Une excellente revue systématique (accès libre) vient d’être publiée avec le titre « Interventions to prevent misconduct and promote integrity in research and publication (review) ». Dans le cadre de la collaboration Cochrane, en général, les méthodes des revues systématiques sont bonnes : c’est le cas pour cette revue. La description des méthodes de travail est bien faite, avec la stratégie de recherche documentaire, les critères de jugement précis, une bonne analyse des biais, et un paragraphe décrivant les quelques divergences entre le protocole et le travail. La divergence majeure a été l’impossibilité de faire une méta-analyse, faute de données. Les auteurs sont connus, engagées dans la rédaction de revues scientifiques et dans les mouvements en faveur de l’intégrité scientifique.
Le rapport de 95 pages mérite une lecture attentive, compte tenu que le rapport lui-même a en fait 25 pages, les autres pages étant des informations complémentaires.
Comme dans d’autres études sur le comportement de professionnels de santé, la première observation est le très petit nombre d’études de qualité : 32 500 articles ont été obtenus avec les bases de données et autres recherches ; 33 articles (en fait 31 études) ont été inclus, dont 15 essais randomisés contrôlés, avec des risques de biais majeurs. Pas possible d’avoir des réponses objectives aux questions posées par les auteurs de ce travail. Avec prudence, les conclusions sont :
“ The evidence base relating to interventions to improve research integrity is incomplete and the studies that have been done are heterogeneous, inappropriate for meta-analyses and their applicability to other settings and population is uncertain. Many studies had a high risk of bias because of the choice of study design and interventions were often inadequately reported. Even when randomized designs were used, findings were difficult to generalize. Due to the very low quality of evidence, the effects of training in responsible conduct of research on reducing research misconduct are uncertain. Low quality evidence indicates that training about plagiarism, especially if it involves practical exercises and use of text-matching software, may reduce the occurrence of plagiarism.”
Cette revue systématique m’a rappelée celle faite par des chercheurs de Johns Hopkins en 2007 sur l’efficacité de la formation médicale continue. A partir de 68 000 articles, ils en avaient inclus 136 pour conclure : la formation continue des médecins semble efficace, mais peu d’études de qualité ont été faites.
Ces résultats sont habituels : les méthodologies de recherche sont de type sociologique, comportementale et sont très difficiles à mettre en place. Les facteurs de confusion sont obligatoirement très nombreux, et les biais fréquents !