Assurer des ressources pour poursuivre mes recherches
J’ai rendez-vous avec le directeur du département pour lui montrer les résultats de mes recherches. Je sais que quelques observations ne donnent pas les résultats attendus. Je montre les données au directeur et nous travaillons sur les données. Le tableur est sur l’écran de l’ordinateur.
Après réflexion, mon directeur me propose de refaire des tests en enlevant des données qui ne lui plaisent pas. En regardant rapidement, les résultats deviennent convaincants. Mon directeur me dit que l’on pourra toujours trouver une bonne raison pour enlever des données aberrantes. En ayant des données plus convaincantes, mon directeur me signale que le financeur du laboratoire sera satisfait. Il sera plus facile d’obtenir des ressources pour mes recherches futures. Je pourrais probablement publier ces données plus facilement, sans expliquer que des données ont été enlevées.
Que vais-je faire ?
- J’explique à mon directeur que je vais publier les données observées sans rien changer
- Je suis d’accord avec mon directeur. Certains résultats sont trop négatifs, et j’ai de bonnes raisons pour les supprimer
- Je ne supprime pas complètement toutes les données, mais dans la discussion, dans le résumé, le titre de mon article, je ne parle que des résultats qui me conviennent
- Je dis à mon directeur que je vais réfléchir et voir ce que je peux faire. Mais je ne veux en aucun cas supprimer des données
Commentaires
Mettre des jeunes dans ces situations révèle la mauvaise conduite de certains directeurs de département. Est-ce courant ? Je ne sais pas… La seule situation acceptable est de publier tous les résultats (solution 1), mais est-ce entrer en conflit dans le département. En 2024, les revues acceptent de considérer des résultats dits négatifs. SI les revues publient peu de résultats négatifs, la première raison est qu’ils ne sont pas soumis par les chercheurs.Plusieurs fois dans ma carrière, ‘ai rencontré cette situation, notamment en écoutant des doctorants.
- Le témoignage d’un doctorant ayant soutenu sa thèse sur la moitié des données est dans ma mémoire. Le deal avec le directeur de thèse était simple : si tu veux ta thèse, tu supprimes ces données. Lors d’une formation, il a exprimé fortement ses émotions et raconté pour la première fois comment il avait eu sa thèse… très émouvant et le groupe s’en souvient.
- Un collègue a fait des présentations en congrès alors qu’il n’avait pas obtenu de résultats. Son patron a inventé les données et il a été obligé de les présenter. Il se souvient de ce moment… qu’il n’a confié qu’a très peu de personnes. Il a eu une carrière paisible de PU-PH…
Une pièce de théâtre hollandaise montre ce genre de situation. Cette pièce de 40 minutes est régulièrement jouée dans des universités pour ensuite aborder une discussion.
Les cas proviennent de situations réelles adaptées pour n’identifier personne ; ce sont des cas personnels, des cas d’autres collègues, ou des cas empruntés à dilemma games. Tous les cas d’intégrité scientifique de ce blog sont sur cette URL.
2 commentaires
Le face à face d’un jeune doctorants avec son directeur de thèse devant un tableur est toujours pesant. Une position définitive est difficile à gérer. J’opte pour la solution 4 : je n’enlèverai aucune données mais je me laisse le temps de réfléchir, d’en parler aux collègues, aux autres membres de l’équipe, je fabrique un contre-feu argumenté plus solide qu’un tête à tête dominant-dominé.
Merci Jean François… pas facile, mais c’est le plus raisonnable
Hervé