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Revues prédatrices : avertir les auteurs, car trop se font prendre…. un cas français qui se termine bien

Points clés

Voici une des histoires que je rencontre périodiquement. Je voudrais surtout remercier Arnaud De La Blanchardière, praticien hospitalier, maladies infectieuses et tropicales, CHU de Caen, qui a accepté de la partager avec nous.

1) La Revue de Médecine Interne a publié en mai 2015 un cas clinique de 2 pages dans la rubrique 'Image' intitulé 'Des anomalies hépatiques' par 3 auteurs, S Deshayes, F Galateau-Sallé, et A de La Blanchardière  (Volume 36, numéro 5, Pages 363-364). Cet article est dans PubMed, avec les noms des auteurs et les mots-clés en anglais : Eosinophilia; Toxocariasis; Visceral larva migrans. Dans PubMed, la seule adresse email disponible est celle de A de La Blanchardière.

2) Des robots ont créé des emails pour solliciter A de La Blanchardière, en retenant ses domaines de recherches (mots-clés). Une des sollicitations avait pour origine la revue Tropical Medicine and Surgery . Les emails sont toujours bien ciblés, flatteurs et précisent que la revue a un impact facteur, etc…  Les adresses et numéros de téléphones sont en général en Amérique du Nord (faux le plus souvent). Vous pouvez consulter le site, et tout paraît simple et professionnel : un comité de rédaction prestigieux (très asiatique), avec des photos des experts (photos volées le plus souvent). La maison d'édition est OMICS, le plus grand groupe prédateur qui publie peut-être 1000 revues et organise beaucoup, beaucoup de conférences lucratives (des orateurs prestigieux ne viennent pas, etc..). La revue annonce un facteur d'impact de 0,41 avec une formule de calcul qui impressionne (regardez la revue, etc…). La revue ne dit pas qu'elle demande de l'argent pour publier. Neurotoxocarioise

3) A de La Blanchardière soumet un article qui est accepté et me demande mon avis après avoir été sollicité de payer. Voici l'article tel qu'il a été publié par Tropical Medicine and Surgery. Cet article n'est plus en ligne en 2018, et je cite le témoignage d'A de LA Blanchardière (18 février 2018) : "L’article a d’abord été publié open access online par Tropical Medicine and Surgery sous le titre « Neurotoxocariasis : a literature review » en Mars 2015. Mais, furieux de voir qu’il me fallait payer 1000 dollars pour cela alors que cela ne m’avait pas été dit, sur vos conseils, j’ai refusé constamment de corriger/signer les proofs ce qui m’a permis de refuser le paiement ; et la revue prédatrice, au terme d’une dizaine de relances répétées pendant 6-12 mois, a fini par décrocher l’article de son sommaire".

4) Mais est-il possible de soumettre l'article à une bonne revue indexée dans une base de données, alors que l'article est en ligne sur un site de revue prédatrice qui ne veut pas l'enlever ? Je suis souvent questionné…  je réponds 'OUI', mais sans savoir quelle devrait être la bonne conduite. Je suggère d'être transparent, voire de dire dans la lettre de couverture que l'article est sur une revue prédatrice…    mais je ne sais pas si je le ferai moi-même… quoique en 2018, c'est plus facile qu'en 2015 car certains comités de rédactions connaissent les revues prédatrices (pas tous…).

5) L'histoire s'est bien terminée et je cite A de La Blanchardière : "Je l’ai alors publié sur vos conseils sous une forme discrètement modifiée dans Infection (impact factor 2.468) sous le titre « Neurotoxocariasis : a systematic literature review » en Octobre 2016'". Les auteurs m'ont confirmé que le peer review avait été correct dans les deux cas (OMICS et Infection).

6) Cet article est bien dans PubMed avec un lien sur Springer qui vous demande de payer 41,94 € pour le lire…   mais la politique de la revue Infection apparaît Green sur SHERPA/RoMEO…   ce qui veut dire que les auteurs peuvent déposer un post-print sur une archive ouverte. En clair, ils peuvent déposer la dernière version format word acceptée par la revue sur HAL par exemple, ou sur une archive ouverte de l'université de Caen (si elle existe, je n'ai pas cherché)…..  Et l'article sera d'accès gratuit…

Je suggère à ceux qui ont rencontré cette situation de témoigner dans les commentaires ci-dessous, ou d'écrire leur expérience pour un prochain billet MERCI

Par exemple, un autre collègue, Vincent De Andrade, dans une situation similaire, m'a fait remarquer qu'il ne faut pas se faire tromper par Scholar Google… eh oui, des revues prédatrices sont dans Scholar Google qui ne sélectionne rien, et avec un faux Google impact pour faire croire que la revue a une notoriété.

PS : mes remerciements aux collègues qui acceptent de témoigner, car je suis très sollicité sur ces questions… 

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6 commentaires

  • Bonjour,
    Merci pour votre billet qui sera fort utile, je l’espère.
    Oui : ce cas de figure est arrivé dans mon Laboratoire et nous avons été abusés par des « reviewers » qui semblaient être tout à fait crédibles et pertinents dans les commentaires qu’ils nous avaient adressés.
    C’est un phénomène qui semble être en expansion forte et les éditeurs prédateurs rivalisent d’astuces pour prendre les chercheurs au piège. Hors, nous ne sommes toujours pas sensibilisés à cette problématique.
    Dans notre cas de figure et celui que vous témoignez, nous nous en sommes rendus compte. Mais il est très vraisemblable que beaucoup de chercheurs se font prendre au piège et ne le remarquent pas a posteriori !
    Pendant ce temps là nous alimentons en argent – le plus souvent public – des « éditeurs » dont nous n’avons pas la moindre idée de ce qu’ils en font. (mieux vaut peut-être ne pas le savoir…)
    Merci à vous pour alerter les chercheurs sur ce sujet via ce blog.
    Cordialement,

    Répondre
  • Bonjour,
    Il faut avoir le bon réflexe de voir si la revue en question est indexée dans le NLM Catalog
    https://www.ncbi.nlm.nih.gov/nlmcatalog
    Lecture:
    « Best practices for scholarly authors in the age of predatory journals » By Beall J.
    Ann R Coll Surg Engl. 2016 Feb;98(2):77-9. doi: 10.1308/rcsann.2016.0056.
    https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26829665
    et
    Differentiating predatory scholarship: best practices in scholarly publication.
    Gonzalez J, Bridgeman MB, Hermes-DeSantis ER.
    Int J Pharm Pract. 2018 Feb;26(1):73-76. doi: 10.1111/ijpp.12380. Epub 2017 Jun 30.
    https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28664997
    Bien cordialement,
    Seraya Maouche

    Répondre
  • Bonjour Seraya,
    Le catalogue NLM n’est pas suffisant car il répertorie les revues non indexées dans MEDLINE mais retrouvable avec PubMed. Certains éditeurs prédateurs ont profité de la faille PubMed Central pour s’y trouver.
    Seules les revues « Indexed for MEDLINE » peuvent être considérées comme « fiable » a priori.
    Cordialement,

    Répondre
  • « Le roi de France est le plus puissant prince de l’Europe. Il n’a point de mines d’or comme le roi d’Espagne son voisin ; mais il a plus de richesses que lui, parce qu’il les tire de la vanité de ses sujets, plus inépuisable que les mines. »
    Montesquieu Lettres Persanes
    Le roi de France n’est plus d’actualité, mais la vanité de ses sujets toujours. Quand on vous sollicite pour publier un article, méfiez vous : si vous êtes Prix Nobel, c’est en raison de votre notoriété. Sinon, c’est en raison de votre crédulité.

    Répondre

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