Le 3ème article de la série des 5 articles du Lancet est consacré à l'encadrement de la recherche, aux comités théodules, aux contrats à signer après des mois de palabres, et au management. Je ne voudrais pas détailler ce qui est dit sur les comités d'éthique pour retarder la recherche, dont des comportements sont parfois peu éthiques en commençant par oublier de s'assurer que la recherche était utile et ne dupliquait pas des résultats connus ! Je vous traduit l'encadré de la page 178, car il illustre un cas :
"En 2010, un groupe de chercheurs suédois voulait pooler des données à partir de plusieurs études de cohorte afin d'identifier les facteurs de risque pour les hémorragies sous-arachnoïdiennes. Ils ont identifié environ 20 études, et passé environ 300 h pour contacter tous les chercheurs et faire signer des accords de partage de données et tomber d'accord sur la sécurité des données selon un processus convenu. La Suède a un comité centralisé d'éthique de la recherche pour l''approbation des projets. L'équipe a enregistré le temps passé pour chaque étape du processus d'approbation. Environ 200 h de temps administratif a été consacré à l'approbation éthique et aux re-soumissions du projet. Le comité d'éthique de la recherche voulait voir toutes les informations des participants de toutes les cohortes pour s'assurer qu'elles correspondaient aux buts de l'étude. Ces documents devaient être fournis en 18 exemplaires et soumis manuellement. Il a fallu à l'équipe 6 mois pour recueillir toutes les fiches d'information des 20 cohortes différentes, dont plusieurs avaient commencé le recrutement dans les années 1960 et pour lesquelles peu d'information existait sur ce qui avait été donné par qui et pour qui dans la phase de recrutement. Le comité d'éthique de la recherche a finalement dû faire de la publicité dans les journaux nationaux sur le projet de mise en commun des données, avec la liste de toutes les cohortes d'origine de sorte que toutes les personnes qui ne voulaient pas que leurs données soient utilisées pour ce projet puissent retirer leurs consentements pour cette étude. Aucun participant n'a retiré son consentement. Il a fallu plus de 3 ans pour atteindre le stade de mise en commun des données des cohortes, et être prêt pour l'analyse."
Cet article illustre la lourdeur des processus, des autorisations, etc…. Voici les recommandations, avec les indicateurs proposés, et ce n'est pas une blague :
1 Les personnes régissant la recherche devraient utiliser leur influence pour réduire les autres causes de gaspillage et d'inefficacité de la recherche.
Suivi : les personnes régulant,dirigeant, et gèrant de la recherche devraient mesurer si les recherches qu'ils approuvent et gèrent sont conformes avec les recommandations dans cette série d'articles.
2 Les régulateurs et les décideurs politiques doivent travailler avec des chercheurs , des patients et des professionnels de santé pour rationaliser et harmoniser les lois, règlements, directives, et processus qui régissent si et comment la recherche peut se faire, et veiller à ce tout soit proportionné aux risques plausibles associés à la recherche
Suivi : les régulateurs, les individus qui gouvernent et gèrent la recherche, et les chercheurs devraient mesurer et publier les retards et les incohérences qui résultent des échecs à rationaliser et à harmoniser les règlements.
3 Les chercheurs et les directeurs de recherche devraient augmenter l'efficacité de recrutement, de la rétention des patients, le suivi et le partage de données dans la recherche grâce à l'utilisation de méthodes connues pour réduire l'innefficacité de la recherche, et faire des recherches supplémentaires pour apprendre comment augmenter l'efficacité.
Suivi : les chercheurs et des méthodologistes doivent faire des recherches pour trouver des moyens pour améliorer l'efficacité de la recherche biomédicale.
4 Tout le monde, en particulier les personnes responsables des systèmes de santé, peut aider à améliorer l'efficacité de la recherche clinique en favorisant l'intégration de la recherche dans la pratique clinique quotidienne.
Suivi : les personnes responsables de la gestion des systèmes de soins et de la la recherche doivent mesurer les proportions de patients participant à la recherche.