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Séniors systématiquement en dernière position des articles : une pratique fréquente, malsaine qui donne le mauvais exemple…

Points clés

Je rencontre beaucoup de chercheurs qui comprennent les critères pour attribuer la paternité des articles, essayent de les respecter. Ils ont plus de difficultés pour comprendre quel doit être l'ordre des auteurs, c'est normal car peu de recommandations abordent réellement cette question. Par contre, ils décrivent souvent l'ambiance des laboratoires/services où le chef de département, de service, de laboratoire, etc…  EXIGE d'être co-auteur de tous les articles…    Comme eux, je vois souvent des séniors imposer cette pratique, qui mène à la situation que ceux qui publient le plus sont parmi ceux qui travaillent le moins à la paillasse ou dans les services…

Cette pratique est pour moi très malsaine :

  • elle est contraire aux critères de paternité des articles de l'ICMJE (voir ci-dessous) ;
  • elle ne respecte pas les recommandations ICMJE pour les remerciements (page 3 de la version française qui sont : 'Les contributeurs qui ne remplissent pas les 4 critères susmentionnés définissant la qualité d’auteur ne doivent pas figurer parmi les auteurs, mais ils doivent être cités dans la rubrique des remerciements. Les exemples d’activités qui, à elles seules (en l’absence d’autres contributions), ne justifient pas la qualification d’auteur comprennent l’acquisition du financement, la supervision générale d’un groupe de recherche ou l’assistance administrative générale, ainsi que l’aide rédactionnelle, la mise au point technique, la révision linguistique et la relecture des épreuves' ;
  • il s'agit d'un mauvais exemple pour les jeunes chercheurs que l'on forme à l'intégrité scientifique (des formateurs sont chefs de service et sont auteurs de tous les articles du labo) ; ils seront tentés d'en faire de même quand ils seront chefs ;
  • cette pratique devrait conduire à des sanctions : dans le cas de fraude du Riken Institute (Kobe, Japon), parmi les co-auteurs accusés de ne pas avoir contrôlé les données sources, l'un (Sasaï) s'est suicidé !
  • cette pratique est pour moi un vol de données…    et conduit à ce que des auteurs publient plus de 72 articles par an (voir à Marseille…  devinez qui c'est….).

Il s'agit du domaine de la déontologie professionnelle et de l'intégrité scientifique : les référents intégrité fraîchement nommés en France devraient édicter des recommandations et intervenir de manière proactive ; ils vont me répondre qu'ils ne peuvent rien
faire… mais si car ils peuvent améliorer des ambiances délétères liées à cette pratique.. et je rencontre régulièrement des jeunes que l'on forme à l'intégrité me demander pourquoi ces pratiques existent : que répondriez-vous ?

J'ai évoqué cette situation le 22 janvier 2019 car le Conseil national de recherches du Canada a des recommandations pour éviter que des séniors abusent.

Je remercie Mme M Hadchouel qui m'a rappelé les Recommandations pour la signature des articles scientifiques dans le domaine des sciences de la vie et de la santé publiées en 2011 par Aviesan et qui disent : "L'acquisition des financements du projet, la mise à disposition de locaux, la direction de l'Unité de recherche ne justifient pas en elles-mêmes la qualité d'auteur." avant de préciser qui doit être dans les remerciements. En plus simple : le patron ne doit être auteur que s'il remplit les critères pour être auteur…   du boulot en perspectives car les mauvais exemples pullulent…..

Je remercie ceux qui ont commenté mon billet du 22 janvier : BP a évalué un dossier qui avait 198 publications en 5 ans, SB m'a signalé une inforgraphie des NIH sur ce sujet ; elle est bonne.

Je remercie ceux qui m'ont passé des messages qu'ils n'ont pas voulu écrire sur le blog : certains sont clairement en faveur d'ajouter les séniors sur les publications, car ils n'auraient plus d'articles à ajouter à leur CV !

N'oubliez pas les bonnes ressources du Cirad sur la question des auteurs.

PS : les critères ICMJE pour être auteur :

  1. Contributions substantielles à la conception ou aux méthodes de la recherche ou à l’acquisition, l’analyse ou l’interprétation des données ; ET
  2.  Rédaction préliminaire de l’article ou sa révision critique impliquant une contribution importante au contenu intellectuel ; ET
  3. Approbation finale de la version à publier ; ET
  4. Engagement à assumer l’imputabilité pour tous les aspects de la recherche en veillant à ce que les questions liées à l’exactitude ou l’intégrité de toute partie de l’œuvre soient examinées de manière appropriée et résolues.

PS : Merci à Mme F Weise qui m'a signalé une erreur que j'ai corrigée.

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6 commentaires

  • J’ai expertisé récemment un dossier. Nombre de publi sur les 5 dernières années = 198, une publication tous les 9 jours. Affligeant.

    Répondre
  • Le guide des NIH, « General Guidelines for Authorship Contributions », mérite d’être amplement diffusé, car il tient sur une seule page, il est clair, et il suit une logique distincte du guide de l’ICMJE (liste de questions, réponse binaire oui/non avec des zones grises). Cependant, l’ordre des auteurs n’est pas abordé.
    https://oir.nih.gov/sites/default/files/uploads/sourcebook/documents/ethical_conduct/guidelines-authorship_contributions.pdf

    Répondre
  • Bonjour
    Si je suis bien les critères cités, mon chef de service n’a respecté aucune des 4 conditions lors de la rédaction de ma thèse. Cependant, les données ont été extraites des dossiers des patients de son service.
    Ai-je le droit de publier un article issu de ma thèse sans le citer ?

    Répondre
  • Bravo, on sent l’expertise du ‘terrain’, ce sont des experts comme Hervé Maisonneuve dont on a besoin pour diriger l’évaluation de la recherche.

    Répondre
  • Cher Eric,
    merci pour ce commentaire, mais compte tenu de mon âge, mon expertise n’est plus bonne pour évaluer la recherche. Ce sont les experts de terrain, probablement avant 50 ans, qui sont les mieux placés..
    Je sais que ce sont des vieux qui siègent dans la plupart des comités !!! Normal, distribuer l’argent mérite que l’on exerce son pouvoir… plutôt que se fier à de bons experts sans enjeux.. voire à des citoyens !
    Est-ce que l’argent est distribué dans l’intérêt des chercheurs ou des citoyens ?
    Amicalement,
    HM

    Répondre

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