Nous sommes encore dans la culture d'utiliser les données des patients pour publication sans trop de précaution quand l'iconographie ne permet pas de reconnaître le patient. C'est fini ! Le flouttage, le masquage sur les yeux, le gommage numéro du dossier… ne suffisent pas. Tout ceci dépend des législations locales…. mais les patients retrouvent les iconographies dans les articles qui sont accessibles par les moteurs de recherche… et les revues sont de plus en plus d'accès gratuit…
Un cas diffusé par Ivan Oransky illustre bien cela (repris de Neuroskeptic) : Anesthesia and Intensive Care a publié un cas clinique d'un enfant de 6 ans ayant une maladie de Duchenne, et décédé de rhabdomyolyse après anesthésie avec la mention que l'accord des parents avait été obtenu. Les parents ont été surpris, ayant donné un consentement pour communiquer les données avec d'autres médecins, mais pas sous la forme de cette publication… Excuses majeures des auteurs, de la revue, et quelques commentaires acerbes suivent ce billet… La solution de changer des noms, des éléments de reconnaissance est proposée par certains… je ne crois pas que ce soit un respect de la transparence. Les recommandations CARE pour écrire des cas cliniques suggèrent d'avoir toujours la signature du patient, avec le nom de la revue sur le consentement. Ils vont plus loin : le patient peut aussi ajouter son point de vue dans le cas clinique…..
Voila ce qui est écrit par le groupe de Vancouver dans "Recommandations pour la conduite, la présentation, la rédaction et la publication des travaux de recherche soumis à des revues médicales" (page 7, version française décembre 2013) :
Le droit à la vie privée des patients ne doit pas être violé sans qu’ils aient donné leur consentement éclairé. Aucune information permettant d’identifier le patient (y compris les noms, initiales ou numéros d’hôpital) ne doit être publiée dans les descriptions écrites, les photographies ou la généalogie, à moins que l’information ne soit essentielle à des fins scientifiques et que le patient (ou ses parents ou son tuteur) ne donne son consentement éclairé par écrit pour la publication. Le consentement éclairé, dans ce cas, nécessite que le patient identifiable ait consulté le manuscrit à publier. Les auteurs doivent révéler à ces patients toute information permettant potentiellement de les identifier qui pourrait être disponible sur Internet ainsi que dans la version imprimée après publication. Le consentement des patients doit être écrit et archivé par la revue et/ou les auteurs, conformément aux exigences des réglementations ou lois locales. Les lois applicables varient d’un lieu à un autre, et les revues doivent établir leurs propres politiques sous les conseils d’experts juridiques. Étant donné qu’une revue qui archive le consentement connaîtra l’identité des patients concernés, certaines peuvent décider que la confidentialité des patients est mieux protégée si les auteurs archivent le consentement et fournissent à la revue une déclaration écrite attestant qu’ils ont bien reçu et archivé le consentement écrit des patients.
Si elles ne sont pas essentielles, les informations permettant d'identifier les patients doivent être omises. En cas de doute quant à la possibilité de maintenir l’anonymat, le consentement éclairé doit être obtenu. Par exemple, le fait de masquer la région des yeux sur les photographies des patients ne protège pas suffisamment leur anonymat. Si des caractéristiques permettant d’identifier les patients sont modifiées pour protéger leur anonymat, les auteurs doivent donner l’assurance que ces modifications ne dénaturent pas la signification scientifique et les rédacteurs doivent le vérifier.
L’exigence du consentement éclairé doit être précisée dans les instructions aux auteurs de la revue. Le fait que le consentement éclairé a été obtenu doit être spécifié dans l’article publié.