Ce livre est bienvenu, et il énonce clairement des pratiques que parfois nos institutions préfèrent ne pas voir. D’ailleurs le chapitre 14 a pour titre « L’omerta française ? ». Il n’y a pas de langue de bois
Même pour des experts avertis, il y a des informations nouvelles. Par exemple, je ne savais pas que le Pr GE Séralini (l’hoomme aux rats) qui fait croire que les OGM provoquent des cancers, à partir d’une étude bricolée, était financé par des chemins détournés qui mènent à Auchan et Carrefour (page 108). Ce livre n’oublie pas de nous rappeler les pratiques troubles de publications de D Raoult à Marseille… triste (page 82).
Le titre sur la malscience permet de proposer un mot nouveau ! Bravo. L’auteur, Nicolas Chevassus-au-Louis, docteur en biologie, historien et journaliste a déjà écrit plusieurs ouvrages, dans la même collection du Seuil, Science Ouverte. C’est courageux de publier ce qu’il raconte. Son expérience en biologie évite de rencontrer des approximations dans ce livre : bravo. Il faut le soutenir, car quelques « élites » pourraient dénigrer. Il y a plus de chapitres sur le versant noir de la recherche en science que sur des propositions constructives qui apparaissent dans le chapitre 15 « Pour une science lente ? ». C’est la réalité car les négligences des chercheurs commencent à mettre en péril tout l’environnement scientifique. Peu nombreux sont ceux qui essayent de renverser ces tendances. Quand 50 % des articles sont embellis, et que largement plus de 70 % des chercheurs admettent n’avoir pas pu reproduire des expériences, y compris leurs propres expériences… il y a urgence.
Beaucoup d’informations sur des cas français, avec des détails. Il y 16 chapitres en 200 pages : 1) Fraudeurs en série ; 2) Grands fraudeurs, petits menteurs ; 3) Raconter, frauder ? 4) La recherche qui trouve ; 5) Cuisine industrielle ; 6) Concurrence libre et très faussée ; 7) Comment publier sans chercher ; 8) Qui paye décide ; 9) Plaire au chef ; 10) Littérature toxique ; 11) Frauder tue ; 12) Dans la jungle de l’édition scientifique ; 13) Après le déni ; 14) Omerta française ? 15) Délinquance scientifique ? 16) Pour une science lente. En annexe, la déclaration de Singapour.
Ce livre devrait rejoindre les best-sellers que nous connaissons :
- La souris truquée : enquête sur la fraude scientifique, de W Broad et N Wade, livre américain traduit en français (1982)
- L’imposture scientifique en dix leçons, de Michel de Pracontal en 2005.
PS : je remercie Le Seuil et l’auteur qui m’ont adressé un exemplaire (j’en ai aussi acheté un autre à offrir).