Nous sommes 4 français parmi les 600+ congressistes qui participent à la World Conference on Research Integrity qui a commencé le 31 mai 2015 au soir.. NO COMMENT! Je participe activement aux ateliers avec des rédacteurs de revues scientifiques… La marge d'amélioration du système est intéressante.
Lors d'une conférence plénière, Lex Bouter (Hollande) a eu la phrase de conclusion qui est dans le titre de ce billet "Sloppy science is a larger evil than research misconduct". Comment traduire 'sloppy' ? peu soigné, débraillé, négligé, imprécis,….. Il a clairement montré que les mauvaises pratiques étaient répandues, et plus graves que les fraudes (fabrication, falsification, plagiat). Pour lui les déterminants des mauvaises pratiques sont :
- Le système : pression pour publier, hypercompétition et 'low risk – high rewards' ; cette balance entre le risque de n'être jamais puni et le risque de gagner beaucoup (promotion, carrière, financements,…) favorise quelques comportements déviants…
- La culture : les modèles des séniors ne sont pas toujours bons, l'encadrement est insuffisant, absence de formation sur la RCR (Responsible Conduct of Research), et pas de direction claire !!!
- L'individu : les mauvais comportements sont facilement justifiés, conflits d'intérêts, moralité et traites de caractère….
Parmi les autres présentations, il est clair que la non publication des travaux dits négatifs, la publication sélective de données étaient des pratiques peu défendables. Dans un délai de 3 ans, il semble que 50 % des essais randomisés ne soient pas publiés, et que 50 % des essais publiés n'aient pas de protocole enregistré…
A suivre…….
3 commentaires
C’est une remarque intéressante, a t’il argumenté ce jugement ou est-ce son avis personnel ?
Bonjour,
sa remarque est très partagée, et fondée sur de nombreuses données, très diverses, dans de nombreux domaines.
Il y a le groupe sur le gaspillage de la recherche qui fait l’hypothèse (exagérée) que 85 % de la recherche est gaspillée.. RDV fin septembre en Ecosse pour le congrès. http://www.h2mw.eu/.services/blog/6a011168a6e300970c011168a6e305970c/search?filter.q=gaspillage
Il y a les revues, Lancet en tête, qui disent que 50 % de la littérature serait fausse http://www.h2mw.eu/redactionmedicale/2015/04/personne-ne-veut-r%C3%A9ellement-nettoyer-le-syst%C3%A8me-a-lot-of-what-is-published-is-incorrect-1.html
Moins de 50 % des publications seraient reproductibles ! http://www.h2mw.eu/redactionmedicale/2015/05/fantastique-travail-sur-la-nonreproductibilit%C3%A9-des-recherches-en-psychologie-probablement-g%C3%A9n%C3%A9ralisa.html
Cordialmeent
Même si on ne peut pas comparer directement un cas de fraude avérée avec le sloppiness (que je traduis pour ma part comme: « vite fait bien fait »), je suis bien d’accord avec le fait que c’est un problème qui s’aggrave.
Un peu à côté, mais tout aussi ravageur, il y a le cas des efforts des chercheurs qui publient alors qu’ils n’ont rien à raconter. Ne pas avoir de données intéressantes n’est pas en soi un problème, c’est même plutôt bon signe. Mais en profiter pour servir des tartines indigestes n’est pas très honnête. Lire à ce sujet:
« How Nonsense Became Excellence: Forcing Professors to Publish ». M. Binswanger.
http://dx.doi.org/10.1007/978-3-319-09785-5_2
Point commun entre la fraude, le vite fait bien fait et le remplissage? La culture PoP.