Il y a de grosses pressions pour accélérer le Plan S que nous avons présenté en septembre 2018 avec le titre : "Disparition des 'paywall' pour 2020 : un voeux pieux ou une prédiction réaliste". Le site dédié au plan S contient régulièrement de nouveaux documents. La pression est forte, mais les résistances méritent réflexion.
Très nombreux sont les articles en faveur ou contre le Plan S, et ceux qui s'opposent sont anormalement accusés de vouloir défendre les éditeurs. Sur Scholarly Kitchen le billet a pour titre : "Avez-vous des inquiétudes au sujet du Plan S ? Alors vous devez être un hypocrite irresponsable, privilégié et complice.". Ce billet liste de très nombreuses sources de discussions. Il revient surtout sur une lettre ouverte signée par 1447 chercheurs dont 31 français (au 2 décembre 2018) pour attirer l'attention des dangers su plan S. Cette lettre ouverte est claire et commence ainsi :
Nous soutenons le libre accès (OA pour Open Access) et le Plan S est probablement écrit avec de bonnes intentions. Cependant, le Plan S, tel qu'il est actuellement présenté par l'UE (et plusieurs agences nationales de financement) va trop loin, est injuste pour les scientifiques impliqués et est trop risqué pour la science en général. Le Plan S a des conséquences profondes, ne prend pas suffisamment en compte les désirs et les souhaits de chaque scientifique et crée une série de situations irréalisables et indésirables :
- L'interdiction totale des revues hybrides (de sociétés savantes) de haute qualité est un gros problème, surtout pour la chimie. [voir le développement dans la lettre]
- Nous nous attendons à ce qu'une grande partie du monde ne soit pas (entièrement) en phase avec le Plan S. [voir le développement dans la lettre]… USA, Chine, Asie…sont peu informés ; Allemagne, Suisse, Belgique, Espagne.. ont des résistances ?
- En mettant fortement l'accent sur le modèle de publication Gold OA, selon lequel les chercheurs paient des APC élevés pour chaque publication, le coût total de la diffusion savante augmentera probablement au lieu de diminuer dans le cadre du Plan S.
En bref, le Plan S est une violation de la liberté académique…. Parmi les signataires, il y a 31 français, et je vais signer. Derrière le plan S, il semble exister quelques lobbies (en favorisant d'autres éditeurs), et cette volonté de détruire des métiers, au prétexte de rejeter un modèle économique profitable n'est pas raisonnable. Je ne suis pas en faveur de la profitabilité trop élevée, mais détruire des métiers est un risque plus grand : les décideurs académiques pensent pouvoir recréer ces métiers au sein des institutions…. un rêve ?