Cet article revient sur une question toujours délicate : Qui sont, parmi les auteurs, ceux qui sont responsables si une méconduite est mise en évidence dans l'article ? Il a été publié dans PLOS ONE début mai 2019 avec le titre "Scientific misconduct and accountability in teams". Les deux auteurs sont du Luxembourg et de la Belgique.
La question de la responsabilité des auteurs des articles apporte des réponses floues quand plusieurs auteurs signent ! Les recommandations diffèrent entre ICMJE et CSE qui disent que les auteurs ne sont responsables que pour le travail auquel ils ont contribué, et COPE et ALLEA qui disent que tous les auteurs sont responsables de l’intégrité de tout le travail, sauf description précise. C’est la différence entre une responsabilité individuelle et une responsabilité commune. C’est particulièrement difficile à évaluer quand des investigations pour méconduite sont faites et analysent des publications. Le modèle du garant n’est pas très répandu, et les responsabilités de l’auteur correspondant pas toujours clairement décrites. Même quand des revues exigent de décrire les contributeurs, cela n’est pas toujours clair.
La figure 2 de l'article reprise dans l’image ci-contre montre les responsabilités en fonction de la position des auteurs : le premier auteur et l’auteur correspondant sont les vrais responsables en cas d’investigations de méconduite. Certains auteurs du milieu seront pénalisés par une rétractation d’un article alors qu’ils n’ont rien fait !
Voici le résumé traduit au mieux : "La complexité et la multidisciplinarité croissantes rendent la collaboration essentielle pour la science moderne. Cela soulève toutefois la question de savoir comment attribuer la responsabilité de l'inconduite scientifique aux grandes équipes d'auteurs. Les sociétés biomédicales et les associations scientifiques ont proposé diverses lignes directrices. Certains affirment que tous les auteurs sont conjointement responsables de l'intégrité de l'œuvre. D'autres stipulent que les auteurs ne sont responsables que de leur propre contribution. Par ailleurs, il existe des modèles de type garant qui attribuent la responsabilité à un seul auteur. Nous contribuons à ce débat en analysant les résultats de 80 enquêtes sur l'inconduite scientifique menées par l'Office of Research Integrity (ORI) des États-Unis sur des chercheurs biomédicaux. Nous montrons que la position des auteurs sur la liste des 184 publications impliquées dans des cas d'inconduite est en corrélation avec la responsabilité de l'inconduite. D'après une série de modèles de régression binaires, nous montrons que les premiers auteurs sont 38 % plus susceptibles d'être responsables d'inconduite scientifique que les auteurs dont le nom figure au milieu de la liste des auteurs (p<0,01). Les auteurs correspondants sont 14 % plus probables (p<0,05). Ces résultats suggèrent qu'un modèle de type garant où les premiers auteurs sont ex ante responsables de l'inconduite est très susceptible de ne pas manquer d'attraper l'auteur responsable, tout en n'affectant pas trop les autres auteurs."
2 commentaires
Cette analyse me parait inepte. Co-signer un article, quelle que soit la position, c’est en assumer totalement la responsabilité. Et plaider « qu’ils n’ont rien fait » est pire des accusations pour des signataires « du milieu ».
A mon avis, un simple collaborateur technique, incapable de juger la validité des résultats et des conclusions, ou qui n’a pas travaillé à les analyser en détail, ne devrait pas avoir le droit de signer.
Bonjour
votre commentaire est juste. En fait l’attribution de la paternité des articles dysfonctionne totalement.. impressionnant. De ce fait, chercher un responsable en cas de méconduite, de fraude devient complexe… personne ne semble être responsable…. En pratique, les auteurs sont les responsables, mais si les auteurs sont des auteurs cadeaux / honoraires, ils se défilent pour les responsabilités.
Cordialement