Ce petit livre est merveilleux : didactique et bien présenté avec des illustrations. Sur le fond aussi, il est bon car il reprend les points majeurs pour bien comprendre les principes et règles de la recherche responsable, terme plus constructif que l’intégrité scientifique logiquement placé en sous-titre.
Bonne description des pratiques discutables
Outre la fraude (Fabrication, falsification, plagiat), ce sont les pratiques discutables de recherche qui sont précisément décrites. Cette zone grise est présentée en 7 sections : 1) l’acquisition, le traitement, l’analyse des données ; 2) la présentation et l’interprétation des résultats ; 3) la rédaction et l’autorat des publications ; 4) le processus éditorial ; 5) la vie du collectif de recherche ; 6) l’indépendance du chercheur ; 7) l’expression publique du chercheur. C’est bien fait et je vais reprendre cette classification dans mes diapos (en citant la source).
Mon avis est « EXCELLENT », même si j’ai noté quelques points mineurs que ne verrons pas les lecteurs. Je ne vois pas pourquoi la date repère de 1992 (tableau 1) est mentionnée pour le facteur d’impact inventé à la fin des années 1960s par E Garfield. Dans les évènements marquants de l’édition scientifique (tableau 2), je regrette qu’il n’y ait ni les registered reports (RRs), ni les preprints, ni les revues de faible qualité, ni les plateformes alternatives de publication. Les RRs sont bien expliqués dans le livre. Les auteurs connaissent bien tout cela.
Tout y est et bien expliqué : Chartes, Ofis, COPE, DORA, Leiden, SOP4RIs, CoARA, etc. ainsi que les travaux récents de Mme Gopalakrishna et al en Hollande. Sauf erreur de ma part, je n’ai pas vu les principes de Hong Kong pour évaluer les chercheurs, ni la déclaration du Cap pour la diversité. J’espère me tromper. Tout y est, y compris l’erreur habituelle de parler d’éditeur au lieu de rédacteur (editor en anglais) ; l’éditeur en français est une maison d’édition (publisher en anglais) ; par contre au lieu de reviewer, le mot relecteur est justement utilisé (réviseur diraient nos amis canadiens).
Impunité générale des chercheurs
Nous sommes dans une période de découverte de la recherche responsable avec l’installation de référents intégrité scientifique, de référents déontologie, de médiateurs, de référents machin, etc. Nous aurons bientôt des référents pour contrôler les référents. Mais une chose nous manque dans notre pays : aucun chercheur ne risque réellement des sanctions… L’impunité est générale. Oui, je sais, il y a eu de rares sanctions de chercheurs obligés de télétravailler quelques semaines… En France, les fonds publics mal acquis ne sont pas remboursés… le minimum serait de rétrocéder les MERRI/SIGAPS acquis avec des articles rétractés… Rien n’est dit à ce propos.
Distribuez ce livre à vos collègues
Je propose de distribuer ce livre à vos collègues car les enquêtes montrent que la plupart des chercheurs sont intègres… mais ils pensent que leurs collègues ont des pratiques discutables de recherche. Proposez-leur de faire le quiz en fin de ce livre. Félicitons la libraire Quae pour ce livre, gratuit en format électronique, mais payez 12 € pour le format papier très agréable.
Les auteurs de ce livre ont des expériences variées ce qui confirme que l’intégrité n’a pas beaucoup de spécificités liées aux domaines de recherche. Les auteurs proviennent de : INRAE, Cirad, Ifremer, Universités (Bordeaux, PSL) avec une préface de la directrice de l’Office français d’intégrité scientifique.
BRAVO