Voici un preprint déposé sur Zenodo (29 janvier 2025) qui ne devrait pas être accepté pour publication dans une revue scientifique légitime. Ce preprint a été commenté par DS Chawla dans la revue Nature le 17 avril 2025, avec ce titre : Invasion of the ‘journal snatchers’: the firms that buy science publications and turn them rogue, et le sous-titre : Study finds dozens of journals that have hiked their fees and started churning out papers after being acquired by small, recently formed companies. On pourrait traduire par : Invasion des « pilleurs de journaux » : les entreprises qui achètent des publications scientifiques et les détournent de leur usage habituel. Félicitons Victor Garcia pour un article dans L’Express sur cet article.
Nature a essayé de contacter des éditeurs concernés.. sans réel succès. Ce business que nous considérons douteux n’est pas illégal ! Ce sont des sociétés enregistrées dans leurs pays qui ont ces pratiques.
Oxbridge Publishing House Ltd, au centre d’un réseau douteux ?
Je n’ai pas pu accéder au site de la société Oxbridge Publishing House car j’ai le message ci-contre qui s’affiche. Des informations légales sont accessibles ; créée en 2022 à Londres, cette société a un seul dirigeant, un pakistanais. Un porte parole a été joint par Nature et dit que cette société n’est pas un éditeur.
Ce genre de pratique, achat d’une revue scientifique pour la transformer en outil mercantile, a déjà été observé, mais ce type d’étude n’existait pas. C’est courageux de déposer ce preprint de 104 pages que j’ai survolées. Cela restera probablement sous forme de preprint, car publier engendre un risque de poursuites diverses et variées pour une revue.
Voici la traduction du résumé de ce preprint : Ces dernières années, un nombre important de revues établies ont reçu des offres de rachat de la part d’entités obscures, et certaines d’entre elles ont été rachetées. Malgré l’accumulation de preuves indirectes d’un comportement irrégulier de ces revues après leur acquisition, il n’existe pas d’analyses approfondies sur ce sujet. Pour combler cette lacune, cet article examine les pratiques d’Oxbridge Publishing House Ltd, une société enregistrée au Royaume-Uni en 2022. L’analyse des documents accessibles au public montre que cette entité fait partie d’un réseau complexe d’entreprises récemment créées. Depuis 2020, ce réseau a acquis, avec l’aide d’entreprises intermédiaires, au moins 36 revues savantes publiées à l’origine dans des pays tels que l’Espagne (7), le Royaume-Uni (7), les États-Unis (5), l’Inde (4) et la Turquie (4), entre autres. Ciblant des revues indexées dans des bases de données scientifiques prestigieuses telles que Web of Science et Scopus, nombre de ces revues subissent des transformations significatives au moment de leur acquisition, telles que l’introduction ou l’augmentation substantielle des frais de traitement des articles, souvent associées à des augmentations des volumes de publication. Cette augmentation résulte d’un afflux de contributions provenant de l’extérieur de la communauté académique d’origine de la revue. Leur mépris pour les normes de publication appropriées se manifeste par l’utilisation généralisée de faux DOI ou l’appropriation de DOI provenant de documents sans rapport avec le sujet. En faisant le parallèle avec le film Invasion of the Body Snatchers, nous appelons les revues qui se trouvent dans cette situation difficile des « pod journals ». Ce type de pratique éditoriale prédatrice contribue non seulement à la surpublication, mais prive également les communautés universitaires légitimes de leurs droits et constitue une menace pour la bibliodiversité universitaire.
Est-ce possible de lutter ? OUI
Les transferts de revues entre éditeurs sont une pratique connue, régulière et qui ne pose pas de problèmes… sauf dans certains cas. Dans ce preprint, les éditeurs concernés par des ventes de revues sont : Elsevier; Palgrave Macmillan (groupe Springer Nature) ; Indiana University Northwest, in Gary, Indiana ; University of São Paulo, in Brazil. Suite à ces informations, Web of Science a délisté 36 revues et Scopus en a délisté 17.