Félicitons tous les acteurs de cette saga extraordinaire ! Nous avons l’habitude de parler de cas de vols de données par des relecteurs ayant à expertiser un manuscrit, mais très rares sont les cas établis, ayant eu une solution. Le 13 décembre 2016, les Annals of Internal Medicine ont mis en ligne (accès libre) deux articles d’une page chacun. Les mots sont ciselés et tout est clairement dit :
- Dear plagiarist: a letter to a peer reviewer who stole and published our manuscript as his own, par Michael Dansinger, Tufts Medical Center, Boston. Dans la rubrique Ideas and Opinions des Annals : à lire car c’est très bien écrit sans être racunier, alors que le préjudice était majeur.
- Scientific misconduct hurts par Christine Laine, rédactrice en chef des Annals. La confidentialité des relecteurs pose problème !
M Dansinger a soumis un article (analyse secondaire d’un énorme travail) aux Annals. Son article a été refusé en juillet 2015. Il a trouvé son article, ses données avec des modifications majeures (patients européens n’ayant jamais existé), en juillet 2016 dans une autre revue. Le relecteur était parmi les auteurs de cet article. Contacté par les Annals, le relecteur/voleur a reconnu les faits. Les Annals ont informé la revue concernée, et les auteurs ont publié une note de rétractation. Les Annals ont informé l’Institution du voleur, et l’Institution…….
La lettre de Dansinger est polie, bien écrite et établit le préjudice. Le vrelecteur/voleur n’est pas explicitement cité. L’éditorial de C Laine attire l’attention sur le comportement des relecteurs, le plagiat, l’invention de données, le rôle passif des co-auteurs du voleur car ils n’ont jamais demandé à voir les données, … tout ceci pose problème.
Est-ce que le peer review ouvert diminuerait ces comportements ? RetractionWatch a questionné les protagonistes… Ce cas décrit dans les Annals, avec des preuves, est unique. Quelles conséquences pour le voleur ?? Aucune ?
Que faire ? Une fois, un relecteur nous a volé une bonne idée. Notre article a traîné dans la revue, a été refusé. Quelques semaines après, le même travail (initié après notre soumission) a été publié dans une revue prestigieuse. Revue prestigieuse, auteurs du domaine, nous n’avons rien pu faire….. Avoir des preuves est une chose, alerter le système demande de l’énergie et quand vous n’êtes pas américain proche de la revue, vous pouvez crier…
Avez-vous une expérience ?
Merci à Michel Vanhaeverbeek
4 commentaires
Bonjour Hervé , merci de m’avoir remercié , mais celui qui a attiré mon attention sur cette lettre des ANNALS est un excellent collaborateur et ami , le Dr Thibault Richard , à qui revient donc tout le mérite…
Amicalement , Michel Vanhaeverbeek.
le problème est le même, voir encore plus important avec les jurys d’appel à financement de projet où des experts d’un domaine (souvent affilier à des centres importants, avec moins de difficulté à trouver des financements) vont retoquer un projet pour ensuite reprendre l’idée à leur compte
Merci pour ce commentaire sur les jurys qui volent des idées… C’est vrai.
Merci à Thibault Richard pour l’info via un collègue
HM
Bonjour,
Il m’est arrivé presque la même mésaventure il y a 25 ans avec la revue disparue Journal of Craniofacial Genetics and Developmental Biology. J’avais envoyé un article sur la culture in vitro d’arcs viscéraux d’embryons de souris, revenu avec une conclusion « sans intérêt » (sans analyse détaillée), et quelques mois après un article américain sur le même sujet était publié par la même revue…Là pas de preuve, mais de fortes présomptions…On peut toujours croire aux coïncidences…