Le cas de Mart Bax est exemplaire de la lenteur pour mettre en évidence les fraudes de certains chercheurs. Mart Bax, encore vivant, a pris sa retraite en 2002 et ses fraudes ont été décrites après sa retraite, bien que des soupçons majeurs aient été identifiés dès 1995. Neuf de ses articles ont été rétractés, dont 7 récemment, et la première rétractation est de 2014. La fiche Wikipedia résume quelques aspects de sa vie. Le site RetractionWatch reprend les rétractations.
C'est dans la revue Ethnologia & Europaea qu'un article et un éditorial reviennent sur la vie de ce fraudeur hollandais, le plus important après Stapel. L'auteur de l'article est Peter Jan Margry de l'Université d'Amsterdam, et cet anthropologue a travaillé sur les pélerinages comme Bax. En 12 pages, c'est un roman facile à lire avec tous les détails. L'anthropologie utilise l'anonymisation des données pour protéger les informateurs, et Bax a aussi anonymisé les lieux de pélerinages… si bien anonymisés, que même les spécialistes comme P Margry, après rendrez-vous avec Bax, ne pouvaient pas localiser les sources des recherches de Bax !!!! Trois sites ont été inventés par Bax dans trois pays : Irlande, Hollande et Bosnie-Herzégovine. L'article contient de nombreux témoignages de spécialistes ou collègues de Bax ayant des soupçons. Comme c'est l'habitude, les chercheurs du même labo ne rapportaient pas de soupçons alors qu'ils étaient les mieux placés pour savoir.
Les dates principales : soupçons en 1995 par Peter Margry… il rencontre Bax qui dément et ne veut pas donner les localisations de ses recherches. Puis en 2012, par hasard, un jounaliste enquête sur des fraudes et rencontre P Margry. Le journaliste évoque Bax dans un livre puis les journaux hollandais et Free University engage une commission d'enquête en juillet 2013. Conclusion de l'enquête : fraudes avérées, presque avouées et non démenties par Bax lors des auditions, et surtout 64 articles des 161 du CV de bax n'ont pas existé. Puis en 2019, analyse de la thèse de Bax (non faite par la commission universitaire), divulguée par un journal hollandais… Que faire ? La thèse est toujours archivée sans avertissement…
Bonnes réflexions dans l'article : limites de l'anonymisation, utilité du peer review pour détecter des fraudes,…
Dans un éditorial de ce même numéro de Ethnologia & Europaea, les deux rédactrices en chef reviennent sur le car et annoncent la rétractation de 7 articles de Bax dans leur revue (articles de 1988 à 2000). C'est bizarre : à l'occasion de la migration du site internet de leur revue, ces 7 articles disparaissent… ils restent dans les numéros papiers de la revue.
Ce cas me rappelle surtout celui de Cyril Burt... dont les fraudes ont été décrites après sa mort.
Ethnologia Europaea is an interdisciplinary, peer-reviewed journal, founded in 1967, focusing on European cultures and societies. In 2015 it was adopted by the International Society for Ethnology and Folklore (SIEF) as its flagship journal. Ethnologia Europaea is a membership journal supported by the International Society for Ethnology and Foklore and funded by the Nordic Board for Periodicals in the Humanities and Social Sciences (NOP-HS).