Mettre en ligne tous les manuscrits soumis, avec des évaluations en même temps : le pari de eLife qu’il faut encourager

Points clés

J’évoque peu la revue eLife car le monde médical n’est pas toujours très attiré par des pratiques innovantes de publications. La revue eLife est depuis sa création un bon agitateur du milieu des publications, et ses stratégies parfois risquées. Il faut encourager ces modèles de publications, et il existe de nombreux systèmes vertueux, souvent limités à des communautés scientifiques. Nous pourrions en citer beaucoup, comme les Peer Community’In, les F1000Research, et modèles dérivés, les publications de EGU comme Climate of the Past, etc….    La politique de eLife est intéressante car elle conduit à la perte du facteur d’impact.

Un billet de TheMetaNews du 17 janvier 2025 : bravo

elifeJe reprends ci-contre le titre du billet de Lucile Veissier dans TheMetaNews qui expose la problématique (n° 476 du vendredi 17 janvier). Ce billet, que je résume, reprend simplement un historique pas facile à décrire. Il y a eu beaucoup de communications, dont des déclarations de la rédaction de eLife pour bien clarifier son modèle. Nous connaissons ce modèle historique des revues qui sélectionnent les manuscrits, pour en publier certains et rejeter les autres. Je reprends une extrait de L Veissier : Imaginez un instant que le processus soit inversé : à partir du moment où l’éditeur estime que votre papier vaut le coup et trouve des reviewers, la revue le mettrait automatiquement en ligne accompagné des rapports. Fini donc le rôle de gatekeeper des éditeurs qui, se basant sur les avis des reviewers, sélectionnent les articles dignes – à leurs yeux – d’être publiés. Impossible ? eLife le fait depuis janvier 2023. À l’automne 2022, l’annonce de la revue spécialisée en biologie et médecine avait provoqué un petit séisme dans le monde de l’édition scientifique mais n’était que la continuité d’un processus déjà bien entamé. Depuis 18 mois, elle exigeait que les manuscrits soient déposés en preprint avant soumission et diffusait les rapports des reviewers. Cette étape a semble-t-il convaincu l’équipe d’eLife de passer à la vitesse supérieure.

Tous les manuscrits sont mis en ligne, comme un serveur de preprints, et les commentaires des évaluateurs sont joints. Il y a eu beaucoup de débats avec les pour et les contre, ces derniers expliquant que eLife n’était plus qu’un serveur de preprints…. Il y a eu des conflits et l’histoire n’est pas terminée.

La perte du facteur d’impact pour 2025 : une inconnue !

Que va-t-il se passer quand Clarivate n’attribuera plus de facteur d’impact à eLife ? Personne ne sait… Est-ce que les soumissions vont continuer au même niveau ?

Alelife2lez-vous promener sur le site et faites vous une idée. Comme pour d’autres modèles avec unelife3 peer review ouvert, j’aime avoir accès aux avis des relecteurs, aux réponses des auteurs et prendre en compte les versions initiales et révisées. Il y a une complication : c’est au lecteur d’avoir un esprit critique et de décider de la prise en compte de ces manuscrits dans ses réflexions. Finalement, la délégation de cet avis à un rédacteur en chef est confortable, mais pourquoi faire confiance ainsi à un tiers plutôt qu’à une communauté de chercheurs ? La question mérite d’être posée. Et les frais de publications sont inférieurs à ceux de revues qui mettent en première page un facteur d’impact, indicateur bibiliométrique biaisé…  surtout quand un article jamais cité a été publié par une revue prestigieuse, faisant croire que cet article est bien !!

PS :

  • La revue eLife est supportée par des fondations, et les bureaux prinipaux sont à Cambridge, UK. eLife is a non-profit organisation inspired by research funders and led by scientists. Our mission is to help scientists accelerate discovery by operating a platform for research communication that encourages and recognises the most responsible behaviours in science.
  • Si votre institution est abonnée, vous pouvez recevoir les mails de TheMetaNews. Information du site : Créé en 2019, TheMetaNews est un média indépendant….. L’idée est simple : informer et rassembler tous les acteurs de la recherche, des doctorant·es aux directeur·trices d’université en passant par les (enseignant·es-) chercheur·ses, ingénieur·es, directeur·trices de laboratoire ou d’université, documentalistes, communicant·es…
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2 commentaires

  • Bonjour,
    Il est vrai qu’il est de pratique courante voire obligatoire de renseigner l’IF de la revue dans laquelle l’article est publié lorsque lorsque l’on liste sa production scientifique (alors qu’il n’est absolument pas un gage de la qualité de l’article mais plutôt de popularité de la revue). Si une information est faite auprès de chercheur, l’abandon du référencement de eLife par clarivate ne devrait pas poser trop de problème car il existe l’équivalent gratuit chez scimago. Pour 2023, sauf erreur, l’IF clarivate est d’environ 6.3 et il est d’environ 6.2 chez Scimago (Cites/ doc. 2years) et ce dernier, accessible gratuitement, peut donc très bien être utiliser pour l’évaluation de la popularité de la revue. La seule grosse répercussion que cela peut avoir, c’est au niveau de la classification SIGAPS et donc lorsque des hospitalo-universitaires font partie des co-auteurs. Pas négligeable! Peut être l’occasion de modifier un peu le système et pourquoi pas en tout cas utiliser les bases de données gratuites? En tout cas le mode de publication de eLife est intéressant et devrait pouvoir limiter la tentation de publier dans des revues prédatrices.
    En tout cas merci pour votre veille bibliométrique.

    Répondre

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