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ressemblances troublantes 1

Un roman super sur le plagiat, avec une précision et qualité qui font penser que tout est vrai

Points clés

J’ai été impressionné par ce roman au titre qui donne envie de voir de quoi il s’agit. Ressemblances troublantes est un roman (L’Harmattan, 2023 ; 228 pages), avec un nom d’auteur à la Emile Ajar et une histoire dont on pense obligatoirement qu’elle est vraie. Pourquoi ? La finesse, l’exactitude des mots, des qualifications sur une histoire de plagiat m’ont convaincu qu’il s’agit d’un vrai cas..  mais je ne sais pas qui se cache derrière..  vous pourrez deviner en lisant. Ayant une expérience du plagiat en ayant traité des cas, et en ayant été témoin dans un procès, j’atteste de la qualité de ce roman.

Irma découvre qu’elle a été plagiée par un pseudo-chef

Je reprends la C4 du livre : D’origine fanfarienne, mais vivant depuis longtemps en Merkanie, Irma a quitté l’université où elle enseignait et choisi une autre voie. Un jour cependant, elle décide de remanierressemblances troublantes un travail académique inédit qui dormait dans ses cartons pour le publier. À cette occasion, elle découvre qu’il a été plagié par Iphicrate, un universitaire fanfarien. Auprès de qui se plaindre ? À qui ? Comment Iphicrate s’est-il procuré son manuscrit ? Après beaucoup de tâtonnements, après avoir notamment envisagé de porter l’affaire devant une juridiction universitaire, Irma, dûment guidée par son avocate, décide d’assigner Iphicrate devant la justice civile. Elle ne sait pas encore dans quel engrenage elle vient de mettre le doigt ! Après avoir acquis une certaine expérience de la vie dans la réalité, Irma Bernard mène une vie libre au pays de la fiction.

J’ai lu avec attention car les terminologies juridiques demandent attention, et tout est réaliste. C’est la vraie vie, à savoir le chemin de croix du plagié qui décide d’aller en justice contre un plagiaire..   Classique, le plagiaire va attaquer avec des arguments de mauvaise foi pour faire flancher moralement le plagié..  avec appel, cassation…  plusieurs années où la vie familiale et la vie professionnelle sont affectées.

Quelques citations réalistes

Je reprends un peu au hasard des phrases qui ont retenu mon attention (je cite la source pour ne pas être accusé de plagiat) :

page 36 : ‘Un site helvétique, donc fanfarophone, quoiqu’en situation d’extra-territorialité par rapport à l’université fanfarienne, déplore lui aussi l’omerta académique et donne d’intéressants conseils aux plagiés… et aux plagiaires. En sus de tous les vrais conseils et encouragements à ne pas se laisser faire, Irma retient ce conseil ironique à l’adresse des plagiés : ne pas faire état de son affaire dans les dîners en ville.’

pages 52 et 53, Irma découvre la condescendance et le déni du plagieur, un prof qui ne se remet pas en cause. De plus il a des soutiens parmi ses pairs ! ‘Plus grande est sa surprise de constater que l’auteur de la seconde lettre n’est autre que le grand ponte à qui elle s’était ouverte de ses doutes un an plus tôt. Dit vulgairement, ce monsieur a retourné sa veste‘….   et page 57 : ‘Est-ce que l’université fanfarienne n’est pas réputée justement pour protéger ses membres ?

Page 56 : ‘Pour un emprunt de quelques lignes, dans lequel certes, il la cite en note, mais n’a pas délimité par des guillemets ce qui est de lui et ce qui est d’elle, il dit avoir oublié les guillemets quand il prenait des notes et ne plus savoir exactement ce qui était de lui et ce qui était d’Irma’.

Le parcours d’Irma dure plusieurs années, avec des hésitations, le soutien de l’entourage. Elle a voulu une procédure civile plutôt que solliciter les instances universitaires. Je pense qu’elle a raison car les instances universitaires ne prennent que rarement des sanctions…. du type blâme, avertissement, etc..  sans conséquence. Mais le coût d’un procès est à considérer, d’autant plus que le plagieur est souvent protégé par l’université !!

Page 78 : ‘Le défendeur commence par opposer la brillante carrière qui l’a conduit au pinacle du prestige académique à l’ « échec » de la carrière d’Irma‘. Classique, et j’ai déjà entendu ce type d’argument !!

Il y a tout dans ce livre : les doutes du plagié, l’arrogance et la supériorité du plagieur. La contrefaçon qui doit être prouvée est très bien expliquée : les plagiés doivent bien comprendre ces notions juridiques.

Et sur la fin arrive le référent intégrité scientifique qui vient d’être nommé. En page 177, c’est très réaliste : ‘Le référent pour l’intégrité est dans une position inconfortable, il le dit lui-même : l’institution – le président, beaucoup de professeurs – ne veulent pas bouger‘. C’est du vécu !

Les comptes pour des procès gagnés avec huit ans de procédures : 49 000 € de dépenses, 21 000 € de dédommagement par les tribunaux… donc tout cela a coûté 28 000 € pour gagner ! Pendant que l’universitaire plagiaire n’a probablement rien payé, couvert par son employeur.

Je ne dévoile pas la fin du roman..  avec des citations de Georges Perec qui a tout dit.. à relire aussi.

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3 commentaires

  • Merci pour votre suivi actif du monde de l’édition… Je cours acheter le livre !
    Le plagiat, pour autant que je sache, n’est pas reconnu comme un délit, il faut attaquer pour contrefaçon… ce qui complique la vie des plagiés.
    Quand on voit le président du CNRS, Antoine Petit, considérer que le plagiat n’est pas de la fraude, ou quand on voit ce plagiaire compulsif qu’est Etienne Klein servir de pigiste à la mode d’hebdomadaires et de quotidiens qui ont choisi de se boucher le nez, le copier-coller a de beaux jours devant lui…

    Répondre

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