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La moitié des articles scientifiques sont publiés par moins de 10 grandes maisons d’éditions

Points clés

OligarchyNous avons déjà analysé des données du rapport STM 2015 dont la conclusion était : '10 maisons d'édition publient 42,5 % des 28 000 revues scientifiques à comité de lecture'. C'était en nombre de revues, qu'en est-il en nombre d'articleS ?

Dans PLOS ONE du 10 juin 2015, des auteurs canadiens ont analysé 45 millions de documents indexés dans Web of Science entre 1973 et 2013. Le titre : The oligopoly of academic publishers in the digital era. C'est beaucoup 45 millions (environ 1 million par an car il y a 40 ans dans la période d'analyse), surtout si ces articles contiennent tous des innovations….. Cet article n'est pas bien écrit, avec des mélanges permanents de méthodes, résultats et de la discussion. Des imprécisions permanentes (la figure 1 évoque 5 maisons d'éditions dans la légende alors qu'il y en a 6 dans la figure !). Dommage, surtout quand PLOS ONE dit ne publier que des articles 'technically sound' dans ses 'criteria for publication'…  passons, et essayons de voir quelques messages…

Le résultat principal, probablement vrai, est de constater une concentration des revues chez les grands éditeurs (voir image ci-dessus). Cette concentration est récente : en NMS (Natural and Medical Sciences), 5 éditeurs concentraient 20 % des articles en 1973, 30 % en 1996, et 53 % en 2013. On perçoit trois opinions des auteurs de ce travail :

  • la concentration serait causée par la recherche d'une indexation dans les bases, et donc par la recherche d'une augmentation du facteur d'impact de la revue qui va chez un des grands éditeurs ; des données semblent accréditer cette hypothèse ; je suis d'accord ;
  • les grands éditeurs ont profité de l'arrivée des technologies digitales, ce qui a augmenté leur concentration, et ce qui a augmenté la dépendance de la communauté scientifique ; les données ne permettent pas cette conclusion ; je respecte l'opinion ;
  • les grands sont des méchants ! D'ailleurs ils gagnent de l'argent ! Idée simpliste de lobbies divers, car il faudrait analyser en détail la qualité des articles, et là c'est compliqué ; je en suis pas d'accord avec les auteurs, car ils n'ont pas les données ; les 'grands' sont des professionnels et connaissent le métier… ; pourquoi dire que gagner de l'argent n'est pas bien… vaste débat… même s'il est vrai que les profits sont élevés.

Le problème de fond n'est pas abordé : a-t-on besoin de 43 millions d'articles ? A-t-on besoin des ces milleirs de petits éditeurs qui publient des bulletins paroissiaux au service d'un conseil d'administration de la société savante propriétaire ? Le système dysfonctionne en évaluant le volume des citations, voire des publications des chercheurs… Cet article contient plein d'informations, et mérite lecture (même si les méthodes sont peu décrites).. j'ai traduit une partie du résumé : "Dans les sciences naturelles et médicales (NMS pour Natural and Medical Sciences) et les sciences sociales et humaines (SSH), Reed Elsevier, Wiley-Blackwell, Springer, et Taylor & Francis ont augmenté leur part de la production publiée, surtout depuis l'avènement du numérique (milieu des années 1990). Ensemble, les cinq premiers éditeurs les plus prolifiques représentaient plus de 50 % de tous les articles publiés en 2013. Les disciplines des sciences sociales avaient le plus haut niveau de concentration (70 % des articles des cinq premiers éditeurs), tandis que les sciences humaines étaient restées relativement indépendante (20 % du top cinq éditeurs). Les disciplines NMS étaient entre les deux, principalement en raison de la force de leurs sociétés scientifiques, tels que l'ACS en chimie ou APS en physique. Le document examine aussi la migration des revues entre petites et grandes maisons d'édition et explore l'effet du changement de l'éditeur sur l'impact de citation." 

En bref, un article pour PLOS ONE, car il probablement été refusé par des revues prestigieuses… mais à lire !

Merci à Hervé Nabarette, Roxanne Borgès Da Silva et Olivier Chabot

Larivière V, et al. The oligopoly of academic publishers in the digital era. PLOS ONE 2015; 10(6):e0127502

PS : j'ai un lien d'intérêt en tant que rédacteur d'une revue d'un grand éditeur

 

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