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Enquête Inserm sur Intégrité et éthique de la recherche : les pratiques discutables sont fréquentes

Points clés

Le GEMASS (Groupe d’Etude des Méthodes de l’Analyse Sociologique de la Sorbonne) est une unité mixte de recherche (UMR 8598) associée à Sorbonne Université et au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Ils ont fait une gemass inserm 24enquête en 2022 auprès des personnels du Cnrs, et maintenant, c’est l’Inserm. Le rapport 2024 de cette enquête est accessible sur le site du GEMASS. Si vous ne lisez pas les 130 pages, rassurez-vous les méthodes sont de qualité, avec une équipe solide. Vous avez ci-joint le sommaire, et lisez les parties qui vous attirent, au minimum le résumé en page 18.

Les 10 messages de cette enquête

  1. Pour la quasi-totalité des enquêtés, l’activité scientifique repose avant tout sur le « désir de savoir, la curiosité, l’imagination ».
  2. Alors que 9 répondants sur 10 associent l’activité scientifique au désir de « rendre service à la société » ou de « changer le monde », le sentiment d’une crise de confiance entre la science et société est présent chez 9 enquêtés sur 10.
  3. Si l’investissement organisationnel de l’Inserm en matière d’éthique est conséquent, seul un tiers des répondants se pose régulièrement des questions sur les conséquences de leur activité sur le plan éthique, moral ou politique
  4. Seul 1 enquêté sur 10 exprime la certitude de disposer d’une connaissance suffisante de ses droits et devoirs en matière de protection et de partage des données.
  5. Si la quasi-totalité des enquêtés associent le respect de l’intégrité à la volonté de produire des résultats « fiables », 1 répondant sur 3 exprime la certitude de disposer d’une connaissance suffisante des règles et valeurs de l’intégrité scientifique.
  6. Seul un quart des répondants expriment une forme de certitude quant au respect général de l’intégrité scientifique dans leur propre domaine de recherche.
  7. Près d’un tiers des répondants estiment que l’incitation à publier les conduits à « aller trop vite ou à prendre des raccourcis ».
  8. Les répondants les plus jeunes sont également ceux qui déclarent pour eux-mêmes le niveau de pratiques discutables le plus élevé.
  9. Une large majorité des répondants perçoivent les pratiques discutables de leurs pairs comme fréquentes.
  10. Pour plus de 7 répondants sur 10, une formation accrue à l’intégrité scientifique sera la principale conséquence durable de la crise covid19

PS : j’ai participé à ce projet.

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4 commentaires

  • Les enquêtes sur la perception de la recherche et de l’intégrité scientifique sont peut-être utiles et elles ont mobilisé plein de monde. Mais les enquêtes sur l’intégrité scientifique elle-même et les méconduites scientifiques des chercheurs sont plus rares et seraient pourtant beaucoup plus importantes. « On ne peut pas tout faire », me direz-vous… Une rapide exploration des fraudes dans les publications de chercheurs INSERM est un travail facile et rapide : il suffit de consulter le site PubPeer. Mais comme tout est secret ensuite, nous n’en saurons rien. J’ai posé à la responsable de l’intégrité scientifique à l’INSERM (Ghislaine Filliatreau, qui a même reçu une médaille !) la question de savoir si une instruction avait été ouverte à propos d’un fraudeur patenté (mais célèbre), et elle m’a répondu : « Pourquoi voulez-vous savoir si une instruction a été ouverte ? » Mes cinq réponses sont ci-dessous :
    • D’abord en tant que scientifique, pour savoir si les travaux de ce chercheur sont fiables et si je peux m’en servir pour faire avancer les miens ;
    • En tant que médecin, pour savoir si les résultats issus de ces publications permettront de découvrir de nouveaux médicaments actifs ou si les essais cliniques sont voués à l’échec ;
    • En tant que journaliste , pour informer le public, spécialisé ou non, de l’avancée des connaissances dans le domaine de la biologie et de la santé ;
    • En tant que citoyen, pour savoir si l’argent de mes impôts, qui sert entre autres choses à payer ces chercheurs et à financer leurs travaux, est utilisé à bon escient ;
    • En tant que père et grand-père de famille, afin de montrer à mes enfants et petits-enfants que la fraude et l’imposture, une fois démontrées, sont punies comme le sont les délits et les crimes.
    Deux ans après, je ne sais toujours pas si une instruction a été ouverte.
    Les enquêtes comme celle qui vient d’être publiée ne serviraient-elles qu’à masquer l’impuissance de l’INSERM devant la fraude scientifique ? J’invite Mme Filliatreau à répondre à ma question aussi vite que possible (pour me rassurer j’espère !)
    https://www.youtube.com/watch?v=GPXkKNBr4rs

    Répondre
    • Bonjour,

      merci pour ce commentaire, et effectivement en France, j’ai des arguments pour dire que des référents intégrité cachent plutôt que poursuivre des investigations. Le profil de certains référents, séniors, mâles, anciens employés de la structure, et eux-mêmes ayant eu des comportements pour assurer leur carrière, etc… fait que les convenances sociales sont plus importantes que la protection de jeunes lanceurs d’alerte.
      Omerta SVP !
      Amicalement

      Répondre
      • S’il n’y avait qu’en France, cher ami, nous aurions simplement honte pour notre pays et nos institutions… Mais le mal vient de plus loin… Quand un Shelanski, doyen responsable de la recherche à l’université Columbia, déclare : « Les accusations de mauvaise conduite en recherche, de manipulation de données et de plagiat nuisent à l’ensemble de la communauté des chercheurs et causent souvent des dommages durables à la réputation et au soutien à la recherche », il n’y a plus qu’à tirer l’échelle. Même le New York Times en a parlé ! Et quand un Dietl, ombudsman de l’université d’Ulm, accuse carrément les lanceurs d’alerte, les scientific sleuths, de le faire pour des raisons inavouables, vieilles querelles ou désirs de vengeance, on se dit que c’est peut-être encore plus grave ailleurs… Quis custodiet ipsos custodes ?

        Répondre
  • Je suis préoccupé par cette phrase : « seul un tiers des répondants se pose régulièrement des questions sur les conséquences de leur activité sur le plan éthique, moral ou politique ». Est-ce insuffisant… ou n’est-ce pas trop ?
    Il est certes nécessaire de se poser régulièrement la question de la qualité méthodologique de son travail, dont la composante éthique est la suivante : les méthodes que j’utilise sont-elles réglementairement autorisées et sont-elles moralement acceptables ?
    En revanche, s’abstenir d’étudier certains sujets pour des raisons politiques ou morales est la définition de l’obscurantisme. Or, si la politique rêve depuis toujours de mettre les chercheurs à son service, en outre une fâcheuse tendance moderne est de laisser les interdits et les injonctions d’un nouveau puritanisme pénétrer la science.
    il me parait tout à fait contraire aux exigences de la recherche que son indépendance et son objectivité soient perverties par des préoccupations politiques et morales concernant l’utilisation qui sera faite de ses applications. Le vrai problème est que ceux qui pervertissent la science en appliquant ses découvertes sans la moindre éthique se défaussent justement de leur responsabilité exclusive en la matière, accréditant l’idée que c’est aux chercheurs qu’elle incomberait.

    Répondre

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