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Les chercheurs piégés par les revues prédatrices manquent de connaissance du système de publication : la faute de l’Université ?

Points clés

cherifaQuelle joie de découvrir un éditorial dans Nature (17 août 2023) signé par une collègue professeure en sciences de l’information et de la communication (Lyon 1). Lors de la mise en ligne le 15 août, le titre était : Predatory journals entrap unsuspecting scientists. Here’s how universities can support researchers. Training from institutions on publishing norms could help to thwart predatory publishers.

Cherifa Boukacem-Zeghmouri présente les conclusions de son analyse des réponses de 86 chercheurs ayant partagés leurs expériences avec OMICS. L’analyse a été déposée sous forme de preprint en juin 2023 (HAL). OMICS, éditeur basé à Hyderabad (Inde), est l’un des plus grands groupes prédateurs (+700 revues, + 3000 conférences). OMICS a été condamné aux USA, et a vendu par appartement des groupes de revues apparues chez d’autres éditeurs basés dans des pays développés.

Que disent ces chercheurs ? Ils sont basés pour la plupart dans les LMICs (Low and Middle Income Countries), et ont une pratique de l’anglais limitée. Pour eux, OMICS est en accès libre, moins arrogant que les vielles revues légitimes et va vite sans ennuyer les auteurs. Les pratiques décrites sont du cybercrime : demander deux fois les frais de traitement des articles, harceler les chercheurs par email ou téléphone voire menacer.

Think Check Submit est une partie de la réponse

Qu’en pense Chérifa Boukacem-Zeghmouri ? Elle nous oriente justement vers Think Check Submit (en 40 langues) et nous rappelle que l’Amérique du Sud a SciELO, belle initiative. Les pays favorisés devraient aider les chercheurs des LMICs pour mieux intégrer la communauté scientifique. Elle rappelle que la publication ne devrait pas être la seule activité considérée pour évaluer des chercheurs.

Faillite des universités qui ne forment pas les chercheurs à la rédaction et au système des publications

Qu’est-ce que j’en pense ? La faillite de l’université et autres organisations de chercheurs est grande. Il n’existe que de très rares initiatives pour aider les chercheurs à écrire et publier. J’ai enseigné la rédaction pendant de nombreuses années… J’ai connu des années fastes avec des séminaires de quatre jours en résidence organisés par des établissements de santé (AP-HP essentiellement). La culture française dans le domaine de la publication est mauvaise. Les chercheurs qui publient bien à l’international ne transmettent pas leur savoir. Comptez le nombre de rédacteurs de revues légitimes et comparez France, Angleterre, Italie, Allemagne et pays nordiques de l’Europe :la France est-elle en première position ?

L’université favorise une bonne méthode pour apprendre à écrire, méthode qui consomme du temps : l’apprentissage par l’erreur. Il existe très peu, contrairement à certains pays anglo-saxons, de formations universitaires pour apprendre à écrire et publier. Quand il en existe, les juniors ne sont pas incités à y participer, et les séniors se décommandent. ETONNANT.

Mentionnons aussi AuthorAid, excellente initiative qui marche toujours. C’est un réseau de 20 000 membres qui ont pour objectifs d’aider les chercheurs LMICs. J’ai aidé ce réseau au début, mais la présence française est NULLE, ce qui m’a découragé.

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