Nous avons déjà analysé des livres sur l’intégrité scientifique, que ce soit celui d’Oliver Leclerc, très documenté sur les textes légaux, ou un guide comme celui sur la recherche responsable.
Ce nouveau livre de 420 pages trouve très bien sa place, car il nous apporte l’aspect sociologique. Les auteurs, Michel Dubois et Catherine Guaspare, sont expérimentés et connaissent très bien le sujet. Peu d’équipes ont fait autant de recherches sur l’intégrité. Le livre est très documenté avec des exemples contemporains, et un sous-titre : Sociologie des bonnes pratiques. La table des matières est accessible sur le site du GEMASS (Groupe d’Etude des Méthodes de l’Analyse Sociologique de la Sorbonne).
Une approche sociologique de qualité
Je reprends une partie de la C4 du livre : En s’appuyant sur une enquête sociologique inédite, cet ouvrage apporte des clés de compréhension de ce que recouvre aujourd’hui l’intégrité scientifique et les enjeux qu’elle soulève : comment les bonnes pratiques sont adoptées, transmises, transformées… ou se heurtent aux réalités du travail scientifique. Dans un contexte où la production scientifique est soumise à des pressions multiples, où les théories pseudo-scientifiques circulent sur les réseaux sociaux, l’intégrité scientifique apparaît plus que jamais comme l’un des piliers de la confiance dans la science.
Toute l’histoire de l’intégrité mondiale (avec l’OSI puis l’ORI) et française est décrite sans oublis. Il y a toutes les bonnes références. Ce livre est pratique, et devait être la bible de tous les référents intégrité scientifique, et des chercheurs en général. Pensez à l’offrir pour Noël.
Des cas bien mis en valeur et de bonnes données d’enquêtes
Il y a plusieurs histoires de fraudes qui sont décortiquées. Je les connais bien et j’ai été heureux de voir qu’il n’y avait ni erreurs, ni fausses interprétations. La lecture du cas Voinnet permet de bien comprendre tous les enjeux entre institutions de pays différents. Le cas Michael LaCour est passionnant et bien décrit. Il y a beaucoup de cas qui ont fait l’histoire de l’intégrité en France et que peu de nos collègues connaissent, comme l’affaire Bernard Bihain.
La mise en valeur du PPPR est importante
Les auteurs connaissent bien le fonctionnement des réseaux sociaux, des alertes diverses et le rôle original de PubPeer. Ils ont beaucoup travaillé sur le Post-Publication Peer Review, une activité indispensable, notamment pour découvrir diverses manipulations dans les articles.
Tout y est : signatures d’articles, rétractations, les détectives (sleuths) et le collège invisible. Une culture positive de bonnes pratiques est présente, plutôt que de toujours stigmatiser sur les fraudes… qui sont rares. Par contre, pages 150 à 152, il y a la traduction de toutes les pratiques discutables en recherche décrites par Lex Bouter : il y en a 60 et cette liste n’est pas exhaustive.
Je remercie M Dubois qui m’a transmis ce livre et je suis heureux de voir qu’il dirige l’OFIS.
Un commentaire
Merci pour ce compte-rendu d’un ouvrage important à l’heure où la science ou les sciences sont attaquées de multiple façon