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Les challenges de la publication scientifique dans le domaine des sciences de la terre et de l’espace

Points clés

Il est toujours utile d’aller voir les comportements de collègues dans d’autres domaines scientifiques. Cet éditorial dans AGU Advances de juillet 2024 apporte des réflexions connues et partagées. C’est une alerte pour proposer une reprise en main des Sociétés savantes. L’AGU (American Geophysical Union) est l’union américaine de géophysique, association non-profitable, basée à Washington avec plus de 40 000 agumembres dont plus de 25 000 participent au congrès annuel. L’AGU a ses propres publications (26 revues dont 12 en accès ouvert, blogs, livres et autres), et travaille avec Wiley.

L’éditorial a été signé par 67 rédacteurs de productions AGU, dont l’une basée à Paris (Anni Määttänen, Cnrs, Sorbonne Université, UVSQ, rédactrice de JGR Planets). Après avoir dit que le système des publications fonctionne bien dans la plupart des cas, l’éditorial apporte trois réflexions, avec des données des journaux AGU :

La pression croissante sur les auteurs, relecteurs et rédacteurs en chef

Le problème vient de l’amour des institutions de recherche pour les indicateurs de publication, entrainant des pratiques d’auteurs cadeaux, la pratique des LPU (least publishable units) et autres dérives connues. Les revues, en publiant beaucoup d’indicateurs, sont une partie du problème. Il y a des graphes avec des données AGU…  25 % des manuscrits envoyés en relecture nécessitent de contacter 8 relecteurs ou plus. Les revues AGU ont dû augmenter les ‘desk rejections’, c’est à dire des refus sans relecture. Autre problème majeur : les prix des FTAs (frais de traitement des articles) !!! La course à la quantité plutôt que la qualité est connue.

Les opportunités d’amélioration

Nous connaissons DORA, CoARA et autres initiatives pour privilégier la qualité. Améliorer le peer-review et l’AGU y travaille en n’augmentant pas la charge de ses relecteurs, en augmentant le pool des bons relecteurs et en cherchant des moyens pour les valoriser. Les payer est toujours une réflexion sans beaucoup de succès, diminuer les FTAs des bons relecteurs. Les universités devraient mieux se pencher sur le peer-review et mieux récompenser les relecteurs (demander dans les dossiers des témoignages de rédacteurs sur la qualité des relectures par un chercheur…  utopiste ??).

L’AGU a adopté beaucoup de standards de qualité et proposé des recommandations sur l’utilisation de l’IA. Il faut aussi augmenter la diversité des rédacteurs et relecteurs en sortant du vivier nord-américain et européen.

Renforcer les fondements des revues spécialisées (de Sociétés savantes)

En bref : soumettez à des revues de Sociétés savantes. C’est dit ainsi dans l’éditorial : Le courriel standard d’acceptation des manuscrits envoyé par les revues de l’AGU se termine par une déclaration remerciant les auteurs d’avoir envoyé leur meilleur travail à la revue. Il ne s’agit pas d’une platitude. Les revues de l’AGU sont des revues communautaires : elles existent pour le bénéfice de la communauté des sciences de la Terre et de l’espace, et les rédacteurs des revues et des livres de l’AGU sont des membres actifs de cette communauté. Les revues de notre communauté sont plus fortes lorsque notre communauté envoie ses meilleurs travaux à ces revues, et lorsque notre communauté est prête à servir ces revues en tant que rédacteurs et relecteurs.

N’évaluons que la qualité !

Un commentaire de cet article résume le problème : Pour améliorer la situation, nous devons tous accorder moins d’attention aux indicateurs des publications et plus d’attention à la qualité du travail. Je tiens tout particulièrement à souligner le rôle important des revues publiées par des sociétés à but non lucratif comme l’AGU, où les normes d’évaluation par les pairs sont élevées et où l’argent des publications est utilisé au profit des membres plutôt que des actionnaires. C’est un aspect que les auteurs devraient prendre en compte lorsqu’ils réfléchissent à l’endroit où soumettre leurs meilleurs travaux.

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