Toutes les opinions existent en ce qui concerne les revues dites prédatrices, et la disparition de la liste de J Beall ouvre la voie à toutes les controverses. Les revues prédatrices sont ces revues qui publient rapidement, sans peer-review (mais assurant qu'il existe), avec des noms d'experts (avec leur photo) volés pour faire un comité de rédaction, et surtout un prix bas pour l'APC (Article Processing Charge). Ils demandent de 300 à 800, voire 1000 $ quand les revues en Open Access de qualité demandent de 1000 à 6000 $ voire plus. Ces revues prédatrices ne sont pas faites par des scientifiques ou des professionnels de l'édition mais par des individus peu scrupuleux ayant un appât pour l'argent.
Des voies s'élèvent pour ne pas s'affoler :
- J Velterop sur le blog de SciELO (2 février 2016) publie un billet "Are ‘predatory’ journals completely negative, or also a sign of something positive?" ; il voit les revues prédatrices comme le fonctionnement normal du marché, et une concurrence nécessaire pour les revues établies ! C'est mieux qu'un marché dominé par des 'quasi-monopoles'… Les négociations des gouvernements avec les maisons d'éditions afin de faciliter le système APC ne sont pas saines.. SciELO (Scientific Electronic Library Online) est un réseau important de revues scientifiques d'Amérique latine. Le blog a beaucoup de bons billets.
- Pour Liz Wager, il faut ignorer les revues prédatrices et elles disparaîtront si les institutions et universités changent leurs systèmes d'évaluation des chercheurs et d'allocation de ressources. Si ces évaluations étaient faites sur la qualité et non la quantité, les revues prédatrices auraient déjà disparu !! Il s'agit d'un long éditorial, bien fait dans J of Epidemiology du 8 février 2017 intitulé "Why we should worry less about predatory publishers and more about the quality of research and training at our academic institutions ". Je reprends un paragraphe de Liz : "Rather than viewing predatory publishers as a disease in themselves, I suggest we should regard them instead as a symptom of malaise within the academic research establishment. Without unhelpful systems of research metrics that reward researchers for the quantity rather than the quality of their output, and which may be easily gamed, predatory journals would disappear as there would be no demand for them. Similarly, if universities and research institutions supported graduate students and faculty in improving research design and reporting, the low-quality output would dry up. As others have argued before, we need less but better research".
- D'autres revues informent leurs lecteurs pour éviter qu'ils soient piégés. Fin 2016, J Roberts a publié dans J Sexual Medicine un éditorial "Predatory Journals: Illegitimate Publishing and Its Threat to All Readers and Authors" alertant les auteurs. C'est bien fait et pour comprendre le phénomène, vous pouvez commencer par cette lecture.
Pour ma part, je pense que ces revues prédatrices sont une menace très sérieuse car je n'imagine pas notre culture du volume de publications être remplacée par la science lente avant 15 ou 20 ans…. Ignorer 420 000 articles dans des revues prédatrices (estimation 2014) quand PubMed indexe environ 800 000 articles par an me semble optimiste !
Merci à RetractionWatch qui a signalé 2 des 3 références dans sa lettre du 18 février 2017.