C'est inquiétant car bientôt 25 % des articles publiés pourraient l'être par des truands, et les chercheurs ne sont pas assez sensibilisés. Cette hypothèse peut être proposée à la lecture d'un article long et détaillé paru dans BMC Medicine le 1 octobre 2015 intitulé : ‘Predatory’ open access: a longitudinal study of article volumes and market characteristics". Cet article a été très commenté, avec quelques remarques assez critiques, suite à une analyse sur RetractionWatch. Le Monde (pascale Santi) a bien analysé ce travail dans un article du 6 octobre 2015 : "Les journaux prédateurs à la manoeuvre". Je cite : Ce phénomène prend de l’ampleur, comme en témoigne l’étude parue jeudi 1 octobre dans la revue BMC Medicine. Pas moins de 420 000 articles ont été publiés sur la Toile par ces « journaux prédateurs » en 2014, soit huit fois plus qu’en 2010 (53 000), dans environ 8 000 titres actifs (11 873 avaient en réalité été repérés, mais 33 % n’étaient pas actifs), alors qu’on n’en comptait que 1 800 en 2010. La majorité (38 %) étaient des articles généraux, suivis par des études en technologie (23 %) et en biomédecine (16 %). Un chiffre à comparer au 1,5 million d’articles répertoriés sur le site de données bibliographiques PubMed. Et aux 10 600 journaux que comptait, au premier semestre 2015, l’Annuaire des revues à accès ouvert (DOAJ, ou Directory of Open Access Journals), créé en 2003 par l’université de Lund…
La lecture des 15 pages est passionnante et amène à réfléchir sur ce phénomène :
- Bien différencier la liste de Jeffrey Beall qui contient les revues prédatrices à éviter, du DOAJ, qui est le registre de Lund ; ces 2 listes ont toutes deux environ 10 000 revues, sans beaucoup de duplications ; quand vous publiez en Open Access, assurez-vous que la revue est dans le registre de qualité DOAJ ;
- Une revue prédatrice publie 50 articles par an en moyenne !! Mais beaucoup ne publient que 1 à 3 articles, et certaines publient beaucoup d'articles… Il semble que 20 maisons prédatrices publient plus de 100 revues, et la moitié sont en Amérique du Nord ;
- Il semble que des chercheurs aillent dans les revues prédatrices car c'est rapide, peu cher et que cela remplit les CVs montrés à des jurys peu avertis et qui semblent impressionnés par ces publications ! Grave, mais pas étonnant ! Les auteurs publiant dans des revues prédatrices sont asiatiques (60 %), d'Afrique (16 %), d'Amérique du Nord (9 %) ou d'Europe (9 %),..
- L'Amérique Latine ne semble pas trop concernée par ces dérives !
- L'APC (Article Processing Charge) serait en moyenne de 178 $ pour les revues prédatrices versus 900 à 1 300 $ pour les revues dites DOAJ