur-routes_un_g%C3%A9nie.html,film,39661
    En browsant, on trouve une miraculeuse multiplication de billets. J’ai pour ma part lancé quelques coups de sonde dans Récoltes et semailles en me promettant d’y revenir.

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  • Sur un site sans doute peu familier à vos lecteurs, on trouve une interview de Christian Escriva qui connut personnellement Alexandre Grothendieck. Escriva avance : « La lecture du texte autobiographique Récoltes et semailles qu’il a écrit en 1988 alors qu’il habitait encore Mormoiron et qui est à mon avis impubliable laisse à penser qu’il vivait dans une sorte d’amertume, voire d’aigreur. Il se plaint beaucoup dans ce texte que ses idées ont été « pillées » à partir du moment où il a quitté la scène des mathématiques. Mais ceci n’est qu’un aspect de ses dispositions intérieures. » http://www.reporterre.net/spip.php?article6576

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