Evoquer La Revue Prescrire ne laisse jamais indifférent. Mon billet félicitant Prescrire a eu des échos dans les milieux qui ne reconnaissent pas la valeur formatrice des relectures d'articles. Probablement que ces décideurs n'ont jamais été relecteurs pour des revues scientifiques !
Il y a quelque chose qui ne dérange pas que moi chez Prescrire (j'ai eu des commentaires spontanés), et qui ne résiste pas aux exigences minimales de la 'transparence' : la plupart des articles n'ont pas d'auteurs ; ils sont signés par un fantôme appelé "@Prescrire". Il y a souvent la mention "Synthèse élaborée collectivement par la Rédaction, sans aucun conflit d'intérêts"… cela se discute, car il existe des courants de pensée qui sont des conflits d'intérêts….
Une règle générale (non limitée à la science) : toute oeuvre a un auteur, et la paternité d'une oeuvre doit être attribuée selon des règles explicites… Qui sont ceux qui se cachent sous ces fantômes ? La rédaction, oui… mais qui ? Est-il possible de prôner la transparence, d'exiger les données sources des études, sans être soi-même transparent ? Cela existe dans des bulletins paroissiaux… et peut-être que Prescrire en est un ?
En toute amitié ! Nombreux sont ceux qui sont en faveur de la transparence au sein de la rédaction.
Lien d'intérêt : je suis relecteur bénévole pour Prescrire, et j'aime ce travail qui m'apprend toujours quelque chose ! Je suis en faveur de la relecture ouverte (sans anonymat).
8 commentaires
Bonjour
Lorsque Google a lancé l’encyclopédie Knol, destinée à concurrencer Wikipedia, j’ai eu la même réaction que toi : enfin des articles signés, avec des auteurs identifiables. Je ne donnais pas cher de la peau de Wikipedia.
C’était quelques semaines avant que je m’intéresse au Web 2.0, au collaboratif. Cette croyance dans la caution de l’auteur identifié a été une de mes plus grosses erreurs de jugement. Knol est mort. Wikipedia devient une référence de qualité pour des centaines de millions d’individus, dont moi.
Il y a deux types de signature :
– Un auteur : la fiabilité et liée à la réputation de l’auteur
– Un support : la fiabilité est liée à la réputation du support (relecteur, co-auteurs, vigilance des éditeurs).
Paradoxalement, Prescrire qui est aux antipodes du Web 2.0 a compris que sa signature d’éditeur et la transparence sur son mode de validation des articles valait mieux qu’un auteur. D’ailleurs, contrairement à de célèbres revues médicales, Prescrire publie dans chaque numéro la liste des relecteurs, ce qui est très très important mes yeux.
Au contraire, je trouve cette signature collective parfaite. La revue n’émet pas un « avis » personnel de tel ou tel rédacteur. Elle donne la conclusion des études disponibles, des méta-analyses, sur un sujet. Il n’y a donc pas d’ « auteur » au sens propre, mais une rédaction d’une synthèse d’études.
De plus, à l’origine, les articles étaient signés et les auteurs « agressés » (verbalement) par certains lecteurs, qui, eux, avaient sans doute des conflits d’intérêt.
DrLucDhouailly.
normalement il n’y a pas de jugement de valeur mais cela s’appuie sur des études signées elles.
Sinon ils vont finir comme Irène Frachon, les traits tirés et ayant dû avoir pas mal de nuits d’insomnie.
La plupart des articles de n’importe quelle revue sont signés par plusieurs auteurs, souvent nombreux; ceux de Prescrire peuvent être considérés comme signés par un nombre d’auteurs juste un peu plus important. La liste des auteurs figure dans les numéros de la revue.
Par ailleurs, selon le site, chacun des auteurs signe la charte « non merci ».
la « paternité » d’un oeuvre…
Les auteurs de Prescrire ne revendiquent pas de droits d’auteur; ils doivent s’en contre fichent. Seuls ceux qui ont bonne estime de leur nom souhaitent qu’il apparaisse au pied de tous « leurs » articles. Prescrire ne sert pas de livre d’or aux chercheurs en mal de publication et d’ascension hiérarchique.
La « transparence »? à toutes les sauces! Il n’y a pas de financement pharmaceutique, ce qui rend la lecture déjà bien plus « transparente ».
C’est sûr que la transparence sous la forme « Relecteur prescrire: Dr MAISONNEUVE » en 2eme de couverture, ça en jette tout de suite plus.
Bonjour,
merci pour ce commentaire, mais paternité d’un article (Authorship) qui signifie que tout article a obligatoirement un ou des auteurs, et droits d’auteurs (Copyright)qui sont les droits liés à la distribution/circulation de l’œuvre, sont deux concepts différents.
Cordialement
H Maisonneuve
Débat très intéressant. Prescrire est une revue dont l’audience dépasse largement le monde médical. Il y a probablement plus de lecteurs attentifs dans les rédactions de journaux à l’affût d’une information « intéressante ». L’echo des articles de Prescrire est parfois considérable dans la presse grand public et c’est très bien ainsi. Vive la diffusion de l’information. Mais quand on écrit quelque chose dans un article on l’assume en particulier quand il y a des erreurs énormes comme ce fut le cas récemment pour les médicaments inutiles et dangereux (à votre disposition pour énumérer celles qui concernent ma spécialité). Ne pensez vous pas que l’auteur dont le nom figure en bas d’un article est plus attentif à ce qu’il écrit que quand il se réfugie derrière une rédaction?
Je signale que je suis universitaire ayant des conflits d’intérêt avec l’industrie et donc je suis forcément suspect de complaisance n’est ce pas?
Bravo pour votre blog passionnant. Continuez!!
Frank Zerbib
Merci pour votre commentaire pertinent. L’anonymat permet de ne pas assumer les erreurs : vous avez raison. Je crois qu’il faut toujours avoir le courage de ses opinions.