J’ai été interrogé par Jeffrey Beall qui tient un registre des revues prédatrices et des revues prises en otage. Il suspectait que la revue Fourrages, publiée par L’Association Française pour la Production Fourragère, avait été piratée, copiée et prise en otage par des prédateurs. A première vue, j’ai eu du mal à voir la supercherie. J’ai cru, à tort, qu’il s’agissait de la version anglaise de Fourrages, sans que les liens entre les versions françaises et anglaises soient explicites…. Investigation et confirmation : Fourrages a été ajouté le 15 juin 2015 à la liste des Hijacked Journals.
La rédaction de Fourrages a confirmé avoir suspecté cette supercherie depuis quelques semaines. Je n’avais pas vu des choses simples : la rédactrice en chef, Françoise Vertes, est devenue Françoise Green dans la version anglaise ! S’appeler Vertes ou Green est vraiment super pour la revue Fourrages ! Les articles de la version anglaise ne sont pas ceux, traduits, de la version française. Comparez entre la vraie revue Fourrages, et la revue des pirates (en anglais)… (note du 15 décembre 2016 : la revue anglaise a disparu et le lien ne marche plus… J’ai les copies d’écran de la revue anglaise) vous serez étonné. La revue pirate, appelée Fourrages aussi, avec les mêmes couleurs, contient beaucoup d’articles.. d’où viennent-ils ? (note du 11 janvier : j’apprends par J Beall qu’il existe un moyen de rechercher les archives déconnectées avec le lien https://web.archive.org/web/20160307182539/http://agriturismosi.com/).
Que faire ? Fourrages a alerté son hébergeur, mais que peut-il faire ? Rien.. Ils vont écrire aux pirates, mais ce sera difficile. L’objectif des pirates est uniquement de faire un peu d’argent en piégeant des auteurs naïfs qui soumettront des articles qui seront acceptés très vite, après un supposé peer review. Si ces pirates se sentent menacés (situation très rare), ils changent immédiatement leur système, et les identifier est presque impossible.
Ce n’est pas la première revue française piratée.
Note du 31 janvier 2020 : la première revue anglophone pirate décrite ci-dessus, qui a disparu fin 2016 environ, rien ne s’est passé jusqu’à fin 2019… Puis nouveau piratage de Fourrages décrit dans ce billet de janvier 2020.
Un commentaire
Paraît-il ces pirates ne sont pas des francophones ils ont utilisé google translate (Vertes/Green).
Ces pirates ont oublié de modifier l’image de leur site: des moutons et des bottes de foins.
Leur dernier numéro (221) comprend uniquement des noms Iranien; en plus ces articles ne contient pas d’email de correspondance de l’auteur!
Le centre de recherche français CIRAD (Recherche agronomique pour le développement) vient de publier « Eviter les éditeurs prédateurs (predatory publishers) en 4 points » http://coop-ist.cirad.fr/aide-a-la-publication/publier-et-diffuser/eviter-les-editeurs-predateurs/1-qu-est-ce-qu-un-editeur-predateur que je trouve très intéressant vu d’une part il est simple, claire, et à jour (pas de mention de DOAJ, dans liens utiles on trouve la référence de ce blog (Maisonneuve H. 2015)).
D’autre part il y a très peu de documentation francophones sur le sujet: Une recherche sur Google « predatory journals » il y a environ 14 200 résultats/contre 673 pour « revues prédatrices »; si vous limiter la recherche de cette dernière (1jour) il n’y a que « Rédaction Médicale et Scientifique » qui en parle!