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Un crime contre le peer review : encore des usurpations d’identité !

Points clés

BJCPDescription détaillée et bien faite d’un auteur qui a inventé les emails de reviewers qu’il a suggérés. Le British Journal of Clinical Pharmacology a publié un éditorial intitulé « Organised crime against the academic peer review system ». Il est co-signé par des rédacteurs hollandais, anglais, américains, indiens, australiens… mais pas de chinois. Ils s'excusent auprès des lecteurs, et expliquent le cas. C’est à lire (accès gratuit), et à conserver, pour découvrir :

  • Que tout rédacteur peut se faire piéger s’il n’est pas extrêmement vigilant ;
  • Les verbatims des avis de lecture reçus par la rédaction : la ‘box 2’ les publie et c’est trop beau pour y croire : ‘The manuscript was properly organized, with rich contents and reasonable methods’.. c’est écrit par l’auteur caché derrière le faux reviewer !
  • Qu'il faudrait privilégier les adresses emails institutionnelles (mais 25 % des chercheurs ne les utilisent pas !).

Les auteurs de cet éditorial ont évoqué un crime : oui, on pourrait qualifier cela de crime… mais les tribunaux ne sont pas armés pour condamner les mauvaises conduites des scientifiques.. d’autant plus qu’il faut aller en Chine pour attraper ces escrocs.

Le phénomène est connu : est-il en augmentation ou en voie de disparition du fait de l’identification de ces escrocs ?

Merci à Alexandre Vivot, et à Nicolas Venisse

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5 commentaires

  • Même si ce n’est pas (encore) la panacée, ORCID évite pratiquement toute tentative d’usurpation d’identité une fois celle-ci établie, à moins de transmettre ses identifiants à des tiers (et encore, cela sera détecté par le véritable titulaire). Et soit dit en passant, ORCID n’utilise pas une adresse mail institutionnelle comme un critère validant. Par contre, s’inventer une identité doit être possible, et cela est probablement imparable. Ceci dit, le profit (académique) qu’on pourrait en tirer est proche de rien du tout: personne ne va embaucher quelqu’un qui n’existe pas.
    Je peux me tromper, mais si les journaux restreignent leurs viviers d’arbitres à des collègues reconnus pas ORCID, l’histoire décrite dans le BJCP ne se reproduira pas.

    Répondre
  • à « tout rédacteur peut se faire piéger s’il n’est pas extrêmement vigilant » je préfère  » la grande majorité des redacteurs n’est pas vigilant »
    Qu’un auteur puisse suggérer ses reviewers est du grand n’importe quoi
    Qu’un rédacteur choisisse un reviewer sans connaitre son type d’activité, ses conflits (culturels ou financiers) comme c’est le cas actuellement le plus souvent est hallucinant.

    Répondre
  • depuis, dans le BJCP, les reviewers proposés par les auteurs ne peuvent etre sélectionnés sans avoir été googlés. Pour les reviewers que les « executive editors » choisissent eux-mêmes, ce sont des personnes que en général ils connaissent personnellement, ou qu’ils choississent à partir de la littérature, celle citée dans l’article, mais aussi celle identifiée par medline. Il m’est arrivé une fois d’identifier par medline une référée qui avait l’air parfaitement dans la cible: elle m’a gentiment dit que cela la gênait parce qu’elle était co-auteure du papier: j’avais pourtant vérifié, mais ne l’avais pas vue. Cécité psychique, espoir d’avoir enfin trouvé enfin un référé adéquat?
    Le choix des référés est un art difficile. Il y a énormément de refus, et en désespoir de cause on se résout à ceux proposés par les auteurs (surtout si on les connait), où à des collègues qu’on peut coercer ou supplier de reviewer par faveur personnelle. Ce n’est pas simple parfois. Peut-être est-ce un signe: les bons papiers sont souvent reviewés très facilement (deux des trois premiers reviewers acceptent). Pour d’autres après 10 à 15 refus j’en suis réduit à les reviewer moi-même, en plus du reste. Le nombre de refus est-il un signe de moindre qualité?
    Nous avons certainement tous une responsabilité de qualité du reviewing, au moins pour les revues sérieuses (et le BJCP en est certainement une!). On parle souvent de la charge que représente le reviewing, rarement de ce que cela représente pour les éditeurs, le plus souvent bénévoles (sauf les très grandes revues commerciales (BMJ, Lancet, NEJM)). Passer des heures à chercher des référés, cela use, et pendant ce temps ses propres articles ne s’écrivent pas!
    Un éditeur exécutif du BJCP

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  • Merci pour tous ces commentaires utiles. Effectivement, ORCID devrait être un progrès. D’accord avec A Braillon, car peu de revues fonctionnent très bien (il en existe), et beaucoup de rédacteurs ne font pas attention.
    Pour les remarques, sur la valorisation de l’activité de reviewer, c’est fondamental… mais cela passe probablement par le peer-review ouvert, et/ou la publication des avis des reviewers sur des sites comme Publons http://www.h2mw.eu/redactionmedicale/2015/11/publons.html
    Il existe des controverses sur le peer-review ouvert, mais les preprints nous y mènent doucement.
    Relire un article demande beaucoup de travail et c’est une activité académique : les avis seraient valorisés sur les CV (au lieu d’écrire, je suis relecteur pour xx revues prestigieuses sans informations, il faut donner les liens aux avis de lecture). Relire est un travail formateur et les systèmes américains de formation attribuent des crédits de formation aux relecteurs.
    Je n’ai pas l’expérience, mais j’ai lu que les anglais commenceraient à lister les avis de lecture sur les CV : qui a des informations ?

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  • le peer-review ouvert … je pense que c’est ce que fait le BMJ. Les critiques des reviewers, leur nom et les réponses des auteurs sont accessibles en ligne pour les articles publiés
    C’est très bien.
    Il faut aller plus loin. Il faut aussi que les critiques des articles rejetés soient accessibles. C’est un peu plus compliqué. Il faut que les editeurs travaillent de concert, que les auteurs indiquent les soumissions antérieures et surtout que les reviewers traquent les publications des articles qu’ils ont rejetés. PubMed Commons peut être adapté pour commenter les articles publiés après rejet. Par exemple, j’ai analysé un article avec gros biais méthodo tout à fait basique (lead time bias) et l’éditeur a rejeté l’article. Les auteurs ont ressoumis dans une revue médiocre qui a accepté l’article (non modifié par les auteurs) et en plus l’éditeur a rejeté une lettre à la rédaction soulignant le biais méthodo

    Répondre

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