Tout est regrettable dans cette histoire compliquée à propos d'un premier article qui n'aurait pas dû être publié, qui n'aurait pas dû être rétracté sur des arguments faibles, qui n'aurait pas dû être republié avec d'autres complices, etc…. Mais jamais personne n'arrivera à s'entendre pour faire une très bonne étude collaborative qui pourrait apporter des arguments de réponse : il existe une différence entre pseudo-science et bonne méthodologie scientifique…..
J'évoque cette regrettable histoire parce que l'on vient d'avoir communication d'emails internes de Monsanto montrant bien que Monsanto a tout fait pour influencer les divers protagonistes. De même Séralini a tout fait pour bien communiquer et influencer les décideurs sans dire que son association CRIIGEN était financée par la grande distribution (Auchan et Carrefour), etc…
Lisez le billet long et détaillé de RetractionWatch (10 août 2017) si vous voulez en savoir plus sur le rôle de Monsanto (Bayer maintenant). Vous verrez des copies d'emails internes de Monsanto… Lecture attentive conseillée car c'est compliqué.
Conflits d'intérêts, croyances plutôt que preuves scientifiques, non-réplication des expériences, manipulations diverses existent dans ce dossier compliqué… mais transparence, collaboration, ouverture des données sources pour ré-analyses ne sont pas à l'ordre du jour… Donc l'opacité peut continuer….
Une excellente analyse de 2014 mériterait actualisation : elle a été proposée par Florence Piron, Université Laval, Canada. Deux articles vous plairont : "L’affaire Séralini et la confiance dans l’ordre normatif dominant de la science" avec la partie 1, et la partie 2. En bref, en absence de bonne science, les divers lobbies communiquent et s'affrontent… cette affaire n'est pas terminée.. car ce sont des enjeux financiers, sociétaux et culturels qui influencent les croyances, en absence de connaissances partagées par les protagonistes. Autant utiliser l'astrologie pour nous aider à décider.
2 commentaires
1 – Bien évidemment, dire qu’un article n’aurait pas dû être publié, et (en même temps) dire qu’il n’aurait pas dû être rétracté est une contradiction insurmontable. Mais ajouter qu’il n’aurait pas dû être publié, ni par ailleurs « rétracté sur des arguments faibles » ne lève pas la contradiction, puisque, si les arguments pour la rétractation sont faibles,on ne peut plus dire que l’article n’aurait pas dû être publié.
2 – « Tous menteurs » vraiment ? Ce n’est certainement pas le cas pour Gilles-Eric Séralini et son équipe, puisque la revue Food and Chemical Toxicology a très explicitement reconnu que l’article n’était pas frauduleux.
3 – » sans faits établis sur de bonnes méthodes » : de qui parle-t-on ici ? La revue Food and Chemical Toxicology a publié en novembre 2013 16 lettres à la Rédaction de la revue ainsi qu’une réponse des auteurs de l’article en cause (cf. pages 440-475 du volume 53 de la revue). Au total, 44 chercheurs et 2 sociétés savantes ont exprimé de sérieuses réserves dans les 16 lettres mentionnées, lettres qui sont évidemment dans le domaine public. L’ absence de « faits établis sur de bonnes méthodes » se trouve être précisément le consensus qui se dégage de ces critiques.
4 – « une affaire qui nuit à la science » vraiment ? Valait-il mieux ne rien dire devant un article scientifique présentant des failles méthodologiques avérées ? On peut tout aussi bien soutenir que cette affaire est tout à l’honneur de la science.
Merci de corriger novembre 2013 en mars 2013 pour la date de publication des 16 lettres à la Rédaction de FCT.
Avec toutes mes excuses